Ils sont des milliers à avoir bénéficié d’un logement social, après avoir enduré des années le calvaire des conditions inhumaines des bidonvilles à la wilaya d’Annaba.
Jouissant aujourd’hui d’un cadre de vie approprié à leur statut d’humains, les bénéficiaires des nouvelles habitations sociales, destinées à la résorption de l’habitat précaire, ont banni à jamais les constructions illicites. Relogés ou recasés dans des appartements neufs, dans les nouveaux pôles urbains créés dans les périphéries du chef-lieu de la ville d’Annaba, El Bouni, Boukhadra ou El Kalitoussa, le sentiment de citoyenneté se fait sentir chez les familles bénéficiaires. Khaldoune, Rachid, Fella et bien d’autres sont un exemple vivant des familles ayant vécu l’enfer des bidonvilles.
Interrogés sur leur nouvelle vie, nos interlocuteurs ont été unanimes quant à la joie qu’ils n’ont pu décrire. «31 ans j’ai dû attendre pour décrocher un toit. J’ai été mis à la porte par l’acheteur de la maison. Aujourd’hui, je me sens humain, car je vis dignement», a relaté Khaldoune, père de trois enfants. Des cas similaires et différents de personnes ayant été contraintes d’habiter dans un bidonville, ont inlassablement attendu un logement décent.
En dépit de leur vie dans des baraques dénudées de besoins élémentaires pour la vie, toilettes, eau, électricité et gaz entre autres, ces familles et tant d’autres ont eu la vie dure au sein de ces concentrations populaires précaires. La lutte contre les aléas de la vie, maladies, absence d’infrastructures en rapport avec leur quotidien, mais surtout l’impact des maux sociaux qu’abritaient les bidonvilles, ont été le fardeau porté durant leur présence dans ces milieux hostiles. Heureusement, la satisfaction en fin de ligne, a effacé le sentiment d’injustice et de désarroi.
«C’est toujours la joie et la fête quand on se réveille dans une maison où toutes les commodités sont assurées, sanitaires et eau surtout», dira Fella, dont le regard exprimait le bonheur. Une situation qui n’a pas fait perdre à notre interlocutrice et les autres leur sens du civisme, que renseignent l’aspect et l’entretien de l’appartement à El Kalitoussa. Ce qui n’est pas le cas pour d’autres, Aârifa, Fatma, Ayachi, Miloud et tant d’autres occupants de nouvelles habitations à la cité El Bouni. Issus pour la plupart d’entre eux de l’exode rural imposé pour les uns par les affres du terrorisme, pour les autres la recherche d’un travail, mais entre les uns et les autres, il y a ceux qui aspirent à la vie des grandes villes comme Annaba.
Un sentiment légitime, pour peu que l’adaptation à la vie citadine s’y prête. C’est le cas de le dire pour plusieurs exemples, notamment la majorité des bénéficiaires d’unités sociales dans les différentes cités, nouvellement réalisées. Des actes à l’origine de la dégradation, une fois de plus, du cadre de vie, mais surtout la ruralisation des cités urbaines où le décor hideux repousse, voire même agresse le regard à plus d’un égard. Un état qui ne semble pas déplaire à certains bénéficiaires de logements sociaux. «Ces cités dortoirs que l’on construit et attribue aux demandeurs sans contrôle ni droit de regard de la part des pouvoirs en charge du parc immobilier à Annaba», nous confiera un responsable de l’Opgi d’Annaba.
«L’impunité des actes vandalisant et défigurant des logements sociaux, notamment les façades, est un facteur de dégradation du cadre de vie des cités», a expliqué l’interlocuteur. En dépit de cette situation et tant d’autres, il demeure le fait que les opérations d’attribution de logements au profit des demandeurs se poursuivent toujours à Annaba, et les nouvelles cités se réveillent chaque jour avec des cortèges de camions poids lourds chargés des effets des familles bénéficiaires.