L’annulation de billets d’avion d’Aigle Azur pour des dessertes dans le sens France-Algérie, est due à un «vaste trafic» découvert par la compagnie, nous a déclaré hier son PDG, Arezki Idjerouidène.
« C’est un trafic impor tant qui a touché Aigle Azur», déclare M. Idjerouidène joint hier par téléphone.
A l’origine de cette situation, « des officines basées en France en relations avec des agences de voyages en Algérie, ont pu acheter, en toute illégalité, des billets d’Aigle Azur en dinars, pour des dessertes dans le sens France-Algérie (nécessitant donc un paiement en euro, nldr), pour les revendre au noir et en euro sur le territoire français », précise le PDG d’Aigle Azur.
Si notre interlocuteur préfère, pour le moment, ne pas donner de chiffres sur l’ampleur de ce trafic, il estime toutefois que l’opération a pris « d’importantes proportions ». « Plusieurs agences de voyages basées en Algérie sont impliquées dans ce trafic ».
Il s’agit, dans la plupart des cas, selon le PDG de la compagnie, « d’agents indélicats qui ont trompé les patrons de ces agences », en émettant en dinars des billets destinés à transporter des passagers à partir de la France. Mais, notre interlocuteur, n’exclut pas l’implication des premiers responsables de certaines des agences incriminées.
« C’est l’enquête qui va le déterminer », dit-il à ce propos, confirmant toutefois que deux de ces agences, « situées à Alger », se sont vues retirer leur agrément de vente des billets de la compagnie Aigle Azur. « Pour le moment, on s’occupe des officines qui revendent ces billets en euro ici en France », précise-t-il. Selon lui, les ventes ont lieu dans toutes sortes d’endroits autres que des agences de voyage.
« Ça se passe dans des arrière- cours de restaurants, de cafés, de salons de coiffures. Il s’agit d’un réseau qui s’étale dans plusieurs villes de France, mais qui est particulièrement présent en région parisienne », Affirme encore Arezki Idjerouidène. Les billets ont été vendus « de 150 à 200 euros en moins que les tarifs officiels de la compagnie ».
Concernant les voyageurs qui ont vu leurs billets annulés, Arezki Idjerouidène est catégorique : « Quand on achète un billet d’avion dans des cages d’escaliers, des cybercafés, ou dans des arrièrecours de restaurants, de salons de coiffures et des cafés PMU, et qu’on les paye cash, à des tarifs plus bas de 150 à 200 • que le prix officiel de la compagnie, on ne peut pas prétendre ignorer l’arnaque », dit-il. Selon lui, « à ceux parmi les clients qui ont essayé de comprendre, les vendeurs ont affirmé qu’ils ont acheté ces billets en gros à Aigle Azur », pour expliquer l’écart de prix.
« Devant cette explication farfelue, les acquéreurs n’ont quand même pas hésité à acheter des billets ». Notre interlocuteur tient aussi à préciser que « parmi toutes les victimes de cette arnaque, dont des centaines ont déjà été régularisés, pas un seul n’a acheté son billet en Algérie. Tous les billets ont été acquis en France et payés en euro, alors que les titres de voyage, alimentés par ce trafic, sont libellés en dinar algérien ».
Mais, ajoute le PDG de la compagnie, pour ceux qui régularisent leur situation vis-à-vis de la réglementation algérienne, notamment l’instruction 08 du 30 décembre 2001 de la Banque d’Algérie, c’est à dire qu’ils versent la contrepartie en euro du prix du billet, ils seront pris en charge ».
Mohamed Mehdi