Annaba «La coquette» Un joyau sur les rives de la Méditerranée

Annaba «La coquette» Un joyau sur les rives de la Méditerranée

Une longue route creusée au milieu de centaines de bâtiments en construction et d’autres en ruine nous conduit vers cette «coquette» nommée Annaba. Erigée avec élégance au cœur de la Méditerranée, c’est la reine de la côte algérienne. En entrant à Bône, un large panneau nous souhaite la bienvenue.

Hippone, Hippo-Rigius, Boone ou même Bône, Annaba séduit toujours et ce, depuis des siècles, des milliers de personnes qui viennent la visiter. Elle se montre très accueillante, d’ailleurs un célèbre homme de littérature avait un jour dit en visitant le cimetière de Bône, qu’«il était tellement beau que l’on a envie de mourir». Cette dame  «coquette» est l’une des plus belles villes ouvertes sur l’Atlas. Depuis la fontaine romaine jusqu’à Sidi Akach, en passant par les Sables d’or, la beauté de ces lieux réussit à nous captiver et nous surprendre à chaque fois.

La splendeur des plages paradisiaques attire les estivants

Les plages sont prises d’assaut par des groupes d’estivants qui, munis de leurs parasols et de serviettes couleurs d’été, se pressent, dès le lever du soleil, pour s’installer au bord de l’eau. Il faut dire que toutes les conditions d’accueil et de sécurité sont réunies dans les vingt et une plages autorisées à la baignade. Khaled et Rym, un jeune couple de Tlemcen que nous avons rencontré à la plage des Sables d’or, à la recherche de repos après une année de dur labeur, ont voulu connaître les plages de Annaba. «C’est la première fois que l’on vient ici, et ce ne sera pas la dernière fois car nous avons fait une belle découverte», a déclaré ce jeune couple avant d’ajouter : «On rajoutera Annaba à notre liste de nos endroits fétiches…». Des familles ont préféré s’installer, le temps d’une journée, à la plage Rizi-Amor où elles peuvent bénéficier des prestations de service qu’offrent les restaurants de Bel Azur. D’autres estivants venus de Tizi-Ouzou, Oum El-Bouaghi, Khenchela, ont choisi de se baigner à la Caroube et Ras El-Hamra,  «les plages de Aïn Achir» qui disposent, elles aussi, de toutes les commodités nécessaires, avec la présence H24 de surveillants et plongeurs de la Protection civile, gendarmes et policiers. Un père de famille vivant à Annaba nous explique qu’il préfère ces plages en raison de la présence des surveillants et des plongeurs de la Protection civile : « Comme ça je suis tranquille pour la sécurité de mes enfants qui sont d’ailleurs deux grands explorateurs…». Un groupe de jeunes Algérois croisé sur une route menant à la plage nous dit : «Pour nager il n’y a pas mieux que Chétaïbi qui est composé de plusieurs plages. On souhaite nous baigner dans la majorité d’entre elles». Certaines plages situées à l’ouest renferment une multitude d’espèces marines qui font la passion des amateurs de plongée sous-marine. On y croise quelques passionnés qui prennent un malin plaisir à découvrir les profondeurs de la mer. Contrairement aux autres villes du pays, Annaba offre un accès facile à ses plages où du centre-ville des jeunes et des familles s’y rendent à pied. Avec des plages s’étalant sur un cordon de plus de 10 km, la ville offre ainsi des lieux de villégiature et de détente estivale des plus prisés en Algérie. Un peu plus loin, la baie ouest de Chetaïbi, située à près de 70 kilomètres de la ville d’Annaba, à la frontière de la wilaya de Skikda et qui s’étire sur 328 hectares, nous invite a la rejoindre. Un décor naturel encore intact, est l’un des nombreux bijoux de cette ville. Cette baie séduit aujourd’hui plus d’un estivant pour y planter une tente et profiter d’un côté de l’ombre des arbres et de la fraîcheur marine. Des jeunes venus des quatre coins du pays pour admirer la beauté de cet endroit paradisiaque s’adonnent à toutes sortes de cascades. Ce lieu est aujourd’hui appelé à abriter diverses infrastructures touristiques d’une capacité d’accueil totalisant 1 254 lits et à pourvoir le marché local du travail de quelque 900 emplois, soulignent les responsables du tourisme qui veulent donner plus d’élégance à cet endroit paradisiaque.

Un patrimoine historique précieux

Certains estivants préfèrent découvrir les lieux historiques de cette ville qui résume à elle seule l’histoire de l’Algérie. A titre d’exemple, la basilique Saint-Augustin d’Annaba est l’un de ces nombreux sites historiques. Pour y accéder, un long chemin serpenté nous y conduit. La colline de St Augustin domine en contrebas le site archéologique romain d’Hippone et se trouve à 3 km du centre-ville de Annaba. Elle abritait,  à l’origine, un petit  autel  de  marbre  blanc. En restauration depuis 30 mois, ce lieu de culte a été officiellement réceptionné en 2013. Lors de notre visite guidée à ce monument dont la construction a été entamée en 1881 et achevée en 1900, et qui accueille chaque année entre 15 000 et 20 000 visiteurs, on retrouve une relique de Saint Augustin – son cubitus ramené de Pavie (Italie) où il est enterré. Saint Augustin (354-430), l’enfant de Numidie devenu évêque d’Hippone, attire aujourd’hui de nombreux estivants catholiques et même musulmans. «Ce n’est pas un saint comme les autres», vous diront les prêtres qui expliquent l’histoire de cet homme. «S’il est né à Souk Ahras en 354 et fut évêque d’Hippone où il décédera en 430, il a longtemps été considéré par l’élite du pays comme un suppôt de l’impérialisme romain». «Il faudra attendre 2001 pour qu’il soit officiellement réhabilité par le président Abdelaziz Bouteflika qui lui consacre alors un colloque international», relatent les gardiens de ces lieux sacrés. Les fidèles de cette basilique s’y invitent chaque dimanche pour prier. On peut voir ce qui reste des ruines du théâtre du haut de cette basilique. Les pièces anciennes trouvées lors des fouilles sont actuellement gardées dans le musée. Parmi les vestiges encore visibles aux visiteurs de cette ville royale, on distingue rapidement le théâtre romain avec sa grande cour, le forum, le quartier des villas, les thermes, le marché et enfin la cité chrétienne qui abrite  «la Basilique de la paix», en plus des fontaines, les citernes à eau, les maisons, la mosaïque et enfin les pavements. On imagine un moment Saint Augustin traverser le marché, lui qui a vécu dans cette ville royale pendant trente années. Une seule visite ne suffit pas pour profiter du décor historique qu’offre ce lieu magique. Des centaines de personnes y viennent chaque jour pour s’imprégner de cette culture. Des étudiants en histoire ainsi que des familles issues de Constantine et d’Alger, rencontrés sur place, ont choisi pour une journée de se plonger dans l’histoire de ce site qui résume l’élégance et la beauté de l’architecture romaine. Salim, un passionné d’histoire, nous affirme : «Je suis un grand passionné d’histoire et de vestiges. Je viens d’arriver à Annaba et le premier site que j’ai voulu visiter est le site archéologique romain d’Hippone dont j’ai beaucoup entendu parler». Une famille constantinoise composée de deux fillettes et du père, qui ne cessait de prendre des photos, nous dit : «C’est ma petite dernière qui a tenu à visiter ces ruines. Hier, c’était journée plage et aujourd’hui place à l’histoire, et je trouve qu’elles jouent très bien le rôle d’exploratrices». «J’adore le fait que chaque pierre aie des secrets à garder et à découvrir», conclut le père.

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