La validation des dossiers de projets d’activités de jeunes promoteurs au niveau de l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (Ansej) a augmenté de 330% durant le 1er semestre 2011, tandis que le nombre de dossiers déposés a connu un rebond spectaculaire de 1031%.
L’Ansej, est un appareil qui tend à transformer un chômeur en détresse en un homme endetté sans pour autant voir son projet se concrétisé. « Je dispose d’une qualification, d’un projet rentable et j’avais obtenu l’attestation d’éligibilité de l’Ansej, mais mon rêve s’est vite transformé en une déception après le refus de la banque de m’accorder les financements, suite à quoi j’ai tout laissé tomber ». «Ce dispositif ne profite qu’aux personnes aisées.
L’on ne prête qu’aux riches, dit l’adage». «Sans coup de pouce d’une personne intermédiaire ou influente, sans copinage et passe-droit, l’espoir de voir mon projet aboutir est réduit à néant». Toutes ces déclarations ont été énoncées par des jeunes bardés de diplômes et de formations d’aptitude, rencontrés lors de nos reportages sur le chômage réalisés au cours des années précédentes.
Contrairement à ce qui se répète en boucle dans les discours officiels, l’Algérie, aux yeux de ces jeunes, est un pays riche et ambitieux, mais qui renferme une jeunesse appauvrie, laissée- pour-compte et sans espoir.
À cet égard, ces diplômés au chômage n’ont d’autre choix que celui de tenter leur chance sous d’autres cieux ou rester ici au pays à regarder leurs vies s’éteindre à petit feu avec un moral en berne et une cruelle oisiveté qui les pousse à commettre l’irréparable : l’immolation. Au cours de cette période, les portes de l’Ansej étaient verrouillées.
L’accès n’était que restreint. Seule la caste des privilégiés ont pu en bénéficier. Mais à en croire les déclarations de Mourad Zemali directeur général de l’Ansej, aujourd’hui, tout cela ne relève que du passé et les chiffres qu’il a avancé à l’APS traduisent avec la plus parfaite manière l’amélioration dans la mise à exécution de ce dispositif par rapport aux années précédentes.
Selon lui, «108 573 dossiers de projets d’activités de jeunes promoteurs ont été validés durant le premier semestre 2011 dans le cadre de l’Ansej, contre 25 256 dossiers validés durant le premier semestre 2010, enregistrant ainsi une évolution de 330% », précisant que « 333 705 dossiers de projets d’activités ont été déposés contre 29 499 dossiers durant la même période de 2010, soit une hausse de 1031% ».
Mourad Zemali qui relève que le dispositif s’est montré ainsi nettement «plus rapide» dans le traitement des dossiers, a assuré que « les banques sont en train de financer dans des délais records», précisant que le délai de financement fixé aux banques est de 2 mois, alors que «dans certains cas, des dossiers ont été financés en 48 heures.
Par ailleurs, le premier responsable du dispositif a indiqué que durant la même période «512 dossiers ont été déposés par des jeunes désirant bénéficier de véhicules ateliers dans le cadre de la création d’activités». Il a en outre recensé 53 dossiers portant sur l’ouverture de cabinets groupés qui ont été déposés par des jeunes diplômés du secteur de l’Enseignement supérieur.
COMMENT S’EXPLIQUE CETTE ÉVOLUTION SPECTACULAIRE ?
Pour Mourad Zemali cette évolution a été enregistrée suite à l’application de nouvelles mesures arrêtées en conseil des ministres du 22 février 2011 relatives à la promotion de l’emploi. Ces nouvelles mesures avaient fixé l’apport personnel exigé au postulant au crédit à 1% du montant global du projet d’activité lorsque celui-ci est inférieur ou égal à 5 millions de dinars, et à 2% du montant global du projet d’activité lorsque celui-ci se situe entre 5 et 10 millions de dinars.
Quant au taux du prêt non rémunéré (PNR) octroyé par les dispositifs d’emploi, il a été fixé à 29% du coût global de l’investissement lorsque celui-ci est inférieur ou égal à 5 millions de dinars, et à 28% du coût global de l’investissement lorsque celui-ci est situé entre 5 et 10 millions de dinars, rappelle- t-on.
Le directeur général de l’Ansej a indiqué que ces nouvelles mesures permettraient la création de quelque 50 000 micro-entreprises annuellement, dont 35 000 dans le cadre de l’Ansej et 15 000 de la Cnac (Caisse nationale d’assurance chômage). En plus de ces mesures, d’autres démarches avaient été entreprises par les dispositifs d’emploi, notamment l’allégement des dossiers administratifs relatifs à la création de ce type d’entreprise.
Par ailleurs, ce responsable a indiqué que l’Ansej avait renforcé les moyens humains et matériels au niveau de toutes les structures locales de l’Agence afin d’assurer les meilleures conditions pour l’application des décisions du Conseil des ministres du 22 févier dernier, en matière de nouvelles mesures de création d’emplois.
«Réorganiser les conditions d’accueil visant à assurer une meilleure prise en charge des flux très importants de jeunes, enregistrés ces derniers mois au niveau des différentes structures locales de l’emploi, et à mieux informer et orienter les postulants sur ces mesures, ont été parmi les principales démarches de l’Ansej dans l’application des nouvelles mesures», a-t-il souligné.
L’Agence avait également lancé, un programme de formation au profit de ses agents chargés de l’accueil et de l’orientation en vue d’assurer les meilleures prestations de service possibles.
Mais la question fondamentale que tout le monde se pose est : Pourquoi il aura fallu attendre une conjoncture régionale exceptionnelle, marquée par des révoltes populaires contre des régimes en place, pour se focaliser de manière concrète sur la question du chômage dans un pays qui renferme plus de 176 milliards de dollars de réserves de change et tant de milliards dormant dans les caisses de l’État, notamment dans les banques et autres fonds ?
Hamid Mohandi