Annaba,Le complexe d’El Hadjar dans la tourmente

Annaba,Le complexe d’El Hadjar dans la tourmente

Les travailleurs, à leur tête le bureau syndical, menacent de recourir au débrayage, et même au-delà…

Une nouvelle fois, le complexe est en crise et risque de s’embraser.

De nouvelles mesures portent notamment sur l’hypothèque que la Banque extérieure d’Algérie (BEA), a exigé en guise de garantie, aux fins de débloquer les fonds nécessaires au lancement du plan global d’investissement, au montant de 500 millions d’euros. Un investissement portant sur le développement et la modernisation pour les 5 prochaines années.

Cette bonne volonté avait été affichée par la direction générale d’ArcelorMittal, lors des négociations du mois de mars 2011. Ce projet, notons-le, a eu un écho favorable des pouvoirs publics et des principaux partenaires sociaux, permettant ainsi la pérennité du complexe et des emplois, par l’augmentation des capacités de production. Bien que ce projet ait été présenté dans un contexte de crise financière et économique mondiale aiguë, les partenaires sont tout de même parvenus à trouver les moyens localement idoines au financement de ce plan global d’investissement. Depuis, les discussions ont été entamées avec la BEA sur les possibilités de trouver les formules adéquates, pour soutenir le financement possible de ce projet.

Attendue avant la fin du 31 décembre de l’année écoulée, la mise en place du plan de financement proposé par la Banque extérieure d’Algérie (BEA) se trouve bloquée au motif qu’une demande de garantie supplémentaire a été exigée par la BEA à laquelle s’ajoute un problème réglementaire, en rapport avec la mise en place même de cette demande.

Cette dernière a trait au terrain sur lequel est implanté le complexe sidérurgique d’El Hadjar. Cette surprenante nouvelle (demande d’hypothèque) est à l’origine du blocage. Si aucune initiative n’est engagée à l’effet de résoudre le problème, les travailleurs, à leur tête le bureau syndical, menacent de recourir au débrayage, et même au-delà… Car certains employés de l’entreprise ArcelorMittal, contactés par téléphone, avouent ne pas comprendre le comportement de cette institution financière, en l’occurrence la BEA. Nos interlocuteurs ont fait savoir que des garanties sur le nantissement des installations existantes et futures, ont été données. Ces garanties représenteraient 46 milliards de DA, ce qui dépasserait quatre fois le montant du financement à octroyer.

Les mêmes propos ont été appuyés par le communiqué émanant du secrétaire général du bureau syndical d’ArcelorMittal. Cette décision prise par la Banque extérieure d’Algérie a mis de l’huile sur le feu.

Puisque la situation prévalant déjà au sein de l’entreprise est au stade de la crise, notamment lorsqu’on sait que le paiement des salaires des 7 200 employés du complexe, s’effectue au forceps, n’était l’aide du comité de participation.

Quant à la demande de la BEA relative au terrain de l’entreprise comme garantie, aux termes du communiqué, ArcelorMittal loue ce terrain à son actionnaire Sider, d’une part et d’autre part, ArcelorMittal ne peut en aucun cas hypothéquer un bien appartenant à l’Etat algérien.

De cause à effet, la situation se complique de plus en plus au sein de l’entreprise ArcelorMittal mettant outre la AMA en défaut de paiement, faute de soutien financier. Aussi, la direction d’ArcelorMittal se verra dans l’obligation de procéder au dépôt de bilan, le 08 Janvier 2012, par-devant le tribunal d’El Hadjar. A l’issue de cette situation, le partenaire syndical n’ayant aucune alternative que celle de recourir aux grands moyens, la grève en l’occurrence, pour faire sortir les décideurs de leur silence. Selon le document dont nous détenons une copie, les travailleurs de l’entreprise d’ArcelorMittal se disent outrés, quant à l’indifférence des responsables du secteur, et refusent d’être traités comme des victimes expiatoires et de subir continuellement le mépris des pouvoirs publics. De ce fait, il a été mis en oeuvre des actions de protestation. Ce fut là le résultat du conseil extraordinaire, élargi aux membres de l’assemblée générale du comité de participation, organisé le 4 du mois en cours, au siège du bureau syndical, présidé par Smaïn Kouadria, SG, et ce pour faire face à cette situation des plus préjudiciables qu’a connue le complexe d’El Hadjar. Aux termes de ce conseil, il a été retenu trois points essentiels.

Le premier porte sur l’incessante revendication du déblocage en extrême urgence du plan de financement et d’investissement. En outre, il est revendiqué d’assurer des cahiers des charges pour la tuberie sans soudure (Pipes and Tubes Algeria). Aussi il a été résolu, lors de ce conseil, la mise en place d’un plan de recrutement et de formation, qui va de pair avec l’investissement. A défaut de financement, la revendication portera sur la récupération par l’Etat du complexe d’El Hadjar, la Tuberie sans Soudure (TSS).

Le syndicat d’ArcelorMittal, arrivant éventuellement à ce stade de la situation, menace d’observer au niveau du siège de Chaiba, une journée de protestation le jeudi 19 janvier 2012 avant de radicaliser le mouvement avec un déplacement à la Centrale syndicale pour y observer des sit-in les 24 et 25 du même mois, regroupant les SG de toutes les sections syndicales et des coordinateurs des comités de participation. Le mouvement pourrait se durcir si la crise n’évolue pas dans les prochains jours, puisque les travailleurs menacent de recourir aux marches pacifiques et à une grève générale illimitée. Au moment où nous mettons sous presse, le wait and see est la carte des sages du syndicat de l’entreprise ArcelorMittal, et les acteurs concernés par ce conflit maintiennent leur black-out. Cependant, le projet du plan d’investissement reste tributaire des exigences de la Banque extérieure d’Algérie, et la colère des travailleurs nourrit les flammes d’un brasier qui risque de se propager à d’autres entreprises dans la même situation à Annaba.