Application du nouveau système comptable et financier,Le système bancaire soumis à rude épreuve

Application du nouveau système comptable et financier,Le système bancaire soumis à rude épreuve

L’année financière 2010 sera marquée par une sorte de basculement «au forceps» vers les nouvelles normes comptables

La mise en application des nouvelles normes comptables et financières semble plus complexe que prévu pour la communauté bancaire. C’est ce qu’ont tenu à souligner bon nombre de responsables activant dans le secteur bancaire en Algérie. Les banquiers estiment que l’application de l’intégralité des nouvelles normes comptables et financières dans les bilans de 2011 «est impossible». «Il y aura certainement certaines règles sur lesquelles un ajournement de l’application s’impose», nous a-t-on expliqué. La sensibilité et la complexité du secteur bancaire rendent l’application du nouveau système comptable plus difficile que prévu.



Contacté par nos soins afin d’élucider cette problématique, le délégué général de l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF) a tenu à expliquer qu’il «ne s’agit pas d’un simple exercice d’enregistrement, mais d’un élément important de l’évaluation de notre portefeuille et de nos indicateurs économiques». Le porte-voix des banquiers, Abderrahmane Benkhalfa, a reconnu sur sa lancée que «le système est complexe et la transition est parfois douloureuse».

Mais au niveau de l’association des banques, «un travail considérable est mené afin de normaliser la comptabilité et la finance au niveau des banques», explique-t-il. En pratique, les agents du secteur bancaire et financier sont doublement affectés du fait du chevauchement des principes généraux (plan comptable national général), et la réglementation bancaire qui est spécifique, dictée par la loi sur la monnaie et le crédit. D’où la complexité de l’opération d’application des nouvelles normes comptables. Au plan technique, le nouveau système comptable et financier a introduit deux exigences nouvelles : «Il n’y a pas seulement le changement des comptes, mais surtout l’apparition d’un tableau de correspondance pour changer la numérotation et la certification des comptes.»

Dans le secteur bancaire, ce sont surtout les règles d’évaluation qui ont changé. «Dans les nouveaux concepts, il y a ce qu’on appelle la juste valeur. Il y a aussi des concepts relatifs à l’amortissement des immobilisations par composants», nous explique M. Benkhalfa. Ces nouvelles méthodes de calculs, voire de travail, dont certaines concernent également l’évaluation des actifs et des passifs, «exigent un travail conséquent». Au sein des banques, le travail est un peu plus complexe, notamment pour ce qui concerne le crédit et le portefeuille des créances ainsi que le leasing, s’accordent à dire les banquiers. Concernant le leasing, la difficulté liée à l’application des nouvelles normes est induite par l’avènement de nouvelles politiques de tarification.

Sollicité pour de plus amples explications, le délégué général de l’ABEF nous explique que la nouvelle réglementation s’appuie sur la dissociation du capital principal qui est à la base du leasing et la rémunération qui est faite au profit de la société de leasing. C’est-à-dire que c’est le système de facturation lui-même qui change. Cette situation a généré ainsi des chamboulements auxquels sont confrontées les PME et les banques en particulier. Face à cette situation, le Conseil national de comptabilité semble agir mollement, alors qu’il était appelé à jouer un rôle beaucoup plus dynamique qu’il ne le fait actuellement.

«Il est le premier organe normalisateur. En période de transition, il est censé être l’organe de pilotage de la locomotive en envoyant des éclairages et en assurant une jonction permanente entre les différents secteurs. Il doit veiller également à ce qu’il y ait une neutralité dans les traitements après le changement des normes comptables. Le CNC ne s’est pas encore complètement réveillé. L’éclairage permanent que doit assurer le CNC n’est pas encore garanti, ce qui fait que les charges sur les grands secteurs, à l’instar du secteur bancaire qui a une interface internationale, sont importantes», nous explique un expert, responsable au niveau du ministère des Finances, très au fait du processus de normalisation de la comptabilité, engagé par les pouvoirs publics.

L’année financière 2010 sera marquée par une sorte de basculement «au forceps» vers les nouvelles normes comptables, non seulement pour les opérations nouvelles, mais aussi un stock d’opérations qui existait déjà. D’où les difficultés auxquelles sont confrontés les agents du secteur bancaire et économique, à l’arrivée des nouvelles normes comptables et financières.

Ali Titouche