Annaba, La misère gagne du terrain

Annaba,  La misère gagne du terrain

A l’instar de toutes les villes du pays, la wilaya de Annaba qui compte plus de 11.000 familles nécessiteuses, est touchée par le fléau de la mendicité.

En effet, ce phénomène prend des proportions inquiétantes dans cette ville. Dans tous les coins de Annaba on rencontre des personnes touchées par ce fléau social.

La mendicité est pratiquée beaucoup plus par les femmes qui sont souvent accompagnées de petits enfants pour mieux pousser les passants à mettre la main dans la poche et voler à leur secours. Pour pratiquer la mendicité, certaines femmes squattent les trottoirs en tendant la main aux passants, dans l’espoir que ces derniers aient de la compassion et de la pitié envers elles. D’autres choisissent, les places stratégiques de la ville. Comme les entrées des mosquées ou les places publiques les restaurants et les marchés, alors que d’autres se déplacent dans toutes les rues et ruelles pour demander l’aide des automobilistes et les piétons. Combien sont-elles à exercer cette activité dans la wilaya de Annaba? Y a-t-il des organisations censées protéger l’enfance? Existe-t-il des lois pour la protection de ces familles? Des questions que l’on se pose quotidiennement et qui restent sans réponses. Les pouvoirs publics continuent de faire la sourde oreille et les services de l’action sociale continuent de mettre en avant leur ignorance quant à l’existence de ces pauvres personnes qui, en toute vraisemblance, échappent aux mailles du prétendu filet et aide sociale. Nous sommes allés à leur rencontre pour mieux comprendre la vie misérable qu’endurent quelques-unes de ces familles. Fahima âgée de 46 ans, accompagnée de ses deux enfants, nous confie: «Mon mari est décédé des suites d’une maladie cela va bientôt faire 5 ans et je n’ai pas trouvé de travail.» Sans aucun niveau scolaire une quelconque capacité professionnelle pour dénicher un petit job, Fahima, lasse de se faire refuser une quelconque aide de la DAS (direction des affaires sociales), a été contrainte de subvenir un tant soit peu aux besoins de ses deux petits gamins, en recourant à la mendicité. Quand on lui a demandé pourquoi elle n’a pas placé ses enfants dans un centre spécialisé ou dans une famille d’accueil, elle nous a répondu les larmes aux yeux «Je ne peux pas abandonner ma progéniture, c’est une partie de moi que j’abandonnerai.» Elle nous demanda du coup si notre mère serait-elle capable de nous donner aux autres. «C’est à cause d’eux que je me suis sacrifiée et je suis sortie dans la rue pour faire la manche», a ajouté Fahima. Aujourd’hui, cette mère poule ne demande rien, juste un travail pour vivre dans la dignité avec ses deux garçons. Même scène devant la mosquée El Amir Abdelkader, où plusieurs femmes sont assises devant l’entrée principale. A chacune sa situation et son cas, mais le quotidien est commun. Il est fait d’un destin misérable. Elles sont toutes ou presque accompagnées d’enfants et demandent l’aumône pour l’amour de Dieu.

La crise sociale que vit le pays ne fait qu’aggraver davantage la situation, voire la rendre alarmante. On est arrivés au point où des enfants innocents, voir des bébés sont exploités pour mieux attirer la compassion des passants.

La situation devient de plus en plus grave, pour ne pas dire illégale et nécessite une plus grande attention de l’Etat. Cet Etat notons-le, qui au moment où les nécessiteux algériens, qu’ils soient à Annaba où ailleurs, ont besoin d’une prise en charge considérable, vient en aide aux nécessiteux des pays pauvres. Les actions humanitaires de l’Algérie ont fait d’elle le point cardinal des pays en question dans le monde. C’est dire que l’humanisme pense d’abord à soi-même, avant de passer aux autres.

En effet, la réalité est telle, notamment en cette période où le mois sacré de Ramadhan n’est qu’à quelques semaines. Un mois que tous appréhendent qu’ils soient riches ou pauvres, surtout avec la flambée ramadhanesque des prix.