Hier, au siège d’Ech-Chaâb, à l’initiative de l’association Machaâl Echahid, un hommage était réservé aux journalistes et assimilés, morts en mission au Viêtnam en 1974.
Le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, était le premier à prendre la parole. «C’était prévu que je fasse la tournée avec le président Boumediène. Mais, comme ne se sont passés que trois mois depuis l’accouchement de mon épouse, je me suis excusé auprès de mon supérieur hiérarchique de l’époque, Madani Haoues, et proposé le nom de Salah Dib, nouveau venu à la télévision et qui n’avait fait aucune sortie à l’étranger. Il fut ainsi rappelé de son congé. Je l’avais même félicité pour l’opportunité qui se présentait à lui. Il y laissa sa vie..», a-t-il raconté, contenant à peine ses larmes. Dans le crash de l’avion survenu le 8 mars 1974, quinze journalistes et assimilés algériens, neuf Vietnamiens ainsi que les trois membres de l’équipage, soit tout le monde qui était à bord, sont morts sur le coup. En plus de Salah Dib, il y avait Abdelatif Ahmed (journaliste à l’APS), Maidat Mohamed, Kahouadji Abderrahmane (journalistes de la télévision), Sahraoui Mohamed ( Ech-Chaâb), Tidar Djillali et Taalah Mohamed (de la direction de l’information de la présidence), Harkat Tayeb ( El Djeïch), Taleb Mohamed (reporter-photographe à l’APS), Mouaki Benani Sebti et Haned Rabah (opérateurs de son), Boudjemia Kader, Bekkay Mohamed, Kaboub Mustapha et Boutrif Laredj (cameramen de la télévision). Mahmoud Boussoussa, qui était chef de rubrique à El Moudjahidau moment de l’accident, était intervenu juste après pour retracer les faits. «Le président Houari Boumediène s’apprêtait à rentrer au pays après une tournée qui l’avait mené au Pakistan, en Chine, en Corée du Nord et enfin au Viêtnam alors en guerre contre l’occupant états-unien. L’aéroport international d’Hanoi étant à moitié détruit et ne pouvant accueillir de grands aéronefs, la délégation algérienne devait reprendre son Boeing 707 à partir d’un aérodrome militaire qui se trouvait à 60 km de là où il atterrit à son arrivée. Trois Antonov 24 furent mobilisés par les autorités vietnamiennes pour transporter les membres de la délégation algérienne et leurs homologues vietnamiens jusqu’à cet aérodrome. L’avion réquisitionné pour les journalistes fit un accident à son arrivée. Le pilote posa les roues de l’avion au milieu de la piste. La distance le séparant du bout de la piste n’était pas suffisante pour atterrir correctement. Il essaya alors de décoller de nouveau, refaire le tour pour atterrir en toute sécurité. Peine perdue. L’appareil percuta un arbre et échoua aussitôt.». «Au retour, j’avais croisé le président Boumediène dans le couloir de l’avion. Pensif, il avait mis sa main sur mon bras et comme s’il se parlait à lui-même ‘‘et si je meurs d’un arrêt cardiaque ?’’. Je pense que l’accident lui avait fait envisager une mort éventuelle et il avait ainsi décidé d’engager un débat national au sujet de la Charte et bien après la Constitution de 1976 qui permit une transition en douceur après sa mort. C’était la seule Constitution élaborée après consultation des différentes franges de la société. Toutes les autres ont été écrites dans des salons restreints à des initiés», a indiqué Mahieddine Amimour. Il convient enfin de signaler que le ministre de la Communication a annoncé à la fin de cet hommage que son département propose trois dates pour décréter une journée nationale dédiée à l’information en Algérie, à savoir le 8 mars (date du crash de l’avion des journalistes au Viêtnam, le 16 décembre (date de création de radio Sawt El Arab) et juin (date de création du journal El Moudjahid). Un sujet, a suggéré le ministre, à débattre avec les professionnels pour décider d’une date d’ici l’année prochaine. L. H. La loi sur l’audiovisuel devant le Conseil du gouvernement mercredi En marge de cet hommage, le ministre de la Communication s’est refusé à parler du contenu de la mouture de la future loi sur l’audiovisuel élaborée par son département. «Je vous dis qu’elle sera débattue mercredi prochain (13 mars) au Conseil du gouvernement. Je ne dis pas plus.», a-t-il déclaré. L. H.