Les appels à manifester relayés par Facebook et propagés de bouche à oreille depuis plusieurs jours, ont fini par faire de l’effet sur les Algériens. Un effet auquel les initiateurs de cet appel, «des parties étrangères» selon le ministre de l’Intérieur, ne s’attendaient pas. En fait, radio trottoir a réagi tantôt avec beaucoup de méfiance, tantôt en exprimant ouvertement une peur de ce qui pourrait se produire. Les Algériens, a-t-on constaté, n’ont pas adhéré à cette campagne et ont ouvertement rejeté une révolution qu’on leur recommandait sur Internet. Mais ce qui a fini par semer la panique parmi les citoyens étaient les SMS envoyés, avant-hier, et qui ont fait croire aux citoyens l’imminence du danger. Ces messages mettent en garde et tentent de déjouer le complot ourdi «par les ennemis de l’Algérie», tout en se référant à des faits historiques, qui se sont produits à cette même date du 17 septembre. «La date du 17 septembre n’est pas un hasard pour les ennemis de l’Algérie et du monde arabe…17 septembre 1982 Israël massacre 5 000 Palestiniens à Sabra et Chatila» peut-on, notamment lire sur des SMS envoyés par centaines de milliers. Ainsi, ces dernières 48 heures, voire depuis près d’une semaine, l’on ne cessait de s’interroger sur ce qui va se passer samedi prochain, (aujourd’hui, Ndlr). Les plus avertis croyaient dur comme fer, qu’il ne s’agissait que d’une «blague, présentée sous forme de tentative de déstabilisation du pays, lancée par des parties occultes, dont les chances d’aboutissement sont nulles». Notre interlocuteur est un cadre dans une société privée, rencontré, par hasard, dans un café maure de la capitale. «Les Algériens n’ont besoin ni de l’OTAN ni de la France ou de l’Angleterre pour faire leur révolution. Ce qui fait peur chez nous ce sont plutôt les coups de colère sur le logement, les décentes punitives contre les bars de la Madrague; quant aux appels sur Facebook, c’est du virtuel…», estime-t-il. Contrairement à ce cadre, d’autres citoyens ne cachaient pas leur méfiance, voire leur panique. «J’ai demandé à ma petite-fille de ne pas aller travailler samedi», indique un homme d’un certain âge.
«Mes parents m’ont contacté spécialement pour me demander de faire attention ce samedi», raconte un jeune citoyen originaire de la wilaya de Tizi Ouzou. «Des émigrés avaient appelé de France pour s’enquérir de la situation qui prévaut au bled», ajoute, de son côté, un autre habitant. Ainsi, si les initiateurs de ces appels, amplifiés et surmédiatisés, ont réussi à faire peur aux gens et créer un climat de crainte et d’incertitude, il est toutefois à préciser que le rejet de cette «campagne» était général. Par ailleurs, le mystère était entier quant à l’origine de ces appels. Le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia a affirmé sur ce point : «si c’était des gens de l’intérieur, nous les aurions démasqués et arrêtés, mais les indices nous orientent vers des parties étrangères en relation avec l’entité sioniste». Il n’a néanmoins cité aucun nom. Le ministre a révélé qu’une enquête menée par les autorités a démontré qu’«il y a réticence générale quant à ces appels malveillants». «Ces appels ne trouvent aucun écho et il n’y aura ni manifestations ni troubles à cette date» a-t-il rassuré.
Aomar Fekrache
