Il s’est passé jeudi au siège de l’APN quelque chose de gravissime qui nous renvoie, en définitive à la déliquescence des institutions du pays.
Ce jeudi, le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci s’est présenté à l’hémicycle avec ses collaborateurs pour apporter des réponses aux interrogations que les députés lui avaient posées la veille, à la suite de la présentation de son rapport annuel sur l’état des fiances du pays.
A sa grande surprise, il n’y avait quasiment pas de députés. Si bien que la séance a failli être tout bonnement annulée. Le secrétariat d’Ould Khélifa, le président de l’APN, mis dans la gêne, s’est démené comme il a pu en donnant des coups de fil à droite et à gauche pour rameuter par-ci et par-là quelques députés disponibles.
L’honneur est sauf et le quorum est atteint. Ce qui a permis à Monsieur Laksaci de faire son intervention devant des travées quasiment vides. Et dire que le nombre de députés de l’APN est de 462 . Jeudi, il y avait à peine une cinquantaine ! La honte ! Et c’est la première fois qu’une séance a failli être annulée faute de présence.
Mais le phénomène de l’absentéisme dans l’actuelle Assemblée a atteint des seuils jamais égalés dans les précédentes législatures. Il ne reste plus qu’à consacrer dans le règlement intérieur de l’Assemblée le droit à l’absence pour les députés, qui ont visiblement autre chose à faire qu’à venir écouter le Gouverneur de la Banque d’Algérie.
Il est vrai que la plupart sont élus grâce à la « Chekara », au népotisme, au trafic d’influence. Leur niveau intellectuel et leur culture politique sont insignifiants pour ne pas dire nuls. Au lieu de s’investir pleinement dans leur mission de représentants du peuple, la plupart utilisent leur appartenance à cette vénérable institution pour s’accaparer des privilèges personnels (logements, lots de terrains), à tisser des réseaux de relations, à se livrer à des délices de Capoue.
Face à autant de centre d’intérêts personnels, il faut bien convenir que ces vénérables élus n’ont pas de temps à consacrer aux préoccupations de ceux qui les ont élus. Mais paradoxalement quand il s’agit de se battre pour exiger l’augmentation de leurs indemnités, ils sont mobilisés et solidaires, indépendamment de leurs obédiences politiques.
Et dire que le salaire minimum pour un député sans responsabilité est de 300.000 dinars, soit quasiment vingt fois le salaire national minimum garanti. Des députés qui préfèrent vaquer à leurs petites occupations personnelles au lieu d’assister à la prestation de l’homme venu les informer de l’état des finances du pays, au moment justement où des interrogations agitent la classe politique et l’opinion sur les perspectives pétrolières du pays, sont indignes de siéger à l’APN. Vivement la dissolution à laquelle fort justement appelle Mme Louisa Hanoune.