Sa mise en circulation officielle est à peine annoncée par la Banque d’Algérie que la coupure de 2 000 dinars suscite déjà des appréhensions chez les commerçants et les transporteurs.
Ainsi, des gérants de cafés, des receveurs de bus et des chauffeurs de taxis commencent à s’inquiéter du jour où des clients leur présenteront des billets de 2 000 DA et qu’ils seront dans l’incapacité de faire l’appoint. «Déjà qu’avec le billet de 1 000 dinars il nous arrive d’avoir tout le mal du monde à rendre la monnaie aux clients, notamment aux premières heures de la journée. Alors, avec des coupures de 2 000 DA, je ne vois vraiment pas comment
faire ?» s’interroge un receveur de bus exploitant la ligne Aïn-Naâdja-Place de 1er-Mai. En fait, même si dans les pratiques commerciales il est à la charge du client de faire l’appoint avant de consommer une marchandise ou un service, il est d’usage que le commerçant se trouve dans une situation désagréable surtout lorsqu’il s’agit d’un transport public. Par contre, il est vrai que cette attitude n‘est pas partagée par tout le monde puisque certains estiment que cela relève de l’organisation du commerçant dans sa boutique. «Pour moi, ce n’est pas un problème», dit un caissier au niveau d’une pizzeria-fast-food. «Il suffit de préparer en quantité la monnaie avec laquelle on travaille le lendemain, comme on ferait pour la marchandise», a-t-il expliqué. Quoi qu’il en soit, il est attendu à travers ce nouveau billet «salvateur» que la crise de la liquidité qui sévit depuis plus d’une année s’estompe. Car les citoyens ont longtemps souffert du manque de billets de banques dans les guichets au moment où les services d’Algérie Poste et la Banque d’Algérie se renvoyaient la balle pour désigner le responsable de cette situation problématique.
Autre avantage que mettent en avant les responsables de la BA lors de la présentation à la presse de la nouvelle coupure est que le billet de 2 000 dinars est difficile à trafiquer. Doté des dernières technologies en matière de sécurisation, le billet de 2 000 dinars émis par la BA est censé être pratiquement infalsifiable. Mais de l’avis et de l’expérience des spécialistes, aucune monnaie n’est infalsifiable et ce, quelles que soient les dispositions liées à la lutte contre le faux monnayage. Ainsi, et en attendant son arrivée effective sur le marché financier à partir de demain, les grossistes émettent aussi leurs avis. Il y a ceux qui sont favorables à ce nouveau-né de la BA et ceux qui sont contre. Pour les premiers, il leur évitera de transporter de grandes quantités d’argent en passant ainsi plus discrètement pour éviter les agressions. Pour la seconde frange, cela ne fera qu’accentuer l’appétit des contrefacteurs.
Par Hafid Mesbah