Après 1 000 jours de récession, Le Portugal tente de sortir de sa léthargie

Après 1 000 jours de récession, Le Portugal tente de sortir de sa léthargie
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Les Portugais sont convaincus qu’il faut passer par ces coupes budgétaires si l’on veut voir le bout du tunnel. C’est une sorte de conviction personnelle transpartisane.



Les Portugais sont très croyants mais l’église Saint-Antoine n’attire plus de jeunes. Ces derniers préfèrent longer les rues piétonnes du quartier Alfama, au cœur de Lisbonne, à la recherche d’un bon restaurant avec fado. Le fado est cette musique populaire aux Portugal qui chante l’amour et les tracasseries de la vie quotidienne. Il nous rappelle le raï par sa popularité et les sujets évoqués : malvie, chômage, marginalisation et bien sûr l’amour.

La veille, il y avait les matchs aller, comptant pour les qualifications à la phase finale de la Coupe du monde. Sur l’avenue de la Liberté, une sorte de Champs-Élysées, les cafés étaient ouverts et les plasmas retransmettaient les matchs. Peu d’emblèmes aux fenêtres et pas de groupes en furie. Un seul a frappé sur la table quand Ronaldo a marqué. C’était mon compagnon de voyage. Il y avait, chez les Portugais, ce calme serein où la priorité était ailleurs : il faut sortir de la crise.

Un certain sens de marturité

Au Portugal, personne n’accuse personne et chacun se sent responsable de la situation. Les manifestations de rue contre les mesures d’austérité attirent de moins en moins de monde. Tous sont convaincus qu’il faut passer par ces coupes budgétaires si l’on veut voir le bout du tunnel. C’est une sorte de conviction personnelle transpartisane.

À titre d’exemple, à Porto, deuxième ville du pays et poumon économique, le maire élu n’est ni de droite ni de gauche. Il est issu de la société civile, avec près de 40% de voix. À la tête de l’association des commerçants de la municipalité, il a pour slogan “Pour une autre politique”. Qu’importe la coloration partisane, quand les affaires de la cité sont en réelle difficulté.

C’est le vice-Premier ministre, Paul Portas, issu d’un parti non majoritaire et considéré comme trublion au milieu d’un espace et de repères tracés par les partis de la gauche et de la droite, qui tarabuste cette léthargie. Plusieurs fois ministre, dont celui des Affaires étrangères, il a privilégié la mise en place d’une diplomatie économique qui s’adosserait sur la diplomatie classique, qui reste et il en convient, parmi les fondamentaux des relations entre pays.

D’abord, pour faire des affaires, le primordial est le réseau de communications et à l’aisance de se retrouver be to be, face à face. Combien d’Algériens savent qu’il y a un vol direct entre Alger et Lisbonne ? Peu.

Trois vols par semaine relient les deux pays. Un avion de 46 places, avec les commodités d’un gros-porteur, relie en moins de deux heures Alger et Lisbonne. Aussi, il n’y a que 400 Algériens recensés au service consulaire, la majorité s’est dispersée dans l’espace Schengen, à la recherche d’un hypothétique emploi.

“Il faut assumer”

À la différence des autres pays européens, le Portugal reste discret dans la situation où il se trouve et ne sait pas se vendre en se médiatisant comme la Grèce, l’Espagne, l’Irlande ou l’Italie. Pour M. Portas, vice-Premier ministre, la chose est claire et ne souffre d’aucune ambigüité. “Nous sommes responsables de ce qui nous arrive. On a dépensé plus que ce nous produisons. Maintenant, il faut payer.”

Les Portugais, conscients des enjeux, de la situation réelle du pays et du contexte européen, accusent le coup et ne rejettent pas la responsabilité sur les précédents dirigeants. Ce qui fait la fierté de ce peuple, c’est qu’il reste actif dans le domaine diplomatique et ses relations et prises de position dans les arènes internationales malgré la quasi faillite économique.

Notre ambassadeur au Portugal résume bien cette situation et cet état d’esprit par cette phrase : “Le Portugal ne se vend pas et pourtant ce n’est pas la Grèce.” L’anachronisme est là, à moins que ce soit de la maturité d’un pays, de 11 millions d’habitants qui vivent sur 89 000 km², qui a été à la conquête du nouveau monde dont le Brésil et à la colonisation du Vieux continent, dont l’Angola.

Ironie de l’histoire, c’est ce dernier qui vient à son secours en multipliant des IDE au même titre que les Brésiliens et les… Chinois qui y investissent pour bénéficier de la carte de résident pour leur famille et progéniture qui poursuivent des études dans l’espace Schengen.

Le Portugal, ce pays qui nous est mal connu, a beaucoup de similitudes avec l’Algérie. Qu’on se rappelle les années 1980, lorsque nos dirigeants s’étaient fixé comme objectif d’atteindre le niveau du Portuag à l’horizon 2000 ! On en est encore loin en cette fin 2013, malgré l’aisance financière qui nous aurait permis d’investir entre autres dans ce pays. Pour l’heure sauf Sonatrach est actionnaire dans EDP (Electricité du Portugal).

A. O