Annaba: Le revers de la médaille

Annaba: Le revers de la médaille

Chassés de leurs pays par l’extrême pauvreté ou la guerre, ils atterrissent à Annaba en quête d’un improbable eldorado, soit dans l’espoir de rejoindre un jour l’Europe, soit parce que les conditions de vie dans cette ville sont, malgré tout, moins mauvaises que dans leurs pays d’origine.

Victimes des aléas des guerres ou de la pauvreté, les migrants subsahariens se sont orientés vers l’Algérie où ils tentent de survivre de la générosité d’un destin et d’une société imprégnée des valeurs d’une religion, qui appelle à l’aide son prochain.

D’autres, par contre, animés par l’eldorado européen, se rendent en Algérie, dans les villes côtières, essentiellement à Annaba où, les réseaux organisateurs d’immigration clandestine, se chargent de leur faire atteindre l’Europe, via l’Ile de la Sardaigne dans le sud de l’Italie.

Ainsi, suivant leur destin et usant de la générosité des populations annabies, ces migrants africains, distingués par leur calme, s’adonnant pour la plupart à la manche, ont su se faire une place au sein des habitants de la ville de Annaba. Occupant chacun en silence son coin, les subsahariens interpellent le regard des passants, qui ne peuvent l’éviter, sans mettre un rond dans la boîte d’aumône. On les trouve un peu partout dans la ville et sa périphérie. «Sadaka, Allah sadaka», ou encore «Rabi y aâtik soukna», tels sont les propos pour mendier et susciter du coup, la générosité citoyenne.

Leurs enfants sont devenus avec le temps les mascottes de la ville. On les voit entrer et sortir de tel ou tel commerce, les mains pleines d’argent et d’autres choses. Très familiers avec leur nouveau milieu, on les voit s’éloigner de leurs familles et jouer innocemment, en se faufilant entre les jambes des passants.

La journée terminée, on les voit sur le chemin de la voie ferrée ou le grand pont où ils passent la nuit, non loin d’un point fixe, de contrôle de police. Bien que les autorités locales aient tenté tant bien que mal de leur offrir un toit, dans les centre de SDF, il demeure néanmoins que les subsahariens préfèrent la vie à l’air libre. Ce qui n’est pas le cas pour d’autres. Motivés chacun selon ces ambitions, ces migrants africains, sont célibataires de leur état et sont en colocation avec d’autres de leurs concitoyens.

Ils habitent plusieurs quartiers de la ville de Annaba; situation imposée pour limiter les dépenses et mettre un peu d’argent de côté, qu’ils envoient à leurs familles dans leurs pays d’origine. Ceci n’est pas l’objectif d’autres migrants africains. Cette catégorie de migrants fait depuis quelques années partie des réseaux de banditisme. Ils sont des centaines à vivre dans un hôtel à la vieille ville, où ils imposent leur diktat, le moins que l’on puisse qualifier de gang. Un dévolu jeté aussi, sur l’un des plus chauds quartiers de la ville de Annaba, les Lauriers roses en l’occurrence. Spécialisés dans le faux et usage de faux de documents, monnaie, escroquerie, charlatanisme et l’organisation des expéditions d’immigration clandestine, ces migrants africains rivalisent avec les réseaux de la criminalité locale.

D’ailleurs, c’est ce qui explique le flux des migrants noirs africains sur les côtes est du pays. Ils sont de différentes nationalités africaines, à s’être introduits illégalement en Algérie, via les frontières maliennes et nigériennes, faisant de la ville de Annaba, un point de transit, pour se rendre en Europe, depuis les côtes de Annaba. Bien que la divergence des moyens soit de mise, l’objectif est le même, fuir la pauvreté et l’insécurité.

Un état de fait, qui en dépit des désagréments occasionnés par moments, par certains d’entre eux, cela n’a en aucun cas, affecté le sens du devoir des Annabis à l’égard de leurs hôtes durant le mois de Ramadhan. Un mois où les scènes de solidarité se sont de plus en plus renforcées à leur égard. Des dizaines d’actions de solidarité et des initiatives sociales en faveur des familles africaines. Achat de vêtements de l’Aïd pour les enfants, dons de la Zakat el Fitr entre autres actes charitables, de la part de la population et des autorités locales. Ce qui renseigne sur les valeurs religieuses et morales des Annabis, mais surtout reflète la conscience de tout un chacun…au sein d’un Etat accueillant et n’éprouvant aucune distinction à l’égard des populations des pays voisins.