Annaba la coquette, qui s’était débarrassée durant les années 1980 des cités fantômes, à l’exemple de celle de l’ex-Bouhamra, aujourd’hui Boukhadra où des milliers de baraques donnaient un aspect de désolation et de misère, souffre de nouveau de ce phénomène qui semble être incurable : La réapparition des bidonvilles, qui ceinturent aujourd’hui l’antique « Bouna », a été constatée quelques années après avec l’avènement du terrorisme intégriste qui a contraint les populations des localités isolées à l’exode vers les grandes villes. Ainsi, plaie ouverte depuis des années, à Annaba, les constructions illicites se sont propagées outrageusement quelques mois peu avant la réception des premiers logements des nouveaux pôles urbains de la daïra de Berrahal, à savoir la cité Kalitoussa et la nouvelle ville de Drâa-Errich.
Essentiellement localisées dans les plus importantes agglomérations, à savoir le chef-lieu de wilaya El-Bouni, Sidi Amar et de moindre envergure à Berrahal, elles ont, grâce à des réseaux aguerris, atteint, de nos jours, des proportions alarmantes. Des sources proches aux trafiquants signalent que les constructions des baraques se font, généralement durant la nuit. Le lieu choisi est situé loin des yeux, autrement dit, des terrains propices à l’implantation de baraques sans être dérangé, à l’image des hauteurs de Kherraza et Chabbia, dans la commune d’El-Bouni, surnommée par la force des choses ; la cité de mille et une bicoques et aussi du côté des deux bidonvilles dont dispose le chef lieu de la commune d’Annaba, Bougantas et Sidi Harb. Et malgré les énormes efforts consentis par le maire d’Annaba, Farid Mérabet, depuis qu’il est à la tête de l’assemblée populaire communale, les trafiquants à l’allure de piranhas auront toujours le dernier mot. La naissance d’une nouvelle cité illicite attire les gens tels des charognards autour d’une proie. Une situation qui attire de plus en plus de « kachara » (courtiers), à entrepreneurs en bâtiment et surtout de « clients » qui débarquent des patelins de différentes wilayas limitrophes, notamment de Skikda, El-Tarf Guelma, Tébessa et Souk-Ahras, voire d’Oum El-Bouaghi et Batna. Cependant, estiment des observateurs, la complicité des services techniques des communes est flagrante. Aussi cet état de fait, a donné lieu à de véritables réseaux spécialisés dans la réalisation des baraques qui se sont mis en place à Annaba. Il se murmure que même certains entrepreneurs se sont reconvertis en constructeurs de baraques, car il n’y a pas d’impôts un travail bâclé, vite fait et payer cash d’avance. D’autres individus ont réussi à faire une main mise sur le foncier et proposent en outre des « lots vierges » avec des prix oscillant selon leur position entre 40 et 100 millions de centimes. Le prix des baraques diffère également d’une région à une autre. Les plus chères sont celles de la commune de Annaba et, à un degré moindre, celles des autres. « À Sidi Harb, dans de la plaine Ouest par exemple, une simple baraque construite en brique et en zinc, pratiquement à l’intérieur du cimetière, est cédée généralement à 50 millions de centimes”, explique un courtier versé dans ce domaine. Décidément, aujourd’hui rien n’arrête la poussée des bidonvilles. À Annaba, ce phénomène a énormément porté préjudice à l’image de marque de La Coquette. Pour rappel et selon les dernières statistiques de recensement des services concernés, la commune d’Annaba et la daïra d’El-Bouni, la plus importante agglomération de la wilaya, en détiennent respectivement, dans ce cadre, les tristes records.
B. Salah-Eddine
