La révélation a été faite par la presse américaine et britannique, après des fuites au sujet d’u programme secret appelé « Prism », à travers lequel, les services de sécurité américains ont accès au contenu des réseaux sociaux à travers le monde, l’Afrique du Nord y compris.
On pensait que les critiques faites aux réseaux sociaux étaient infondées et que des lois existaient pour protéger les données personnelles et la vie privée. Mais encore une fois, les preuves se font insistantes pour démentir cette fausse croyance.
Conséquence du 11 Septembre et Patriot Act signé par l’ancien président américain George W. Bush, les agences de sécurité américaine auraient accès aux serveurs de Google, Facebook, Microsoft, Yahoo! et d’autres géants d’Internet.
Dans son édition d’hier, le Guardian affirme que l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) et le FBI ont ainsi accès aux serveurs de neuf géants américains de l’Internet, dont Microsoft, Yahoo !, Google et Facebook, pour y surveiller les activités d’étrangers.
Le scandale Verizon, qui a éclaté après les révélations du Guardian sur la saisie automatique des centaines de millions de données téléphoniques de citoyens américains, pourrait bien être que le début d’une série de révélations sur les pratiques d’espionnage des communications opérées dans le plus grand secret par les autorités américaines.
De son côté, le Washington Post vient de publier des documents sur un programme secret portant sur un partenariat entre l’agence d’espionnage NSA et les sociétés Internet.
Ce programme porte le nom de code de « Prism » et existe depuis 2007 en place depuis 2007 et permet à la NSA de se connecter aux serveurs des entreprises. Selon le Monde, cette pratique a lieu « via un portail pour consulter des informations sur des utilisateurs dont il existerait des éléments permettant de penser raisonnablement qu’ils sont à l’étranger », le tout sans ordonnance de justice.
« La loi américaine protège ses citoyens d’une surveillance faite sans ordonnance, mais les personnes hors du territoire ne bénéficient pas de cette protection et peuvent être espionnées en toute légalité », explique de son côté le Washington Post.
Selon le journal, « les analystes qui utilisent le système sur un portail Internet à Fort Meade, doivent entrer des sélecteurs, ou motsclés de recherche, de façon à ce que la probabilité que la cible soit étrangère dépasse 51 % ».
Skype, AOL, Youtube, Apple et Paltalk participeraient également au système, et la plateforme d’hébergement de fichiers Dropbox devrait être ajoutée prochainement. Selon le Guardian, la NSA p e u t consulter « les mails, les chats vidéo et audio, les vidéos, les photos, les chats comme Skype, les transferts de fichiers, les détails des réseaux sociaux », bref tout !
Le Guardian ajoute « les communications par Skype peuvent être espionnées en direct, constituant l’un des accès les plus riches (…) pour la NSA qui a déjà établi pas moins de 77 000 rapports de renseignements grâce à Skype.» Dans un communiqué adressé aux deux quotidiens, Google a démenti l’existence de liens directs entre ses serveurs et les services de renseignement américains.
« Nous ne divulguons de données à l’Etat fédéral qu’en accord avec la loi, et nous examinons ces demandes avec attention. Des personnes affirment que nous avons créé une porte d’entrée cachée pour l’Etat dans nos systèmes, mais Google n’a pas de porte d’entrée cachée pour que l’Etat accède à des données privées d’utilisateurs ».
Facebook et Apple ont réagi de même et déclaré ne collaborer avec les autorités que sous injonction de la justice seulement. Mais comme pour ne rien infirmer, la Maison Blanche a démenti espionner « les citoyens américains ou les personnes vivant aux Etats- Unis ». La Maison Blanche a, cela dit, assuré que ce programme, dont elle n’a pas confirmé l’existence, était indispensable à la lutte antiterroriste.
Hier également, face à l’ampleur du scandale qui a fait le buzz sur Internet, des parlementaires ont confirmé que « le programme existait sous cette forme systématique depuis 2007, mais ne concernait que les métadonnées telles que le numéro appelé et la durée d’appel, et non le contenu des conversations ». Ce n’est pas la première fois que des fuites éclatent autour de ce programme d’espionnage des données sur Internet par des agences de sécurité américaines.
En 2006, le quotidien USA Today avait révélé que la NSA récoltait dans le secret le plus t o t a l les communications d’Américains vers l’étranger auprès des grands opérateurs. Des révélations qui avaient obligé les autorités à décréter le transfert de ce programme sous l’autorité d’une cour secrète de 11 juges chargés d’approuver toute écoute. Mais le programme a été tout de même maintenu.
Mercredi, suite à de précédentes fuites publiées par le Guardian, on apprend aussi que l’opérateur américain Verizon laissait la NSA accéder aux données relatives aux appels passés par ses clients.
Et jeudi, d’autres documents ont montré que les deux autres grands opérateurs mobiles américains, AT&T et Sprint, étaient soumis à la même requête sous la contrainte du Patriot Act, le texte de loi américain qui dote les Etats-Unis d’un arsenal d’outils et de mesures de surveillance censés permettre de lutter contre le terrorisme.
Mais il semble que cette collusion entre géants d’Internet et agences de sécurité américaines n’est pas seulement dictée par le Patriot Act et les considérations de sécurité.
Les autorités américaines s’engagent aussi à contribuer à lutter contre la contrefaçon et la cybercriminalité qui nuit aux intérêts économiques de ces multinationales à travers le monde, dans le cadre de ce qui est finalement une collusion d’intérêts où la sécurité et le profit font alliance au détriment de la sécurité des autres Etats et de la vie privée des gens partout dans le monde.
N. B.