Dans cette seconde et dernière partie de l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, Amine Aoudia nous parle de sa réaction suite à sa mise à l’écart de la liste des joueurs qui devaient affronter la Tunisie en amical (annulé finalement). L’attaquant du Zamalek annonce explicitement son souhait de revenir en sélection lors de la prochaine rencontre contre le Maroc comptant pour la troisième journée des éliminatoires de la CAN.
Il devra toutefois s’imposer dans son équipe devant des attaquants de renom comme Amr Zaki, Mido… Amine nous parle également de sa relation avec son ami Aksas et son avis sur Laïfaoui et pleines d’autres choses qu’il révèle pour la première fois.
Avez-vous des problèmes avec certains joueurs qui auraient participé peut-être à cette campagne qui vous visait ?
Non, je n’avais de problème avec personne. Vous pouvez leur demander d’ailleurs. Bien au contraire, ils m’aiment beaucoup, et ils étaient toujours contents de pouvoir s’illustrer et m’aider à le faire.
Lors de cette campagne, ne croyez-vous pas qu’on a réussi à nuire à votre image auprès des supporters ?
Non, je ne le pense pas. En dépit de tout ce qu’ils ont dit et écrit sur ma personne, je suis persuadé que les vrais supporters de la JSK aiment beaucoup Aoudia.
A votre avis, dans quel intérêt ces gens ont-ils voulu vous briser ?
Ça ne m’intéresse pas de connaître leur intérêt, mais je suis sûr que c’est par jalousie qu’ils ont agi ainsi. Ils n’ont pas digéré de me voir m’illustrer, gagner la confiance du coach et des supporters et intégrer l’Equipe nationale, contrairement à leurs protégés qui n’ont rien réalisé de tout ça. Ils voulaient les aider à mes dépens, mais ils ont échoué car les Algériens sont des connaisseurs en football.
A cette époque, le sélectionneur Benchikha a pris votre défense, après avoir été critiqué pour vous avoir convoqué en Equipe nationale. Il a affirmé que vous étiez l’attaquant qu’il recherchait et vous a qualifié de chasseur de buts, qu’en pensez-vous ?
Benchikha n’a pas dit tout ça pour mes beaux yeux, c’est quelqu’un qui connaît bien le football. Et s’il m’a convoqué en sélection c’est parce qu’il sait que j’ai beaucoup travaillé et cravaché pour avoir cette chance. Croyez-moi, son témoignage me rend très fier, puisqu’il provient d’un connaisseur. J’ai eu droit au même témoignage de la part de Houssam Hassen à mon arrivée au Zamalek. Benchikha sait que je ne suis pas égoïste, si je ne marque pas je fais marquer mes coéquipiers, je crée des espaces et des occasions. Mon but est que tout le monde s’illustre et que l’équipe réalise de bons résultats. Je ne suis pas égoïste.
Benchikha vous a encensé et convoqué pour le match de Luxembourg, avant de vous écarter pour le match contre la Tunisie, annulé d’ailleurs. Comment avez-vous accueilli cette décision ?
J’ai 23 ans, et le jour où j’ai commencé à pratiquer le football je me suis fixé des objectifs que je veux atteindre. J’ai joué dans de grands clubs en Algérie, et j’évolue actuellement dans un club géant en Egypte. J’avais le privilège de représenter l’Equipe nationale dans un match amical. Je n’étais pas du tout contrarié de ne pas figurer dans la liste des joueurs convoqués pour le match de la Tunisie. Je ne suis pas du genre à me mettre en colère parce que le sélectionneur ne m’a pas appelé. Benchikha connaît son travail, c’est un entraîneur compétent, j’ai accepté sa décision avec fair-play. Cela dit, cela ne m’empêchera pas de travailler davantage pour revenir en sélection. Benchikha, lorsqu’il aura besoin de moi, me trouvera prêt, en très bonne forme pour honorer sa convocation.
Vous souhaitez donc être présent pour le match contre le Maroc prévu pour la fin du mois de mars prochain…
Oui, c’est mon objectif. Je travaille au Zamalek avec le sérieux voulu et j’aspire à être présent contre le Maroc pour le compte de la troisième journée des éliminatoires de la CAN. C’est un but que je veux réaliser. Je le dis explicitement : je veux revenir par la grande porte lors de cette rencontre et donner un coup de main à l’équipe de mon pays.
Cela fait un mois et demi que vous êtes en Egypte, avez-vous appris le langage égyptien ou pas encore ?
Non pas encore, j’utilise la langue arabe pour que tout le monde puisse me comprendre sans problème.
Ils ont des difficultés à comprendre le dialecte algérien, c’est pour cela que vous utilisez la langue arabe, n’est-ce pas ?
Tout à fait, ils éprouvent des difficultés à comprendre certains mots. Mais je suis obligé à apprendre l’anglais le plus vite possible, car c’est la langue la plus utilisée après l’arabe. C’est la langue universelle dont on a besoin dans n’importe quel autre pays.
Pour revenir à Mido, son retour au Zamalek ne vous inquiète-t-il pas du moment qu’il est votre concurrent direct pour le poste d’avant-centre ?
Avant de répondre à cette question, permettez-moi de vous dire que Ahmed Houssam « Mido » est un grand attaquant qui a une bonne réputation en Egypte vu son parcours dans les grands clubs où il est passé et sa longue expérience en sélection. Pour revenir à votre question, je dirais que je prends ce retour du côté positif. Lorsqu’il y a une concurrence entre deux bons joueurs, cela ne peut qu’être bénéfique pour l’équipe. Car chacun de nous fera de son mieux pour avoir la chance de mener l’équipe à bon port. C’est le Zamalek qui sortira vainqueur de cette concurrence. Et je voudrais ajouter quelque chose…
Allez-y…
La concurrence ne se limite pas entre Mido et moi. Il y a plusieurs grands joueurs, à l’image de Amr Zaki, qui revient de blessure et qui devra renouer incessamment avec la compétition. Il y a aussi l’Ivoirien Koné, Ahmed Djaâfar, un bon attaquant lui aussi. Nous sommes donc cinq attaquants à nous disputer le poste d’avant-centre. Je prie Dieu afin de réussir dans ma mission, d’autant plus que je suis nouveau dans l’équipe. Je dois seulement avoir confiance en mes capacités comme c’était le cas à la JSK. Un grand travail m’attend.
Quelle relation entretenez-vous avec la presse égyptienne ? Vous a-t-on assailli de questions sur la crise entre l’Algérie et l’Egypte ?
La relation est bonne, chacun de nous fait son travail. A mon arrivée en Egypte, les journalistes m’ont pris d’assaut et posé des questions auxquelles j’ai répondu, un point c’est tout. Je vous prie de m’épargner ces questions sur le passé entre l’Algérie et l’Egypte ainsi que celles qui ont trait à la politique, je préfère ne pas sortir du cadre sportif.
Comme vous voulez. Mais pour être présent contre le Maroc, vous devriez d’abord vous imposer dans l’effectif de Houssam Hassen, n’est-ce pas ?
Oui, je suis conscient de cela. La sélection a besoin de joueurs qui jouent régulièrement avec leurs clubs, pour qu’ils puissent apporter le plus souhaité. C’est la raison pour laquelle j’aspire à gagner ma place dès le début au Zamalek, pour revenir en sélection par la grande porte contre le Maroc.
L’ex-international Kamel Kaci Saïd a vécu une expérience au Zamalek, cela vous a-t-il servi ? Et quelle image a-t-il laissée en Egypte ?
J’allais parler de Kamel Kaci Saïd avant que vous me posiez la question. Franchement, il m’a beaucoup aidé par ses conseils et ses encouragements. Après ce qui m’est arrivé, je n’ai pas eu l’occasion de parler de lui, pour le remercier. L’occasion m’est présentée maintenant, je profite donc pour le remercier pour tout ce qu’il a fait avec moi. En ce qui concerne l’image qu’il a laissée ici, je vous invite à voir combien les gens l’admirent, Kaci Saïd a laissé sa place propre au Zamalek, et les gens ici n’hésitent pas à parler de lui à chaque fois que l’occasion se présente. Ils évoquent ses qualités sur le terrain, mais aussi sa forte personnalité. J’espère faire comme lui et réussir mon passage au Zamalek et gagner, comme lui, l’estime du public.
Nous savons qu’en Algérie vous entretenez une relation exceptionnelle avec Amine Aksas. Ce dernier vous manque-t-il en Egypte, ou bien vous vous êtes débarrassé de lui ?
Là, vous me parlez d’un frère et non pas d’un ami seulement. Amine Aksas est le joueur le plus proche de moi en Algérie. C’est un frère, un ami et le compagnon le plus proche à qui je me confie. On a passé de bons moments ensemble, et nous restons amis jusqu’à maintenant, et il est tout à fait normal qu’il me manque beaucoup. Heureusement que le téléphone et Internet existent, on est toujours en contact. Et je profite de l’occasion pour vous dire qu’Aksas et Laïfaoui sont parmi les meilleurs défenseurs de notre championnat actuellement. Malheureusement, en football, ce ne sont pas les bons joueurs qui réussissent systématiquement. Sinon, je ne vois pas ce qu’ils font encore dans le championnat algérien.
Vous louez ces deux joueurs parce que ce sont vos amis, n’est-ce pas ?
Non, pas du tout, je suis en train de dire la vérité, ce ne sont ni des louanges ni une exagération juste parce que ce sont des proches. Je voyais en eux la charnière centrale de l’Equipe nationale sans exagération aucune. Avec tout mon respect à tous les défenseurs algériens, pour moi Aksas et Laïfaoui forment la meilleure charnière centrale de notre championnat. Mais j’ai un conseil à donner à Aksas, il doit tempérer ses ardeurs sur le terrain. Il a le même tempérament que moi, celui de gagneur. Il ne supporte pas la défaite. Je lui conseille de continuer à travailler sérieusement afin qu’il puisse réaliser ses objectifs dans l’avenir.
Vous dites que c’est un grand défenseur qui mérite de jouer en Equipe nationale, mais à chaque fois vous lui avez échappé et marqué contre lui, quel est le secret dans tout ça ?
En vérité, même si Aksas et moi sommes des amis, je prends toujours le dessus sur lui sur le terrain. Même lorsqu’il était à Sétif j’ai marqué contre lui. Je me souviens qu’à cette époque il avait dit : «Aoudia est un ami, mais il ne marquera pas !», mais je lui ai marqué et l’ai obligé à aller chercher le ballon au fond des filets. En tous les cas, ce n’est pas seulement contre Laïfaoui ou Aksas que je me suis illustré, mais pratiquement j’ai marqué contre tous les clubs algériens et contre tous les défenseurs que j’ai affrontés.
Croyez-vous Aksas capable d’évoluer en Egypte ou dans un autre championnat étranger ?
Bien évidemment qu’il le peut. S’il continue à travailler sérieusement et cravacher sur le terrain, il pourra s’imposer facilement ici en Egypte ou dans un autre championnat, dont le niveau est plus relevé. C’est un défenseur solide qui use les attaquants par sa présence permanente sur le terrain et sa rigueur.
Pensez-vous également que Laïfaoui ou un autre joueur soient aptes à jouer en Egypte ou dans un autre championnat ?
Oui, Abdelkader est un défenseur solide lui aussi, il est capable de jouer en Egypte ou dans un autre championnat. Et là vous m’obligez à dire des choses susceptibles d’irriter certains camarades.
Oui, allez-y.
Mis à part Laïfaoui et Aksas, je ne reconnais aucun autre défenseur en Algérie quelle que soit sa valeur. J’ai marqué contre tous ces défenseurs, j’ai pris le dessus sur eux, et je me suis illustré contre eux tous sans exception. Allez demander à Laïfaoui ce qu’il disait de moi à Sétif.
Et que disait-il ?
Il leur disait : «A chaque fois que je joue contre Aoudia, il m’épuise, il me fatigue». Je lui souhaite, à l’occasion, bonne chance avec l’Equipe nationale des locaux dans le CHAN au Soudan. Je leur souhaite tous bonne chance et j’espère qu’ils reviendront avec le trophée. J’ai oublié de vous parler d’un autre joueur qui est capable de jouer là où il veut.
Quel est ce joueur ?
Tedjar, c’est un artiste, il a un don. Lui aussi, il s’est illustré avec moi la saison passée avec la JSK. Il a contribué activement à la qualification de la JSK en demi-finale de la Ligue des champions africaine. Franchement, j’ai souhaité qu’il vienne avec moi en Egypte. Mais il a tout le temps devant lui, pour avoir la chance de décrocher un contrat professionnel puisqu’il le mérite bien.
Vous avez dit avoir marqué des buts contre toutes les équipes et contre tous les défenseurs, mais nous savons qu’il existe un club contre qui vous n’avez jamais marqué le moindre but, savez-vous de quelle équipe il s’agit ?
(Rires.) Oui, Essafra (l’USMH, ndlr)
Exact, c’est l’équipe d’El Harrach, le club de votre quartier où vous êtes nés et avez grandi…
Absolument. L’USMH est la seule équipe contre qui je n’ai pas marqué. Que voulez-vous que je vous dise, si j’avais marqué contre cette équipe, mes parents m’auraient chassé définitivement de la maison (Rires.). C’est l’équipe de mon quartier, là où j’ai grandi et où tout le monde me voue du respect même si je n’ai jamais porté le maillot de ce club. Il y a aussi une autre raison, outre la peur de mes parents, qui a fait que je n’ai pas marqué contre l’USMH…
Quelle est-elle ?
Je ne sais pas, à chaque fois que je m’apprête à affronter l’USMH, il m’arrive quelque chose. Soit je suis blessé, suspendu, malade, je reviens de blessure, ou bien on me met sur le banc. Il y a toujours une raison qui fait que je ne joue pas contre cette équipe. Comme si c’est le destin qui veut que je ne marque pas contre l’USMH.
Vous dites que l’USMH est l’équipe de votre quartier, de votre enfance, de vos parents, mais dont vous n’avez jamais porté les couleurs. Quelles sont les véritables raisons de ne pas avoir joué à l’USMH, vous qui avez déjà évolué au CRB, l’USMAn, la JSK et l’IRHD bien avant ?
J’ai promis à mon père de ne pas lui créer de problèmes avec ses amis avec qui il a grandi, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas joué à l’USMH. J’avais peur de ne pas être à la hauteur en jouant à El Harrach et créer ainsi des problèmes à mon père ou lui faire perdre le respect de ceux avec qui il a grandi au quartier. Idem pour moi, car je voulais garder de bonnes relations avec les gens à El Harrach. Les Harrachis, de leur côté, m’aiment beaucoup même si je n’ai pas porté les couleurs jaune et noir. Ils étaient contents pour mon parcours avec la JSK la saison passée comme ils étaient aussi contents pour moi lorsque j’ai signé au Zamalek.
Vous êtes aujourd’hui en Egypte, et il n’y a pas de mal si vous nous dites si vous êtes supporter de l’USMH…
El Harrach est mon quartier, mon enfance et tout. Croyez bien que ceux qui me connaissent savent que je suis fan de l’USMH, et ce qui est dans le cœur le restera à jamais. Vous m’avez plongé dans une belle époque où j’ai passé de bons moments.
Les supporters de la JSK et l’ambiance des tribunes du 1er-Novembre de Tizi Ouzou vous manquent-ils ?
Bien évidemment que cette ambiance me manque énormément, les bons moments de ma carrière, je les ai passés là-bas. Les supporters de la JSK aiment beaucoup leur équipe et la soutiennent jusqu’à la dernière minute de la rencontre avec une certaine hargne. Je remercie Dieu de m’avoir permis de jouer dans un aussi grand club que la JSK, avec ses titres, son histoire, son président Hannachi et ses supporters avec qui j’entretiens de bons rapports jusqu’à maintenant. Il y a un amour mutuel entre les deux parties.
On a oublié de vous demander si vous vous êtes habitués aux plats égyptiens comme « El Kouchri » et « El Mouloukhia » ou autre ?
Il n’y a pas que « El Kouchri » ou « El Mouloukhia », il y a aussi « El Taâmia » (Rires). Franchement, je n’ai pas de problème de ce côté au Zamalek, il y a des restaurants de bonne qualité, donc je n’ai pas à me plaindre. Et le jour où vous viendrez en Egypte, je vous inviterai à déguster l’un des délicieux plats égyptiens.
Nous vous réitérons à la fin nos remerciements pour votre franchise, et nous vous laissons la liberté de terminer cet entretien par ce que vous voulez…
Je souhaite à la JSK de réussir à s’illustrer la saison prochaine, je souhaite bonne chance à notre Equipe nationale au CHAN et, pourquoi pas, de revenir avec le trophée. Je vous prie de publier un message à ceux qui ont essayé de me briser, et j’insiste sur cela.
Allez-y…
Il s’agit d’une citation (de Virginie Beyeler) qui dit : «Ceux qui te jalousent sont ceux qui te voudraient différent», et Aoudia n’a pas l’intention de changer. «Finalement, ils ne font que t’admirer». Mes salutations à tous les Algériens.