Les participants à un colloque sur l’œuvre de Matoub Lounes, abrité par l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, ont appelé jeudi à traduire les œuvres poétiques du Rebelle, écrites en Tamazight, afin de les révéler au grand public.
La traduction des textes offrira à ceux qui ne parlent pas Tamazight de comprendre les idées portées par sa poésie et de saisir son militantisme pour la démocratie et les droits de l’Homme ainsi que son amour de la patrie, a expliqué l’enseignante au département de traduction et interprétariat de l’Université d’Alger, Lamia Khellil, à travers une communication intitulée « La traduction pour révéler Lounes Matoub », présentée au deuxième et dernier jour de cette rencontre scientifique.
Se référant à des sous-titrages en arabe de chansons de l’enfant de Taourit Moussa (Beni Douala), elle a relevé que grâce à la traduction « ceux qui ne comprenaient pas ses textes se sont rendus compte que Matoub n’a pas chanté que la Kabylie, mais il a chanté les déceptions et les espoirs de toute la société algérienne ».
De son coté, l’enseignant au département de langue et culture amazigh de l’Université de Tizi-Ouzou, Kaci Saadi, a démontré, au cours d’une conférence sous le thème « Faut-t-il réadapter la poésie de Matoub Lounes », à travers deux exemples de traduction d’un poème du Rebelle, toute la difficulté à traduire fidèlement l’idée véhiculée par les œuvres de Matoub, qui sont très imagées et profondes, et à rapporter fidèlement le sens des citations qu’elles contiennent tout en restant dans la construction d’un poème destiné à être chanté.
Relevant que la traduction est une lecture/relecture pérenne d’une œuvre qu’on ne peut définir en une seule traduction, le chercheur a souligné que « l’œuvre de Matoub Lounes mérite une réadaptation et une retraduction littérale mot-à-mot de l’originelle pour les thèmes d’analyse stylistique, linguistique, psychanalytique, anthropologique et autre, et une deuxième traduction littéraire inspirée des sens de sa poésie ».