Le pouvoir égyptien a fait appel d’une décision de justice annulant l’organisation d’élections législatives, prévues fin avril et au centre d’une vive controverse avec l’opposition, a-t-on appris hier de sources judiciaires.
Cet appel sera examiné dimanche par la Cour administrative suprême, a annoncé l’organisme gouvernemental qui l’a déposé au nom du président islamiste Mohamed Morsi, l’Autorité des procédures d’Etat. Cette instance estime que la cour administrative du Caire, qui a annulé le 6 mars l’organisation de ces élections, «a pris une décision dans un domaine qui n’est pas de son ressort» mais qui relève «des pouvoirs souverains» de M. Morsi, selon ces sources. L’annulation du scrutin était apparue comme une difficulté politique supplémentaire pour M.Morsi, qui en avait lui-même annoncé la date par décret présidentiel.
Le tribunal administratif avait jugé que M.Morsi ainsi que le Sénat égyptien, dominé par les islamistes, n’avaient pas suivi la procédure constitutionnelle prévue, et avait renvoyé le dossier de l’organisation de cette élection devant la Haute Cour constitutionnelle. Les législatives devaient commencer le 22 avril et s’étaler sur deux mois, afin de désigner une nouvelle Assemblée (chambre basse), après la dissolution de la précédente en juin 2012. La principale coalition de l’opposition, le Front du salut national (FSN), avait annoncé qu’elle allait boycotter ces législatives, en raison notamment du manque de garanties pour leur régularité.
Le coordinateur du FSN, le Prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei, avait dénoncé une «supercherie» et laissé entendre que le scrutin pourrait être truqué comme sous le règne du président Hosni Moubarak, mais cette fois-ci au profit des partisans de M.Morsi. La chambre dissoute l’an dernier, à l’époque où le pays était dirigé par un conseil militaire de transition, était largement dominée par les Frères musulmans dont est issu M.Morsi et d’autres formations islamistes.