Appel anonyme à la révolte pour le 17 septembre: Alger ne répond pas

Appel anonyme à la révolte pour le 17 septembre: Alger ne répond pas
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Alger, samedi matin, deuxième jour du week-end, était une ville morte. C’est de coutume, les Algérois ne sortent pas de chez eux très tôt, préférant faire la grasse matinée pour les uns et des tâches ménagères pour les autres.

En sillonnant les quartiers et artères de la capitale en cette matinée de samedi 17 septembre à l’affut du moindre mouvement de contestation, aucun signe d’une journée agitée n’est perceptible dans les rues d’Alger.

Ils étaient vides et la circulation était fluide. De Baraki, banlieue est d’Alger, à Aïn Benian à l’oust de la capitale, même pas une heure de route, alors qu’auparavant d’interminables bouchons se formaient sur cet axe routier rendant la circulation automobile quasi impossible.

Alger qui s’est vidée en cette matinée, d’hier, ce n’était pas par crainte d’émeutes, mais parce que c’est un jour férié. Par groupes, les jeunes de quartiers s’a donnaient aux matchs de football, aux parties de dominos, et autres loisirs, question de «tuer le temps», comme on aime bien le dire chez nous. À Bab El- Ould, classé parmi les quartiers sensibles d’Alger, tout est calme.

Les gens vaquaient à leurs occupations, ignorant totalement «l’appel aux manifestations pour le 17 septembre» lancé sur le réseau social de facebook. Bab El- Oued du moins de septembre n’est pas celle du mois de janvier qui a connu de violentes émeutes opposant les jeunes de quartier aux éléments des forces antiémeute durant plusieurs jours.

L’appel à la révolte d’hier était sans aucun écho. Il ressemble beaucoup plus à une plaisanterie qu’à autre chose. De Baraki à Aïn Benian en passant par la place de 1er-Mai, la Grande poste, la place des Martyrs et Bab El- Oued, l’atmosphère était la même. Samedi 17 septembre ressemblait au samedi 10 septembre. Parmi les jeunes interrogés sur cet appel à la révolte, nombreux étaient ceux qui l’ignoraient.

La place de 1er-Mai, rebaptisée «place de la Concorde civile», place des Martyrs et la Grande poste, points de chute des manifestants, n’étaient pas bouclées par les forces de sécurités contrairement à ce qui se faisait auparavant, a l’appel des partis politiques de l’opposition (les tentatives de marche de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie – Cncd), des syndicats autonomes, des étudiants et d’autres organisations de la société civile.

Même les pouvoirs publics n’ont pas prévu un plan de sécurité spécial pour la date du 17 septembre. L’appel à la révolte était ignoré autant par la population que par les pouvoirs publics qui n’ont pas jugé utile de mobiliser un dispositif sécuritaire pour la journée d’hier.

Des citoyens sont allés jusqu’à accuser certains titres de la presse nationale d’amplifier «cet évènement». «Moi, j’ai pris connaissance de cet appel à la révolte à travers la presse», témoigne le propriétaire d’un café situé en face à la Grande poste, ironisant qu’un «derby de football algérois opposant le MCA à l’USMA ou bien le CRB au NAHD présente plus de risques que cet appel aux manifestations.

D’autres personnes se sont interrogées sur l’origine de cet appel et estiment que «les gens ne sont pas dupes pour répondre à un appel anonyme». Des commerçants se trouvant sur les artères principales d’Alger ont ouvert leurs portes, préférant parler des affaires et/ou du football que des manifestations. Auparavant, ces commerçants baissaient rideaux par crainte de débordement.

Trop de bruit pour rien, a commenté l’un d’entre eux sur les articles de presse qui se sont étalés sur le sujet. Il a estimé qu’il n’y a pas de similitudes entre l’Algérie et les pays arabes ayant connu des révoltes.

L’appel à la révolte de 17 septembre ressemble à celui des «facebookistes » d’organiser une marche le mois de mars écoulé à la Grande poste. Un appel auquel personne n’a répondu. Même la presse étrangère n’a pas prêté l’oreille à cet appel. Dans les rues d’Alger, rares étaient les représentants de médias étrangers, contrairement aux manifestations précédentes.

UNE JOURNÉE PLUS CALME QUE DE COUTUME LA COMBINE N’A PAS «MARCHÉ»

Alger n’a pas «marché». Les habitants des quartiers populaires, si. Une journée plus calme que de coutume. Le «flop» intégral promis par les citoyens aux agitateurs a été scrupuleusement respecté. Si personne n’a marché, là n’est pas le problème, lequel se situe dans l’absence curieuse des initiateurs du projet du « Mouvement du 17 septembre », qui confirme de manière claire qu’ils n’ont ni assise populaire, ni audace politique, ni encre moins une stratégie de sédition visible.

En fait, il s’agit tout au plus d’un mouvement d’internautes qui est né, qui a grossi, et qui est resté dans le web, n’osant se montrer, car incapable de maîtriser son sujet, ni gérer le mouvement qu’il a créé, ni concrétiser un concept qui se complait dans l’immatériel. Aucun dispositif sécuritaire sérieux n’a été mis en place.

Les autorités, après avoir calculé, pesé, soupesé et évalué la situation, ont opté pour un désintérêt total, laissant en sous-main un «plan B», au cas où… Mais il n’a pas été nécessaire de faire sortir le plan B, tant les choses ont été normales, aucun incident, même mineur, n’étant venu perturber la quiétude des citoyens…

En termes de spectacle, cela s’appelle un «flop». En politique, cela a des termes beaucoup plus douloureux. Cela s’appelle un «désaveu». Après un désaveu de la sorte, les acteurs du show raté, les initiateurs du bide, doivent se rhabiller et quitter furtivement la salle. Alger, rompu aux années de terrorisme, sait à quoi s’en tenir en matière de sécurité, sans que les forces de l’ordre ne s’en mêlent. C’est une bonne nouvelle, non ?…

O.M