Anniversaire de l’indépendance de l’Algerie : 56 ans de réalisations et ça continue

Anniversaire de l’indépendance de l’Algerie  : 56 ans de réalisations et ça continue

Depuis le recouvrement de sa souveraineté, le 5 juillet 1962, l’Algérie est un protagoniste significatif de la scène internationale. Son indépendance fut un moment marquant du vaste mouvement de la décolonisation, et pendant plusieurs années l’Algérie fut considérée comme un pays en développement influent. Cette influence s’est manifestée jusque dans les années 1980.

Anniversaire de l’indépendance de l’Algerie  : 56 ans de réalisations et ça continue

Depuis 1962, l’Algérie est un pays en pleine mutation. Sa population, passée de 13,7 millions d’habitants en 1970 à 42,2 millions en 2018, connaît ainsi des évolutions notables. Or cette croissance démographique continue pose de nombreux défis tels la santé et l’hygiène, l’éducation et la formation, l’emploi, le logement et les structures sociales. Au lendemain de son indépendance, l’Algérie est un pays profondément marqué par le traumatisme de la guerre et ses nombreuses séquelles. L’idéologie à orientation socialiste des nouveaux dirigeants est empreinte d’une volonté de manifester une prise en considération des sacrifices accomplis par une population très durement éprouvée, d’où l’importance du soutien officiel à la mobilité sociale et à la promotion des classes traditionnellement défavorisées. L’origine sociale d’une partie du leadership algérien au lendemain de l’indépendance explique partiellement cette tendance. Ces orientations se traduisent notamment dans le domaine de l’éducation. Ainsi, le taux de scolarisation connaît un accroissement substantiel tant dans le primaire que dans le secondaire et le supérieur. En effet, le taux de scolarisation passe, pour les 12-17 ans, de 30,8 % en 1972, à 59,3 % en 1992 ; et pour ce qui est du 3e degré, le taux augmente, pour les mêmes années, de 1,7 % à 11,8 %. Ainsi, l’analphabétisme recule de 75 % en 1970 à 39,4 % en 1992.

Des efforts substantiels sont également accomplis en matière sanitaire et médicale, que ce soit au niveau de la vaccination des enfants, de l’accès aux soins ou de la prise en charge par l’État de certaines opérations spécifiques à l’étranger. Ainsi, l’espérance de vie s’accroît de 52,4 ans en 1970 à 68,9 ans pour la période 1995-2000. Pour les mêmes années, le taux de mortalité infantile chute de 139,2 ‰ à 45 ‰; et le nombre de médecins pour 1 000 habitants passe de 0,13 en 1970 à 0,9 en 1990.

L’intensité et l’importance de ces efforts ont néanmoins leur revers. Au niveau de l’éducation primaire et secondaire, la massification de l’enseignement ne s’est pas accompagnée de résultats probants en ce qui concerne la qualité des enseignements dispensés. De plus, les déperditions scolaires sont particulièrement significatives et laissent de nombreux jeunes, qui constituent la majorité de la population, sur le bord de la route, sans formation ni diplôme, exclus du marché du travail et de ses réseaux classiques. Ainsi, le taux de chômage est estimé à plus de 26 % de la population active. La plupart du temps, la seule issue possible se trouve dans le secteur informel et ses ramifications opaques.

En termes de logement, d’infrastructures culturelles et d’installations hydrauliques, de sérieux manques se font sentir et cela de manière croissante, atteignant parfois des situations catastrophiques. Ces éléments ébranlent progressivement la structure sociale et portent atteinte à sa stabilité. Les années 1980 font apparaître de manière criante ces graves déficiences. L’urbanisation, souvent sauvage et désordonnée, l’abandon des zones agricoles pour le « miroir aux alouettes » des concentrations urbaines, la déstructuration du monde paysan par une réforme agraire de type collectiviste dans les années 1970 et l’absence d’une réelle politique de planning familial conduisent à une augmentation de la densité urbaine dans des villes qui n’y étaient pas préparées, menant à des situations ingérables et explosives. En découlent une exaspération socio-économique considérable, un manque de perspectives pour une jeunesse délaissée et le discrédit d’un pouvoir usé. Les émeutes d’octobre 1988 sont une première traduction particulièrement tragique de ces graves défaillances, tout comme le sont les événements qui se déroulent depuis le début des années 1990.

1965-1978 : l’Algérie, un acteur autonome et influent

Sous Houari Boumediène, les principes d’indépendance nationale, d’anti-impérialisme et de non-alignement sont réaffirmés. Ils forment la colonne vertébrale de l’action internationale de l’Algérie, ainsi que le président Boumediène le souligne : « Indépendance nationale, coopération désintéressée et ouverte à tout le monde sur des bases claires dans le respect de la souveraineté des partenaires, rejet de la politique des blocs et des bases militaires, refus de l’exploitation économique du Tiers Monde par le biais du commerce extérieur, par le truchement du capital international ou de la vente de ce qu’on appelle la “technologie”, tels sont les impératifs que notre pays doit défendre et respecter, pour contribuer à l’établissement de liens internationaux qui servent tous les peuples au lieu d’enrichir davantage les pays nantis et d’appauvrir de plus en plus les pays démunis. »

1979-1992 : vers plus de pragmatisme

La politique étrangère de l’Algérie sous Chadli Bendjedid est marquée par le contexte international ainsi que par sa situation interne en évolution rapide, notamment à partir de la fin 1988. Certains grands dossiers de l’époque précédente perdent de leur importance. Ainsi, la problématique du dialogue Nord/Sud et celle du non-alignement ne sont plus des thèmes porteurs sur la scène internationale. L’échec de la conférence sur la coopération économique internationale, se concluant en juin 1977 sur un constat de désaccord, marque le déclin de cette question. La dernière manifestation importante de ce dossier est le sommet de Cancun (Mexique), en octobre 1981, regroupant les leaders de 22 États développés et en développement, auquel participe le président algérien. Le mouvement des non-alignés perd de sa cohérence, et des événements comme la guerre Iran-Irak l’affaiblissent encore plus.