Après 42 ans de pouvoir,Le régime de Kaddafi s’effondre

Après 42 ans de pouvoir,Le régime de Kaddafi s’effondre
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Sept mois après le début de l’insurrection libyenne, voilà que le régime de Kaddafi tombe après 42 ans de pouvoir unique et sans partage.

Les forces rebelles ont marché et pris le contrôle hier de la quasi-totalité de la capitale libyenne. Une cible longtemps convoitée par la rébellion libyenne, venue couronner les combats acharnés qui ont eu lieu de part et d’autre du territoire libyen contre les forces loyalistes de Kaddafi. Toutefois, les rebelles n’ont toujours pas retrouvé la trace du colonel Kaddafi, alors que le Premier ministre libyen, Baghdadi Ali Al Mahmoudi, se trouvait à Djerba, en Tunisie.

En milieu d’après-midi, les rebelles ont affirmé contrôler 80 à 95% de la capitale libyenne sauf qu’ils n’ont aucune trace de Kaddafi. Les combats se sont poursuivis notamment autour du complexe présidentiel. Les rebelles libyens ont auparavant convergé en masse vers le centre de Tripoli. Ils se sont dirigés vers la place Verte, lieu symbolique où les partisans du régime avaient l’habitude de se rassembler et que les insurgés ont rebaptisé «place des Martyrs», en brandissant des armes. Par ailleurs, d’après Reuters, une brigade, emmenée par le fils du dirigeant libyen, Khamis Kaddafi, s’est dirigée vers le quartier général de son père. Cette unité est réputée être l’une des mieux entraînées de l’armée libyenne.

Pour leur part, deux des fils de Maâmar Kaddafi sont aux mains des rebelles. Saïf El-Islam a été arrêté dans la nuit, dans un village situé à l’ouest de Tripoli, alors que Mohamed, l’aîné, se serait aussi rendu dans la nuit. Le troisième fils de Kaddafi a été également capturé par les rebelles, selon la CNN. Il s’agit de Saadi Kadhafi. L’endroit de leur détention est tenu secret, ont affirmé les rebelles. Quant aux quatre autres fils du dirigeant libyen, le CNT libyen pense qu’ils se sont enfuis ou se terrent quelque part en Libye.

Le CNT affiche sa victoire et parle d’une feuille de route pour l’après-Kaddafi

Le président du Conseil national de transition (CNT), Mustafa Abdeljalil, a indiqué hier que la victoire sera réalisée «avec la capture de Maâmmar Kaddafi», souhaitant à ce propos que le numéro Un libyen soit capturé «vivant». En outre, durant sa conférence de presse donnée en début d’après-midi à Benghazi, Mustafa Abdeljalil ne manquera pas de remercier l’Otan pour cette victoire. Par ailleurs, le chef du Conseil national de transition (CNT) a évoqué sa possible démission pour protester contre les actes de vengeance perpétrés, selon lui, par certains combattants rebelles sur le terrain. A ce sujet il déclarera : «Je salue l’action des chefs des révolutionnaires, j’ai confiance en leur parole, mais certains actes de quelques-uns de leurs hommes m’inquiètent», mettant en garde néanmoins que cette question «pourrait être la raison ou la cause de ma démission».

En outre, au moment où les rebelles avançaient à marche forcée vers la résidence où se trouverait Maâmmar Kaddafi, à Tripoli, un représentant du Conseil national de transition (CNT) a annoncé hier que le siège de cet organe, qui a tenté d’unifier l’ensemble des mouvances rebelles, va être transféré dans la capitale libyenne. Une façon de s’approprier définitivement le fief de l’ancien pouvoir et de mettre fin à la guerre. De ce fait, et pour répondre aux demandes insistantes de la communauté internationale, la rébellion libyenne a défini une nouvelle feuille de route pour «l’après-Kaddafi» : une «déclaration constitutionnelle» qui prévoit de remettre le pouvoir à une assemblée élue dans un délai de huit mois maximum et l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Réunion de l’Union africaine sur la Libye

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) va tenir une réunion d’urgence cet après-midi consacrée à la situation en Libye, au lendemain d’une offensive majeure lancée par les rebelles dans la capitale Tripoli, a annoncé le porte-parole de la commission de l’UA Noureddine Mezni. A ce propos, il dira : «Le principal objectif est d’engager des discussions avec toutes les parties en Libye, engager un dialogue pour trouver des solutions pacifiques à cette situation». Ainsi, dans un communiqué l’UA rappellera que «seule une solution politique permettra de répondre complètement aux aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, la bonne gouvernance et l’Etat de droit, et de promouvoir une paix durable dans le pays». Le comité des médiateurs de l’UA pour la Libye, présidé par la Mauritanie, doit également se réunir ce jeudi pour discuter de la crise, à la veille d’une nouvelle réunion du Conseil de paix et de sécurité au niveau des chefs d’Etat.

La communauté internationale unanime

Les appels au départ de Kaddafi se multiplient depuis quelques heures, alors que la rébellion libyenne combat les forces pro-Kaddafi dans la capitale. Nicolas Sarkozy a appelé hier les forces armées encore fidèles au colonel Kaddafi «à se détourner sans délai de l’aveuglement criminel et cynique de leur chef, (…) en cessant immédiatement le feu, en déposant les armes et en se mettant à la disposition des autorités libyennes légitimes».

Ainsi, dans un communiqué, le président français, qui a estimé que «la fin de Kaddafi et de son régime est désormais inéluctable et proche», condamnera «avec la plus grande fermeté les appels irresponsables et désespérés du colonel Kaddafi à poursuivre coûte que coûte les combats». Par ailleurs, Nicolas Sarkozy précisera s’être entretenu par téléphone avec le Premier ministre du Conseil national de transition libyen (CNT), Mahmoud Jibril, l’assurant que Paris «continuera de se tenir aux côtés du CNT et de tous les Libyens pour achever la libération de leur pays de l’oppression et de la dictature et les aider à réaliser leurs aspirations à la liberté et à la dignité». En outre, le président français dira avoir invité Mahmoud Jibril à se rendre en France demain. Quant au Premier ministre britannique David Cameron, il a appelé hier le colonel Kaddafi à «arrêter le combat sans condition et montrer clairement qu’il renonce à contrôler la Libye». En outre, le Premier ministre britannique ne manquera de souligner que le régime de Kaddafi «s’effondre et bat en retraite». Et de lancer : «Nous pouvons être fiers de notre rôle mais il nous reste beaucoup à faire». Le gouvernement allemand, de son côté, a appelé hier le numéro un libyen à renoncer à son pouvoir, et dira s’attendre qu’«il y ait rapidement maintenant un changement pacifique et démocratique de gouvernement». Pour ce qui est de l’Italie, le Chef du gouvernement Silvio Berlusconi a appelé Maâmmar Kaddafi, son ancien allié, à se rendre pour «épargner à son peuple de nouvelles souffrances». Le porte-parole de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a demandé aux rebelles libyens d’agir avec responsabilité et de protéger les civils de Tripoli, déclarant : «Nous sommes en train de planifier l’après-Kaddafi (…) Nous avons travaillé sur plusieurs scénarios en ce qui concerne notre aide (à l’administration) post-Kaddafi». S’agissant de la Russie, elle a fait savoir qu’elle attendait un transfert «imminent» du pouvoir aux rebelles en Libye.

Quant à la Chine, qui jusque-là a apporté un soutien «indéfectible» au Guide libyen, a déclaré «respecter le choix du peuple libyen et espère un retour rapide de la stabilité en Libye». Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, lui aussi s’est déclaré «totalement solidaire» avec le gouvernement rebelle en Libye, appelant le CNT libyen à préserver l’intégrité régionale de la Libye ainsi que sa souveraineté et son indépendance. Pour le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, «les événements en cours en Libye sont une leçon pour les dirigeants de la région. Ils montrent que ceux qui n’écoutent pas leur peuple ne peuvent pas rester au pouvoir». Concernant les pays arabes, l’Egypte a reconnu hier l’entité politique des rebelles libyens, le CNT (Conseil national de transition), comme le gouvernement légitime de la Libye, a indiqué lundi le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohammed Amr.

Par Lynda N. Bourebrab

Medelci dénonce la violation de l’ambassade d’Algérie à Tripoli

L’ambassade d’Algérie à Tripoli a fait l’objet d’une «série de violations» de la part d’une bande d’individus durant la nuit de dimanche à lundi et qui a emporté plusieurs véhicules appartenant à la mission, a indiqué hier l’APS citant une déclaration du ministère des Affaires étrangères. Ainsi, le porte-parole du MAE a indiqué que le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a adressé une correspondance «urgente» au secrétaire général des Nations unies pour «attirer son attention sur les violations de l’enceinte diplomatique algérienne en lui demandant de faire prendre les mesures nécessaires par le système des Nations unies afin d’assurer la protection des diplomates et des locaux de la mission algérienne ainsi que ses biens, conformément aux règles du droit international». Le porte-parole a en outre souligné que la cellule de suivi du ministère est en contact «permanent» avec les représentants diplomatiques algériens à Tripoli pour s’assurer de leur sécurité ainsi que de celle des ressortissants algériens ayant choisi de rester en Libye.

L. N. B.