Le ministre, qui a été, hier, l’invité de la rédaction de la Chaîne III, a précisé que personne ne pourra se mettre à la place du peuple algérien pour dire sur quelle direction va se porter son choix.
Une allusion faite aux islamistes qui croient, dur comme fer, qu’ils vont réaliser un «bon score» dans les prochaines échéances d’autant plus qu’ils sont confortés par les changements qui s’opèrent actuellement dans le monde arabe
Le ministre, qui a été, hier, l’invité de la rédaction de la Chaîne III, a précisé que personne ne pourra se mettre à la place du peuple algérien pour dire sur quelle direction va se porter son choix.
Une allusion faite aux islamistes qui croient, dur comme fer, qu’ils vont réaliser un «bon score» dans les prochaines échéances d’autant plus qu’ils sont confortés par les changements qui s’opèrent, actuellement, dans le monde arabe. «Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué», a-t-il ajouté.
Pour lui, l’Algérie a ses spécificités et ses valeurs sociétales qui ne ressemblent pas à ces pays. Dans ce contexte, Daho Ould Kablia a indiqué, à propos de l’alliance des partis islamistes à laquelle ont appelé certaines formations politiques, à l’instar d’Ennahdha pour ne citer que celle-ci, que ces partis ont des idées tout à fait différentes car, poursuit-il, ceux-ci n’ont pas des ambitions doctrinales.
«Qui va se placer sous la tutelle de l’autre?», s’est-il interrogé. Par ailleurs, l’invité de la Chaîne III a qualifié le retrait du MSP (Mouvement de la société pour la paix) de «position tactique». Selon lui, le parti de Bouguerra Soltani veut se préparer, tactiquement, pour les prochaines élections, et cela, en s’engageant avec un esprit de compétition et en se libérant de toute tutelle. Lequel parti, dira-t-il, veut se préparer avec un programme différent susceptible de lui apporter plus de voix.
S’agissant des fondateurs de l’ex-parti dissous (le FIS) qui ont menacé de faire recours aux instances internationales pour dénoncer leur exclusion, Daho Ould Kablia a précisé que cette exclusion du jeu politique des ex-fondateurs du parti dissous n’est pas une nouveauté. «Il (le parti) a été dissous par voie judiciaire, en mars 1992, et ce n’est pas l’actuelle loi qui a tranché », a-t-il souligné.
Et d’expliquer davantage : «C’est l’ordonnance de 2006, portant application de la Charte de la Réconciliation, adoptée par référendum par la grosse majorité du peuple algérien, qui avait interdit l’activité politique aux commanditaires des mouvements violents contre les institutions et les attributs de l’État». Néanmoins, le ministre de l’Intérieur a précisé que les membres de ce parti, qui n’ont pas perdu leurs droits civique et social, peuvent adhérer aux autres formations politiques, mais il a, toutefois, souligné que ceux-ci ne peuvent pas figurer dans la liste des membres fondateurs.
AGRÉMENT DES PARTIS : «10 DEMANDES SONT CONSIDÉRÉES COMME ÉTANT SÉRIEUSES»
Pour ce qui est du point relatif aux agréments des partis, qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a, d’emblée, estimé que «le problème de l’agrément des partis ne se traite pas en quantité ou en nombre des partis, mais, plutôt, en qualité des dossiers ». Dans ce sens, Daho Ould Kablia a rappelé que tous les dossiers qui correspondent aux dispositions de la loi actuelle, bien qu’elle ne soit pas encore promulguée, seront acceptés «sans problèmes»
«La loi n’a pas été promulguée mais nous nous inspirons de son esprit», a-t-il dit. L’invité de la chaîne III a, en outre, révélé que parmi la vingtaine des partis qui ont soumis des dossiers, plus ou moins complets, il y a une «bonne dizaine de partis qui ont plus de chance par rapport aux autres, compte tenu du nombre d’adhérents qu’ils additionnent et qu’ils présentent en fonction du nombre de fondateurs».
Plus explicite, Daho Ould Kablia a indiqué que ces partis peuvent passer par la première étape, c’est-à-dire les autorisations qui vont leur être accordées pour tenir les assises de leurs conseils constitutifs. À ce propos, le ministre a précisé que les conseils constitutifs de ces partis ne pourront pas avoir lieu, avant la promulgation de la nouvelle loi, relative aux partis.
Selon lui, les partis ayant déjà fixé les dates de la tenue de leurs conseils constitutifs peuvent se retrouver obligés de les reporter. «Les partis ne peuvent pas tenir un conseil constitutif sans qu’ils soient autorisés», dira-t-il. Et d’ajouter : «Ce n’est pas une manière de retarder les congrès, mais, c’est une manière de se mettre en conformité avec la loi».
Toujours dans le même ordre d’idées, l’invité de la Chaîne III fera remarquer que des contacts avec le secrétariat général du gouvernement indiquent que la signature par le président de la République de cette loi, qui a fait la dernière lecture, est imminente. Au sujet des partis qui ont été gelés, depuis 12 ans, Daho Ould Kablia a démenti l’information selon laquelle «l’État agrée le parti qu’il veut et quand il veut».
Pour conforter ses dires, le ministre a expliqué que ce gel a été dû à la situation instable qu’a connue le pays sous l’emprise de l’état d’urgence. «La loi relative aux partis est destinée à l’exercice de toute liberté dans le strict respect de l’État de droit». Le ministre a, en effet, rassuré qu’il n’y a aucune raison pour faire la discrimination et empêcher les uns par rapport aux autres, sous prétexte qu’il va y avoir beaucoup de partis. Dans ce sens, Daho Ould Kablia a souligné que l’État est prêt à délivrer plus de 50 agréments, si les demandeurs remplissent les conditions nécessaires.
RÉFORMES POLITIQUES : «LES CHANGEMENTS SONT NOMBREUX ET INDISCUTABLES»
Selon le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, les changements fondamentaux découlant des réformes politiques sont nombreux et indiscutables. Daho Ould Kablia a indiqué que sur les 7 à 8 lois qui sont passées au Parlement, cinq ont été défendues par le ministère de l’Intérieur.
Dans ce sillage, l’invité de la chaîne III a indiqué que, sur le plan de la pratique politique, la loi organique relative au régime électoral, «outre le fait qu’elle soit précise et plus complète, elle ouvre le champ à la participation des électeurs dans les meilleures conditions de rigueur, de transparence et d’intégrité, permettant le choix libre et souverain des Algériens, quant à l’expression de la volonté politique». Toujours selon le ministre, les lois sur l’information, les associations et les partis «ouvrent le champ à l’application réelle des principes énoncés dans la Constitution, à savoir que les citoyens ont le droit de s’exprimer, de s’organiser en partis et en associations ».
En réponse à ceux qui ont déclaré que les réformes politiques menées par le président de la République ont été vidées de leur substance, Daho Ould Kablia a souligné qu’il y a deux genres de dispositions qui ont été discutées et modifiées, au niveau du Parlement.
Le premier est relatif, dira-t-il, à la suppression de deux articles de la loi sur le régime électoral, inhérents, respectivement, à la démission des ministres et le «nomadisme» ou le «tourisme» politique qui, d’après lui, ne sont pas des faits importants qui pourront avoir des impacts sur les élections.
S’agissant du deuxième genre de dispositions, ajoute Ould Kablia, celuici «émane» des partis extrémistes les plus radicaux, qui contestaient l’article 4 de la loi sur les partis qui interdit aux partis dissous de participer car ils voulaient s’attirer les faveurs de l’ex-parti dissous ou ceux également qui n’ont pas accepté, lors de l’adoption de la loi relative aux associations, le fait que la loi n’interdit pas, mais soumis à l’autorisation les contributions extérieures aux associations nationales.
Le ministre estime, également, que dans ce domaine, il n’y a pas que les contributions des pays occidentaux qui sont visés, mais, également, celles (les contributions) qui peuvent venir des pays arabes ou musulmans qui profitent à beaucoup d’associations de cette nature. C’est pourquoi, a-t-il argué, ces deux points n’ont pas été acceptés. Toujours dans le même contexte, Daho Ould Kablia estime qu’il n’y a absolument pas eu de modifications majeures sur les projets adoptés par le Conseil des ministres.
SURVEILLANCE DES ÉLECTIONS : DES SANCTIONS PÉNALES CONTRE LES FAUTEURS
Revenant sur le «syndrome» de la fraude que quelques leaders de certaines formations politiques ne cessent d’évoquer, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, a rassuré, encore une fois, que toutes les dispositions susceptibles d’assurer des élections transparentes ont été prises. Pour étayer ses propos, l’invité de la Chaîne III a fait savoir que des sanctions pénales, y compris la prison, seront prises à l’encontre de tous les fauteurs qui dérogent aux règles de la transparence.
Daho Ould Kablia a, d’autre part, rappelé que le régime électoral prévoit une quinzaine de mesures en terme de neutralité, dont l’encre indélébile et les urnes transparentes. Sur un autre registre, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a précisé que la date de la convocation du corps électoral, qui se fait 90 jours avant les élections, n’a pas encore été programmée car la date des élections législatives, qui auront lieu entre le 1er et 15 mai, n’a pas encore été officiellement fixée.
Soufiane Dadi