Comme redouté, la campagne électorale a connu une dérive dangereuse à Bejaia où des violences ont émaillé le meeting que devait tenir le représentant du président Bouteflika, Abdelmalek Sellal. Une violence que rien ne peut justifier au demeurant.
Pourtant jusque-là certains meetings chahutés par certains manifestants, hostiles à un quatrième mandat, sont restés dans les limites de la correction. Il est vrai qu’Abdelmalek Sellal a déjà vu un de ses meetings, à Ouargla, notamment, perturbé par certains jeunes chômeurs, tout comme Amara Benyounes et Amar Ghoul à Marseille ou à Bouira, ou encore Ouyahia ciblé par des pots de yaourts à Oum El Bouaghi, et Moussa Benhamadi empêché de tenir son meeting à Akbou.
Mais ces incidents, somme toute mineurs, n’ont pas connu de violences. Alors pourquoi à Bejaia, il ya eu ce dérapage avec les conséquences que l’on sait, plusieurs blessés parmi les policiers et les journalistes et des dégâts matériels dont l’incendie de la maison de la culture ? A qui profite cette violence ? Si l’hostilité à un quatrième mandat peut constituer une légitime revendication, cela ne peut en aucun cas justifier l’agression dont ont été victimes les partisans du président Bouteflika.
Même s’il est difficile pour l’heure de situer les responsabilités, pour le comité de campagne de Bouteflika, les auteurs sont connus : «M. Sellal a pris cette sage décision (annulation du meeting, ndlr) afin de préserver les citoyens de Bejaia d’une manifestation de violence dont les artisans n’étaient autres que les fascistes tenants du boycott, Barakat, secondés par leurs nervis du MAK (NDLR: Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, non reconnu)».
Au-delà de ces accusations sur lesquelles la justice est appelée à faire la lumière, ces incidents cycliques ne peuvent être à l’abri de manipulation. Comme souvent en pareille circonstance, dans un climat d’incertitude, de tension sociale, des officines occultes seraient toujours tentées de souffler sur le brasier pour des desseins dont on ne peut saisir les contours, mais qui ne peuvent objectivement être déconnectées de l’élection présidentielle.
C’est pourquoi, la sagesse et la vigilance doivent être de mise. Tout comme la violence doit être bannie des mœurs. Il ya va de la stabilité du pays, éprouvée pendant une décennie par une violence inouïe et évoluant dans un environnement régional qui charrie tous les risques.
Sofiane Tiksilt