L’appel des ex-leaders du FIS dissous à l’abstention est déjà qualifié dans la mouvance islamiste de véritable camouflet et d’un rejet total des invites de l’alliance verte guidée par Aboudjerra Soltani du MSP, des promesses de Djaballah et des sollicitations de Menasra.
Les trois clans actuels de l’islamisme politique algérien viennent de subir un échec cuisant dans leurs tentatives désépérées de rallier l’électorat FIS et de le reverser dans l’activisme militant et politique. Un aveu d’impuissance qui met à nu les profonds clivages qui caractérisent cette mouvance, divisée non seulement sur le plan idéologique et théologique, mais aussi sur l’analyse politique et les futurs enjeux.
Selon des sources de cette mouvance, Abassi Madani aurait émis des conditions draconiennes aux médiateurs islamistes, envoyés à Doha ces dernières semaines, afin de convaincre les salafistes et les autres courants proches de son ex-parti de participer aux élections, à travers la présentation de candidats et d’anciens cadres et responsables organiques.
Ces conditions étaient considérées pratiquement comme impossibles à concrétiser, pour des raisons juridiques, voire impensables pour des considérations politiques. Les tractations secrètes et l’envoi d’émissaires, même étrangers, n’ont pas réussi à arracher à l’ancien président du FIS un minimum de compréhension pour revoir à la baisse ses prétentions.
Les sources indiquent qu’Abassi a gardé le même discours radicaliste et maintenu sa traditionnelle vision politique des années 90, en dépit des changements opérés au sein du pouvoir depuis une décennie et l’émergence de nouveaux enjeux politiques et stratégiques en Algérie et dans la région maghrébine.
Les mêmes sources estiment que cet appel au boycott des élections du 10 mai prochain est une décision prise à la hâte et avec précipitation, d’autant qu’Abassi Madani et les anciens dirigeants du FIS dissous subissaient de grandes pressions internes de sa mouvance pour rallier les appels aux alliances et à la participation aux élections. Ainsi, l’appel lancé un mois avant le début de la campagne électorale est qualifié comme une réponse sèche aux médiateurs et autres négociateurs islamistes, qui faisaient des va et vient entre Alger et la Péninsule arabique.
De plus, cet appel est également une fin de non-recevoir aux efforts des autres ex- dirigeants du même FIS, comme le cheikh Sahnouni, qui cherchait depuis décembre dernier à se positionner sur le futur échiquier, sollicitant allégeance politique et ralliements organiques, clamant partout qu’il est capable de rédiger un appel au soutien à telle ou telle liste islamiste.
Cependant, les observateurs avertis estiment que cette décision politique de l’ex-FIS, en plus d’être considérée comme la dernière disqualification politique de l’ex-parti, ne risque pas d’avoir un impact réel sur la cartographie futur de l’Assemblée populaire nationale. Son électorat n’est plus imposant comme par le passé.
Certains chercheurs le situe dans une fourchette de 150 à 300 militants, un chiffre qui ne paraît pas suffisant pour peser dans la victoire d’un parti islamiste ou pour augmenter de manière significative le taux de participation aux législatives. Ces dernières ont toujours été boudées par plus de 75% des Algériens. Un comportement qui risque de se répéter au mois de mai prochain, sans même avoir lu ni entendu une phrase du dernier bayane d’Abassi Madani et d’Ali Belhadj.
H. Rabah