Apple a présenté mardi soir sa première montre connectée. Notre journaliste Didier Sanz l’a vue de près et livre ses premières impressions.
C’était le premier «One more thing» de Tim Cook, qui a ainsi pu s’inscrire dans la continuité de son illustre prédécesseur Steve Jobs, coutumier du fait. Et quel «One more thing»! Rien de moins que l’annonce de l’Apple Watch (et non l’iWatch), la montre intelligente que les observateurs prévoyaient depuis plusieurs mois mais qu’aucun n’aurait imaginé arriver aussi tôt. À Cupertino, la petite phrase de Tim Cook a fait l’effet d’une bombe. La salle a murmuré, vibré, tonné, puis littéralement explosé dès que les premières images de la montre sont apparues sur l’écran géant. La salle entière s’est levée, applaudissant à tout rompre, criant et sifflant pour accueillir le dernier né des produits «révolutionnaires» d’Apple. Débordement irrationnel ou hommage mérité?
Disons-le d’emblée: Apple aurait sans doute pu mieux faire, en terme de design, pour que sa montre intelligente devienne une référence aussi incontestable qu’avait été l’iPhone pour les téléphones intelligents. De fait, au premier coup d’œil, on reste un peu déçu par le manque d’originalité de l’Apple Watch. Un profil plutôt épais et un cadran tristement rectangulaire qui font inévitablement penser à la première Smartwatch de Sony ou à d’autres produits de cette catégorie. Pas d’écran arrondi ni incurvé, pas de technologie e-ink… Difficile de ne pas penser, surtout sur la version en alu brossé, au look du premier iPhone avec son dos bombé et ses contours arrondis. Apple a toutefois multiplié les versions, les choix de bracelet et les tailles d’écran, pour plaire à tous les goûts.
Pourtant, l’Apple Watch ne manque pas de qualités. Quand on la prend en main, on la sent beaucoup plus légère que ce qu’on pourrait penser de prime abord. Son dos épouse agréablement la forme du poignet. Et puis, il y a ces trouvailles typiques d’Apple comme la fermeture magnétique du bracelet en métal, ou la petite saignée en haut et en bas du cadran qui permettent de changer facilement de bracelet.
Et surtout, la molette rebaptisée «couronne numérique» par Apple qui sert à piloter l’interface. Malin. Et tellement évident. Accessoire emblématique, le remontoir reste le meilleur moyen pour Apple de renouer avec l’histoire de l’horlogerie, estime Jonathan Ive, le designer de la marque. On touche l’écran pour déplacer des objets ou changer de page, mais on utilise la molette pour faire défiler des listes et pour zoomer avec précision sur une photo ou sur une carte géographique. Avec ses revêtements haut de gamme, son choix de bracelet sport ou habillé, et son tarif (autour de 350 euros) l’Apple Watch vise en priorité un public d’amateurs branchés et plutôt aisé.
Dommage, nous n’avons pas pu tester l’interface de l’Apple Watch, les seuls modèles présentés à Cupertino étant bloqués en mode démonstration. Mais le peu que nous en avons vu semble prometteur, ce que nous vérifierons lors d’un test à venir. Les messages graphiques, par exemple, permettent de s’envoyer des dessins éphémères entre deux possesseurs de montres, et inaugurent un mode de communication. L’Apple Watch sera mise en vente au début de l’année prochaine.