Annaba: Des rideaux baissés même après l’Aïd

Annaba: Des rideaux baissés même après l’Aïd

Restaurants fermés, boutiques fermées. Nous ne sommes pas vendredi, mais tout porte à croire qu’à Annaba, c’est vendredi chaque jour de la semaine. Alors que les commerçants étaient aux abonnés absents le jour de l’Aïd El Adha, tout comme le lendemain et le surlendemain, il semble bien qu’ils aient pris des vacances prolongées.

Des rideaux baissés au grand dam, mais surtout à la grande colère des consommateurs, lesquels continuent dès lors à subir une certaine galère imposée pour aller acheter, ne fût-ce qu’une simple baguette de pain. Au centre-ville comme dans les quartiers de la périphérie, nombreux sont les magasins avec les rideaux baissés. Et ce, sans aucune explication. Du côté de la Plaine Ouest, par exemple, nombreuses sont les supérettes à ne pas avoir ouvert. Et l’excuse que l’on entend à tout bout de champ se résume aux fêtes de l’Aïd. Même chose pour les fast-foods, y compris ceux qui sont situés en plein centre-ville. Rares sont ceux ayant repris une activité totalement normale.

Et pour ces derniers, c’est la cohue totale, à tel point qu’il n’y a plus de place assise. Beaucoup de Bônois se demandent pourquoi un tel mépris à l’égard de la clientèle, mais aussi et surtout pourquoi les pouvoirs publics ne font-ils rien pour amener les commerçants à la réouverture de leur lieu de travail. « Chaque fois, c’est la même chose, s’énerve un habitant d’El Bouni. Dès que le mois sacré de Ramadan arrive, Annaba prend des allures de ville morte. Avec l’Aïd El Fitr et l’Aïd El Adha, les commerçants usent et abusent d’un droit qu’ils ont accaparé aux dépens des citoyens. »

Hier encore, beaucoup se sont résignés, soit à marcher beaucoup, soit à emprunter un mode de transport collectif pour pouvoir faire leurs courses. Annaba, visiblement, était encore endormie, bien que la circulation automobile soit présente, comme pour rappeler que nous sommes dans la quatrième agglomération du pays. Par ailleurs, et concernant cette fois-ci les commerces, qui, eux, ont rouvert, soit le jour même de l’Aïd El Adha, soit le lendemain, c’est à une véritable flambée des prix à laquelle le consommateur, impuissant, a dû se plier.

Ainsi, au marché couvert situé à l’angle de la rue Emir-Abdelkader et de la rue Ibn-Khaldoun, le kilo de pommes de terre atteint allègrement les 120 DA, et ce, bien entendu, sans aucune explication, si ce n’est celle d’un vendeur de fruits et légumes. « Nous n’avons pas travaillé samedi, a-t-il expliqué. Ça a été une journée de pure perte, d’autant que cette année encore, nous avons dû serrer la ceinture pour l’achat du mouton. Donc, nous sommes obligés de procéder à des augmentations, faute de quoi, nous ne pourrons pas travailler. » Une affirmation qui n’est pas du tout du goût d’une consommatrice, qui estime que les pouvoirs publics devraient davantage intervenir quant à ce qu’elle considère comme une prise en otage du consommateur.

Entre des magasins fermés et des prix injustement augmentés, la population ne cesse de crier son désarroi. Nous avons tenté de contacter la section locale de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Elle était injoignable. Certains parmi les plus âgés se sont même mis à regretter l’époque des Souk El Fellah, qu’ils considèrent comme bénie. « Au moins, on pouvait trouver ce que l’on voulait et à bon prix, nous a-t-on expliqué. Ce n’est pas comme maintenant, où nous subissons le diktat de gens qui se disent commerçants, mais qui n’ont aucun sens du commerce».