Devant abriter beaucoup de projets d’investissement, ces deux zones à fortes potentialités touristiques sont, à présent, ballottées entre le manque de civisme des citoyens et le laisser-aller des autorités.
L’adoption par décret, au mois d’octobre 2013, des plans d’aménagement touristique (PAT) de la baie ouest de Chetaïbi et d’Oued Bagrat (Séraïdi), deux zones censées abriter des projets d’investissement, n’est pour beaucoup que de “la poudre aux yeux”. Car, estime-t-on, la réalité sur le terrain est totalement autre, et le retard enregistré sur ce plan est important. Aucun projet n’a, en effet, été lancé dans ce cadre, et ces deux régions à fort potentiel touristique restent les parents pauvres de la wilaya de Annaba.
À commencer par le village de Séraïdi, situé en plein cœur des monts de l’Edough, à 13 km seulement de la ville de Annaba, qui n’offre aujourd’hui plus rien, ni aux Annabis ni aux visiteurs. L’ex-Bugeaud, véritable paradis terrestre, qui culmine à 900 m d’altitude, en contrefort de la grande plage d’Oued Bagrat, est livré à lui-même et aux aléas du temps. Ceci en raison du manque de civisme des uns et du laisser-aller des autres. Autrefois destination privilégiée de milliers de vacanciers, le village touristique de Séraïdi n’est plus ce qu’il était.
Même sa végétation a été atrocement massacrée, laissant place aux “beznassa” de l’habitat précaire, qui y sévissent loin des regards, dans toutes les zones boisées. De son côté, la commune de Chetaïbi, à 70 km à l’ouest de Annaba, souffre le martyre. Il est navrant de constater que l’un des plus beaux villages d’Algérie niché au sein de l’une des plus belles baies au monde soit aussi pauvre et isolé.
Pour comble, on assiste, depuis 2 ans, sur le site de la baie ouest, à la poussée monstrueuse des constructions illicites. Situé dans le prolongement des monts de l’Edough et construit sur le flanc d’une montagne qui se jette dans le golfe de Tekkouche, le village est un merveilleux tatouage architectural épousant les traits de la nature et mariant la montagne à la mer. Ainsi, malgré toutes ses gigantesques potentialités naturelles, Chetaïbi ne profite de ces atouts que durant les deux mois de la saison estivale. Et là encore, beaucoup reste à faire, car les capacités d’accueil y sont pratiquement inexistantes. Les touristes qui choisissent cette destination n’ont à leur disposition, en fait, que les locations d’appartements, souvent à des prix hors d’atteinte.
Ces deux coins de paradis méritent un meilleur sort, surtout lorsqu’on sait que le développement du tourisme constitue une alternative à la dépendance de l’économie nationale des ressources provenant de la vente des hydrocarbures. Au-delà du fait qu’il crée de l’emploi, le tourisme est un créneau très porteur. Sous d’autres cieux, c’est le secteur qui génère le plus de rentrées en devises fortes… Pourtant, ce ne sont pas les projets qui manquent, et un minimum aurait certainement permis de faire sortir ces deux régions de leur isolement. Une situation qui en dit long sur la politique de développement local dans la wilaya de Annaba, si politique il y a !
B. BADIS