Un volumineux rapport (650 pages) du Groupe technique intergouvernemental sur les sols (plus de 200 scientifiques de 60 pays) de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), publié à l’occasion de la clôture de l’Année internationale des sols (2015), attire l’attention sur la menace de disparition, au plan planétaire, d’un tiers des terres arables, du fait de causes diverses qui relèvent pour une part de facteurs climatiques, mais en grande partie des activités humaines, et dans tous les cas de l’imprévision des gouvernants.
La FAO recommande, entre autres, de favoriser la culture des légumineuses. Ce n’est pas par hasard qu’après 2015, année internationale des sols, 2016 a été proclamée année internationale des légumineuses, lors de sa 68e session, par l’Assemblée générale des Nations unies qui a désigné la FAO pour la mettre en œuvre en collaboration avec les gouvernements, les organisations compétentes, les organisations non gouvernementales et toutes les autres parties prenantes concernées. Le site de la FAO explique de quoi il s’agit, en donnant d’abord la définition de ce terme «légumineuse», peu courant dans la vie quotidienne. Il vient de la même origine latine, leguminosus, que légume, mais se différencie de ce dernier par le fait que si les légumes sont des « plantes dont on consomme les feuilles, les racines, les tubercules, les fruits ou les graines », les légumineuses, elle, « désignent uniquement les plantes récoltées pour l’obtention de grains secs ». Les spécialistes de la FAO donnent en exemples les haricots secs, les lentilles, les fèves et les pois chiches qui sont « les légumineuses les plus connues et les plus consommées ». Le plaidoyer de la FAO en faveur des légumineuses souligne qu’elles « peuvent être conservées pendant des mois sans perdre leur haute valeur nutritionnelle augmentant ainsi la disponibilité alimentaire entre les récoltes ». Le deuxième rapport national sur l’état des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, publié en 2006 par l’INRA note que, pour le pois chiche beaucoup de variétés locales cultivées ont disparu, mais certaines restent encore utilisées à Aïn Témouchent, par exemple. La même source indique que la lentille tend à disparaître du paysage agricole, car très peu de surfaces restent emblavées. Les experts de l’INRA rappellent que « ses zones de prédilection sont les hautes plaines et les plaines intérieures. Mais la région du Sersou (Tiaret) reste la principale région connue pour la culture de la lentille ». Quant à la fève, une variété locale, dénommée Mziraâ originaire du Sud algérien, reste « la plus cultivée dans la région de Biskra en irrigué comme légume vert ». La FAO souligne les nombreux avantages « écologiques» des cultures intercalaires à base de légumineuses qui permettent de «mettre en place des exploitations plus résilientes et plus durables et d’augmenter la sécurité alimentaire et la sécurité des revenus », d’augmenter la biodiversité végétale et de créer un cadre plus varié pour les animaux et les insectes. Autres avantages : amélioration de la fertilité des sols (par leur capacité de fixation de l’azote), réduction de l’érosion des sols et contribution à contrôler l’apparition des nuisibles et des maladies. Les spécialistes de la FAO, précisent encore que « la production des légumineuses est très économe en eau, notamment si on la compare aux autres sources de protéines ». Et, pour couronner le tout, cette culture est « un allié inattendu pour lutter contre le changement climatique » avec une empreinte carbone plus faible et donc, indirectement, une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Enfin, la FAO nous rappelle un fait que les Algériens savent parfaitement : «Dans les pays en développement, les légumineuses représentent 75% des régimes alimentaires moyens, contre 25% seulement dans les pays industrialisés».