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Réitérant leur refus des 3B, les étudiants des universités de Annaba ont marché pour revendiquer la prise en main du destin du pays et de son avenir.
Après la désignation du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, président de la République par intérim, pour 90 jours, la rue, à Annaba, a commencé à s’agiter. Il n’a fallu que quelques minutes pour que la place du 1er-Novembre soit investie par des milliers de manifestants. Ces derniers, dont bon nombre d’entre eux étaient aux aguets, attendaient la fin de la réunion du Parlement. La désignation de Bensalah est tombée comme un couperet sur la population dont la déception était bien visible sur les visages. Les étudiants, quant à eux, n’ont pas perdu de temps. Ils ont investi la rue par centaines, scandant des slogans hostiles au système, aux 3 B et à Bensalah, notamment.
En ce 7e mardi de la marche des étudiants, c’est la première fois que des axes routiers sont bloqués. En effet, les étudiants en médecine ont fermé la route principale devant la grande poste à Annaba, pendant que ceux de l’université de Sidi Achour ont «pris en charge» la route reliant la zone Ouest au chef-lieu de la commune. Cette action, la première du genre depuis le début du mouvement populaire, se présente comme étant une forme de radicalisation, qui, faut-il le noter, n’a nullement dérangé les automobilistes qui l’ont approuvée. Au centre-ville, les voix se sont élevées contre ce fait accompli, accusant de «traîtres» les parlementaires qui étaient présents à la réunion, ont lancé les étudiants manifestants, taxant le désormais chef de l’Etat par intérim, «d’homme qui a joué un rôle clé dans le système de Bouteflika».
Les étudiants, en furie, ont revendiqué la libération du pays des griffes des hommes de Bouteflika. Selon les étudiants, «même démissionnaire, Bouteflika garde sa mainmise sur le pays», a affirmé un étudiant de droit «L’application de l’article 102, sans les articles 7 et 8, ne rime à rien», a ajouté notre interlocuteur. Les 3B ont constitué la revendication centrale de la marche des étudiants à Annaba. Dans une atmosphère tendue, les étudiants brandissant des portraits barrés sur toutes les pancartes, étaient intransigeants sur leur départ immédiat, à leur tête Abdelkader Bensalah, dont la revendication était présentée comme une exigence unanime et non négociable.
La marche des étudiants était aussi une occasion pour les populations qui ont affiché leur refus de cette désignation qualifiée de «honteuse». Usant de haut-parleurs, des voix se sont élevées au sein de la foule, appelant les populations à la vigilance. On pouvait entendre: «Fikou ya nass, rahom yetlaâbou bina, bach idhaâfou iradet echaâb.»