Il n’est pas facile de faire partir des ministres politiques garants d’un équilibre inter-partisan.
Les observateurs de la scène politique nationale et les chancelleries étrangères s’impatientent et s’interrogent sur les véritables raisons qui sous-tendent le retard dans l’annonce des réformes politiques promises. Chacun y va de sa propre analyse. Selon une source proche du sérail, «tout est fin prêt au plan politique, le processus a été bien mûri, la seule pièce qui manque au puzzle est de savoir avec qui se fera cette transition».
Il s’agit donc de trouver les hommes qualifiés à même de mener cette transition de la manière la plus sereine qui soit. «Le Président ne veut pas de simples réformettes mais de grandes actions à même de donner un coup d’arrêt à cette noria de contestations qui plombe le pays depuis des mois. Des décisions à la mesure des soubresauts qui traversent à présent la société», indique la même source qui a laissé entendre que l’éventualité de voir des têtes tomber parmi le staff ministériel n’est pas exclue.
Ces décisions seront-elles annoncées le 16 avril à Tlemcen à l’occasion de Youm El-Ilm? «Pas si sûr car il s’agit de trouver de véritables technocrates, ce qui n’est pas une mince affaire quand on veut se débarrasser des ministres politiques».
En fait, le chef de l’Etat veut en finir avec le système de ministres politiques qui ont montré un échec cuisant. Cela d’une part, de l’autre le changement ne se limitera pas uniquement à des colmatages de façade au niveau du gouvernement.
Nos sources rapportent dans ce sens que «des têtes vont tomber, notamment des ministres dont la gestion a conduit à des cas avérés de corruption et de dilapidation de deniers publics». Il faut bien sortir de cette impression d’impunité, de ministres intouchables, qui se dégage dans certains secteurs où la corruption est avérée et confirmée par la justice.
Composé de ministres issus du FLN, du RND et du MSP, l’attelage gouvernemental actuel ne donne pas satisfaction. Il suffit de voir comment sont gérées les différents crises qui marquent les différents secteurs pour s’en rendre compte.
Même parmi les quelques technocrates qui composent l’Exécutif, il est rare de trouver un ministre qui structure, organise et qui a une vison claire dans sa démarche. Il ne faut surtout pas espérer qu’ils utilisent les nouvelles technologies! Quel est ce ministre qui a bâti une structure qui survivra même après son départ? Quel est ce ministre qui a créé des mécanismes d’aide à la décision, qui a créé une synergie entre les différents organismes de son secteur?
Y a-t-il un ministre qui peut prétendre – sans avoir recours à la force publique – pouvoir épargner des émeutes dans son secteur en ces temps où on peut faire des émeutes pour le lait, la pomme de terre ou l’oignon? «C’est cette perle rare que cherche le Président», note la même source qui souligne que «nos gouvernants ont à gérer une période cruciale de deux mois, pour voir ensuite la tension tomber», même si dans notre pays, «l’effet cocotte minute n’existe pas». Aussi voit-on dans les contestations quasi quotidiennes un côté positif: «Elles jouent un rôle positif puisqu’elles ont en quelque sorte un rôle de soupapes.» Mais à force d’en abuser, ces soupapes risquent de s’user.
En effet, faut-il que les problèmes posés par les contestataires trouvent des solutions. «Evidemment, que certaines de ces revendications sont légitimes puisqu’elles posent de vrais problèmes de gouvernance», reconnaît notre source.
En définitive, une certitude se dégage: il ne s’agit plus de savoir si le changement aura lieu ou non, mais avec qui? Quels sont les hommes à même d’assurer sans dégât la transition politique? tel est le dilemme qui taraude le Président.
Brahim TAKHEROUBT