Appels anonymes à des marches ce vendredi : Entre tentation du pire et conscience populaire

Appels anonymes à des marches ce vendredi : Entre tentation du pire  et conscience populaire

Adlène Badis

Des appels à la marche pour ce vendredi 22 février enflamment depuis quelques jours les réseaux sociaux et laissent interrogateurs sur les origines de ces exhortations et l’identité des inspirateurs.

Après Bordj Bou-Arréridj, Kherrata et Khenchela, considérées par certains observateurs comme des «alertes » et par d’autres comme des faits isolés, les appels anonymes à des marches ce vendredi 22 février inquiètent.

En ces instants pré-électoraux où la tension ne fait que monter, ce qui est normal à moins de deux mois du scrutin présidentiel, les quelques mouvements de foule observés çà et là sont loin de représenter une déferlante. Les appels à sortir dans la rue pour exprimer ses positions sans un encadrement partisan n’est pas sans risque. Certains partis de l’opposition expriment des inquiétudes concernant ces appels à l’image du Parti des travailleurs. Ramdane Tazibt, député et cadre du parti estime sur le site électronique Actufil que « ce sont des appels anonymes qui ont été lancés pour le 22 février. Et là, il y a un problème car celui qui veut manifester n’a pas à cacher son identité.

Le citoyen a le droit de savoir quelles sont les revendications », note Tazibt. « L’élection se déroule dans un moment de tensions. Il y a de gros risques sur l’intégrité et l’avenir de notre pays». Le député du PT appelle à la vigilance. Pour lui la «sécurité nationale et l’intégrité de notre pays» sont des «lignes rouges». Ces positions de prudence face à des exhortations non identifiées foisonnant sur internet, dans une conjoncture sensible, font l’unanimité chez les partis politiques.

Quant au mouvement Mouwatana, il prévoit une journée de mobilisation pour le 24 février. Une décision prise avant l’appel à la marche du 22 février, dira son président Djilali Sofiane qui semble favorable à une action de la rue pour tenter de protester contre la candidature de Bouteflika. « Il n’y a pas de doute que seule la rue est en mesure de faire un changement », estime-t-il. La récupération de la protestation de la rue ne semble pas inquiéter outre mesure le président de Jil Djadid. Ce dernier semble désormais parier sur les mouvements de rue pour tenter de changer les choses.

Les réseaux sociaux, un vecteur puissant

Le risque de dérapage reste pourtant improbable, les Algériens dans leur écrasante majorité restent attentifs à la stabilité chèrement acquise depuis les affres du terrorisme dans les années 90. Il faut rappeler qu’en 2014, des marches pour le boycott de l’élection présidentielle ont été bien organisées. Sans qu’il y ait dérapage. Cinq années après, les pouvoirs publics restent attentifs à l’effervescence des réseaux sociaux devenus un vecteur puissant de communication. Les signes d’un risque de glissement ne sont pas visibles dans la rue.Les pouvoirs publics appelés à organiser le scrutin du 18 avril dans les meilleures conditions semblent ne pas ignorer ces pics de colère visibles tournant en boucle sur le net. «Nous acceptons les opinions différentes.

Chacun peut exprimer son opinion, mais de manière pacifique. Il n’y a aucun problème. Il n’est pas nécessaire de marcher», avait déclaré mardi le ministre de l’Intérieur Nourredine Bedoui. Avant d’ajouter «qu’il faut qu’un jour nous puissions arriver à discuter entre nous». «Attention, nous sommes dans notre Etat, ancrés dans notre Algérie, nous construisons notre force sur celle de nos institutions », a-t-il encore indiqué. Bedoui dénonce des « tentatives de semer le doute » au sein de l’opinion algérienne et de vouloir «gâcher» l’élection présidentielle. Le directeur de campagne du candidat-président Bouteflika Abdelmalek Sellal, avait quant à lui appelé au «dialogue». Il est aujourd’hui notable que la campagne pour la présidentielle se déroulera aussi sur le net.

Le rôle que prennent les réseaux sociaux comme vecteur puissant de communication n’est plus à démontrer. Les appels à sortir dans la rue pour protester dont l’origine n’est pas identifiée sont déjà frappés de suspicion.

Les Algériens, dont l’écrasante majorité est branchée, restent dubitatifs face à la blogosphère, conscients des risques de ce type de manifestations non encadrées par des partis ou des syndicats.