Annulation d’un marché attribué à alliance assurances: Hassen Khelifati se dit victime de représailles

Annulation d’un marché attribué à alliance assurances: Hassen Khelifati se dit victime de représailles

“Nous sommes sanctionnés par rapport à nos positions politiques”, soutient M. Khelifati qui affirme qu’il ne compte pas baisser les bras.

La compagnie Alliance Assurances a-t-elle été victime de représailles pour les positions politiques affichées par son patron Hassen Khelifati ? Tout porte à le croire. La compagnie d’assurances privée a décroché, récemment, le marché de la prestation de service de police d’assurance du matériel roulant de l’Epic Mitidja Nadhafa, après un appel d’offres national. L’avis d’attribution provisoire a été publié dans la presse. “Le wali a demandé l’annulation de l’attribution et l’octroi du marché à une entreprise publique.

C’est interdit. Où allons-nous comme ça ?”, a dénoncé M. Khelifati, lors d’une journée d’étude sur “la concurrence et le secteur des assurances” organisée à l’hôtel El-Aurassi, par le Conseil de la concurrence, en collaboration avec l’Union algérienne des sociétés d’assurances et de réassurances (UAR). La SAA a contesté l’avis d’attribution en invoquant, entre autres, l’instruction du Premier ministre. “Nous vous informons qu’Alliance Assurances est une société privée. En se référant aux instructions du chef du gouvernement, les sociétés publiques sont prioritaires dans l’accès aux marchés”, écrit le responsable de la SAA dans son courrier au directeur de l’Epic Mitidja Nadhafa. Pourtant, la SAA a été éliminée au motif que le dossier de soumission serait incomplet.

Le wali a insisté sur la nécessité pour l’Epic Mitidja Nadhafa d’assurer ses biens chez des compagnies d’assurances publiques. La demande de l’actuel wali d’annuler l’avis d’attribution, en faveur d’Alliance Assurances, a-t-il un lien avec les dernières prises de positions politiques du patron de la compagnie d’assurances  qui, faut-il le rappeler, a participé aux marches contre le 5e mandat du chef de l’État ? Le doute est permis. En tout cas, le patron d’Alliance Assurances, qui a gelé son appartenance au Forum des chefs d’entreprise et pris part aux marches contre le 5e mandat, n’écarte pas cette éventualité. Selon lui, il pourrait s’agir de représailles. “Nous sommes sanctionnés par rapport à nos positions politiques”, soutient M. Khelifati, qui ne compte pas baisser les bras. “Nous allons introduire un recours”, a-t-il annoncé.

Concernant la concurrence dans le secteur des assurances, le P-DG d’Alliance Assurances soutient que “les cahiers des charges sont, systématiquement, rédigés pour exclure le secteur privé”. Les compagnies d’assurances privées se disent victimes d’une certaine mise à l’écart orchestrée par certains responsables de l’administration, à travers des conditions contenues dans le cahier des charges. Parmi ces conditions, M. Khelifati évoque, notamment, le niveau du capital social minimum exigé qui exclut d’office les compagnies d’assurances privées nationales. Sachant que le capital minimum des sociétés d’assurances dommages a été fixé à 2 milliards de dinars. Il cite, aussi, l’exigence de fonds propres et même le résultat financier de l’entreprise.

Les assureurs ont, à plusieurs reprises, dénoncé la discrimination dont ils font l’objet sur le marché des assurances en violation de l’article 43 de la Constitution qui interdit la discrimination et la concurrence déloyale. “On se pose la question de savoir pourquoi, sur les 25 dernières années, le secteur privé n’a-t-il pas dépassé 25% de parts de marché alors que le marché, lui, progresse ?”, s’interroge M. Khelifati, qui évoque une pratique “illégale” qui empêche ce secteur de se développer. Le P-DG d’Alliance Assurances relève plusieurs exemples de manquement aux bonnes règles concurrentielles.

Même certaines banques font de la discrimination entre sociétés d’assurances publiques et privées. Les critères techniques, réassurance et capacités managériales, ne sont pas pris en compte. Pour le patron d’Alliance Assurances, le secteur ne peut pas évoluer en l’absence d’un régulateur “complètement indépendant” et d’un conseil de la concurrence doté “de moyens et de pouvoirs” pour agir “en toute impartialité”.

Meziane Rabhi