Après 29 mois de labeur, La révolution Halilhodzic

Après 29 mois de labeur, La révolution Halilhodzic

L’Algérie sera présente à la phase finale du Mondial- 2014, au Bré s il . Quat re années après avoir retrouvé le concer t de s grande s nat ions du football , en Afr ique du Sud, après 24 ans de t raversée de déser t, l’EN rejoint le wagon de s meilleures sélections qui animeront , l’été prochain (12 juin-13 juillet), la 20e phase finale.

Difficile mais méritée qualification, pour un groupe né au sortir d’une grosse désillusion en juin 2011, à Marrakech, face au Maroc (4-0). Ce soir là, le pays revivait les pires cauchemars vécus par le football national au lendemain de la consécration, en 1990 à Alger, à la 17e CAN.

Ziguinchor-92, Ouagadougou- 98, Bamako-2002 mais aussi la triste élimination de la Coupe du monde-1998, en France, face au Kenya, l’Algérie pensait, en cette maudite soirée du 4 juin 2011 à Marrakech, que la malédiction, repoussée grâce aux exploits de Sousse (CAN-2004) et d’Omdourman (barrages qualificatifs au Mondial-2010) s’était à nouveau réinstallée dans le camp des Verts.

L’épisode Abdelhak Benchikha brusquement terminé, la Fédération algérienne, qui était déjà à la recherche d’un successeur à Rabah Saâdane de «pointure internationale» au lendemain de la CAN-2010, en Angola, revenait à la charge. Son président, Mohamed Raouraoua, reprenait ses appels à candidatures pour le poste de sélectionneur mais également pour celui de DTN.

Pour le premier registre, des dizaines de candidatures seront adressées à la FAF comprenant des noms d’entraîneurs de renom (Lippi, Troussier et Zico entre autres) mais aussi certains profils de techniciens en quête de palmarès. Pour la DTN, la solution locale était inévitable même si la confirmation de Boualem Laroum tardait à voir le jour.

HALILHODZIC DÉBARQUE À ALGER

Les spéculations allaient bon train et les ballons-sondes balancés par les circuits traditionnels de la Fédération donnaient au dossier «recrutement d’un entraîneur pour les Verts» un cachet particulier. Comme s’il s’agissait d’un secret d’Etat.

La seule indication fournie officiellement par le premier responsable du football national apprenait à l’opinion publique que le prochain entraîneur de l’EN sera «une grosse pointure».

C’est finalement Vahid Halilhodzic, l’ancien responsable technique des Eléphants ivoiriens, qui sortira de la boîte de Pandore de Raouraoua, pratiquement cinq semaines après la gifle de Marrakech. Un choix qui a fait débat. Rares étaient ceux qui croyaient le Bosnien capable de relever le défi fixé par la Fédération.

A savoir qualifier les Verts à la CAN-2013 et, cerise sur le gâteau, à la phase finale du Mondial brésilien. Deux objectifsclés assignés à un technicien, sorti d’une expérience malheureuse avec la Fédération de Jacques Anouma, qui a opté pour un renouvellement foncier de l’effectif qui avait fait les dernières campagnes continentales, sous la coupe de Saâdane.

Des «restes» à propos desquels Halilhodzic affichait un ressentiment prononcé, pour la simple raison que ledit groupe n’avait plus faim, celle d’offrir de nouvelles joies au pays et à son peuple. Un discours qui a fait mal, tellement mal que plusieurs cadres de l’équipe, entraînée par Cheikh Saâdane renonçaient, au sortir du stage de Marcoussis (France), à remettre les pieds en sélection.

Matmour, Belhadj, Antar Yahia et d’autres encore choisissaient, certainement sous le coup de la colère, prendre du recul. Avec l’intime espoir d’attendre ce que pouvait en résulter de la «révolution Vahid». Au fil des jours, des semaines et des mois, 29 longs mois au juste, le pari est réussi. Malgré les souffrances et les sueurs froides.

Le chemin accompli depuis août 2011, date de la prise de contact Halilhodzicjoueurs à Marcoussis, fut sinueux, laborieux. La peur de mal faire, d’échouer, de rater des marches pour atteindre les sommets, de chavirer comme son prédécesseur, ont été des étapes de la vie d’un entraîneur têtu, revanchard mais travailleur.

C’est la seule chose qu’on ne peut reprocher à Vahid Halilhodzic : son sens du devoir, de bosser, piocher et de provoquer ceux qui n’adhèrent pas à sa façon de communiquer.

LE BRÉSIL AU PAS DE DANSE

Curieusement, avant la soirée magique de ce 19 novembre 2013, Halilhodzic semblait faire ses adieux et acquiescer, en définitive, à ceux qui ne voyaient pas en lui, le méritant sauveur des meubles.

Son passage devant la presse, le 8 novembre dernier à l’OCO, n’a pas laissé insensible l’auditoire, choqué par l’entrée en matière du Bosnien. «Vous ne m’avez pas manqué», a-t-il lancé à leur égard. Ce vendredi-là, le Bosnien a conclu son intervention par un pathétique : «Aujourd’hui, je serai gentil avec vous. Posez toutes les questions. Ce sera peut-être ma dernière conférence… », a-t-il lâché. Une « bombe» qui n’a pas fait réagir qui de droit.

La FAF et son président préféraient laisser le temps au temps. Même si, au détour d’une fortuite sortie médiatique en marge de la signature du contrat avec le groupe Benamor, Mohamed Raouraoua a défendu son sélectionneur à qui, certains, ont attribué des propos hostiles à la Fifa et la CAF.

Mardi, à Blida, interrogé au sujet de l’avenir du Bosnien, il renvoyait ses interrogateurs vers le sélectionneur luimême. Pas la peine d’aller se renseigner auprès de l’ancien buteur des Canaris. C’est son adjoint, Noureddine Korichi, qui en lèvera, en partie, le voile sur la question : «Il sera avec nous», a-t-il répondu.

Le contrat du Bosnien court jusqu’à juin 2014. Une prolongation devrait intervenir ces joursci. Avec de nouvelles conditions salariales et de nouveaux objectifs. Le Mondial du Brésil, c’est dans moins de sept mois, avec une seule halte préparatoire (mars 2014).

M. B.