Appui déclaré de washington aux réformes ? Hillary Clinton ce samedi à Alger

Appui déclaré de washington aux réformes ? Hillary Clinton ce samedi à Alger

Contrairement à ce qui a été avancé par certains médias, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, effectuera une visite officielle, samedi prochain, a indiqué au Courrier D’Algérie une source diplomatique.

La visite de Hillary Clinton, qui répond à une invitation de son homologue algérien, Mourad Medelci, lors de la visite qu’il a effectuée à Washington, s’inscrit dans le cadre d’une tournée maghrébine de la secrétaire d’État américaine.

Elle a été maintenue, alors que des médias, proches du Quai d’Orsay, s’étaient empressés d’annoncer son report, en raison de la période électorale. Medelci avait annoncé que depuis quelques mois, Mme Clinton avait exprimé son intention de se rendre à Alger, répondant à une invitation adressée par l’Algérie, et «nous nous réjouissons de la recevoir», avait précisé Medelci, sur le perron de la Maison-Blanche.

Il se trouvait à Washington pour une visite de deux jours, durant laquelle il avait rencontré son homologue américaine et le secrétaire d’État adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman.

Déjà, le 3 mai 2011, Mourad Medelci, après un entretien avec elle à Washington, avait déclaré : «Le principe de la visite de Mme Clinton en Algérie a été arrêté, en 2010, et la date de sa visite sera fixée sur le plan diplomatique». Mais l’année 2011 s’est achevée sans voir la venue de Mme Clinton. Depuis son installation au département d’État américain, elle a pourtant visité le Maroc et la Tunisie.

L’Algérie s’est contentée d’accueillir plusieurs de ses adjoints, mais surtout des responsables militaires américains, venus, essentiellement, parler de lutte contre le terrorisme au Sahel. Mme Clinton qui sera longuement reçue par le président Bouteflika aura plusieurs entretiens avec son homologue algérien. En raison de la brièveté de son séjour, elle ne rencontrera pas les acteurs de la société, civils, ni des leaders de parti politique, en raison, aussi, de la proximité des élections législatives.

Mais de fait, la visite de la secrétaire d’État américaine, la première en Algérie, depuis celle de Condoleeza Rice, en septembre 2008, est un appui déclaré au processus de reformes lancé par le président Bouteflika et à la tenue de législatives qui se veulent claires et transparentes.

Dans une intervention remarquée, début novembre, Mme Clinton a affirmé que l’arrivée d’islamistes «modérés» aux affaires dans plusieurs pays arabes ne gênait pas la politique des États- Unis, dans la mesure où ils se montrent respectueux des droits de l’homme et des règles élémentaires de la démocratie et de l’alternance politique.

Comme les autres pays occidentaux, les États-Unis ont vu avec inquiétude les partis islamistes remporter les premières élections post-«Printemps arabe» en Égypte et en Tunisie. Pas plus que les autres, ils ne sont optimistes sur leur propre capacité à peser sur le processus politique.

Pragmatiques, ils ont décidé de faire avec, et de prendre le train en marche et de prendre langue avec des islamistes, auxquels ils attribuent de «modérés » . Alors que les États-Unis étaient perçus, jusqu’alors, comme les champions du statu quo et du soutien aux autocrates, ils sont désormais obligés de repenser leur relation avec les pays arabes.

L’ambassadeur des États-Unis en Algérie, Henri S. Ensher, qui ne se gêne pas pour interférer dans la politique intérieure de l’Algérie, à la limite du supportable, a affirmé dans un entretien, à un quotidien arabophone, avoir insister pour que les réformes adoptées par les autorités répondent aux aspirations des Algériens.

Il considère, également, qu’il est prématuré de porter un quelconque jugement positif ou négatif, avant de constater les résultats sur le terrain. «Je pense que les prochaines élections seront une station qui montrera sur le terrain l’efficacité des réformes engagées», a-t-il ajouté.

Le même diplomate a expliqué qu’il est presque impossible de prévoir les résultats des prochaines élections, tout comme il était impossible d’imaginer la nouvelle carte politique dressée par les élections au Maroc et à la Tunisie. Selon lui , le faible taux de participation aux législatives influera négativement sur le prochain gouvernement qui manquera de crédibilité. Enfin, dans le cas où les islamistes remporteraient les prochaines élections, les États-Unis ne changeront pas de position, selon Ensher.

«Nous n’avons aucun problème d’ordre idéologique ou religieux avec quiconque. Toutefois, ce qui est important, c’est qu’aucun parti n’utilise la violence ou la force pour arriver au pouvoir», a-t-il estimé. Ces déclarations, dignes d’un proconsul, n’ont suscité, à ce jour, aucune réaction officielle, si ce n’est les déclarations indignées de Louisa Hanoune.

Mokhtar Bendib