Un climat tendu prévalait, hier, dans la ville de toutes les appréhensions.
Au deuxième jour de la grève des commerçants, la quasi-totalité des magasins ont ouvert hier, à travers les 12 communes de la wilaya d’Annaba.
Le mot d’ordre de grève pour contester la loi de finances 2017 et qui a semblé être un pétard mouillé le premier jour, semble susciter des appréhensions, tant au sein des commerçants que de la population.
Tout le monde a observé le wait and see pour se décider à lever rideau ou non, n’étant pas convaincu du mot d’ordre, mais la peur de l’imprévu, notamment de la violence et le gaspillage, a bien justifié la situation.
De l’avis de tout un chacun qui estime que la contestation en Algérie rime avec vandalisme.
«Nous n’avons pas la culture de la revendication pacifique, c’est la violence et le pillage qui sont les vraies raisons de tout mouvement», nous dira un commerçant de l’électroménager dans le centre-ville d’Annaba.
Notre interlocuteur a rappelé les événements du mois sacré où des voyous et des délinquants se sont adonnés au pillage de magasins, sous prétexte de contester l’interdiction de l’activité de l’informel par les services de sécurité. «A Annaba on est totalement contre la grève générale», nous dira un autre commerçant de la rue Emir Abdelkader. Ces propos et d’autres similaires de plusieurs autres commerçants renseignent sur l’appréhension des commerçants, mais aussi et surtout des populations.
La tension des uns et des autres a bien marqué la journée d’hier. Bien que tout le monde ait vaqué à ses occupations, il n’en demeure pas moins que l’atmosphère tendue a eu le dessus sur ce jour là. Dans les rues, les cafés et les places publiques le seul sujet de discussions était la grève des commerçants, notamment après les événements de Béjaïa.
Pour certains, cela rappelle les années 1980 où la situation a dégénéré sans crier gare. Pour d’autres, le mieux est de s’approvisionner pour parer toute éventualité. Entre les uns et les autres, il y a les services de sécurité qui se sont positionnés sur tous les axes sensibles de la wilaya d’Annaba et de son chef-lieu.
Depuis la rue Gambetta jusqu’au boulevard du 1er Novembre, en passant par les différentes artères de la ville, les services de sécurité suivent du regard tout mouvement suspect. Pour l’heure, rien ne semble prédire un quelconque mouvement, hormis les spéculateurs qui, opportunistes qu’ils sont, profitent au maximum de la situation, en l’absence des services de contrôle de la DCP d’Annaba (direction du contrôle des prix).
Les prix des produits de large consommation ont augmenté, ne laissant aucune alternative au consommateur que de s’approvisionner. Ce consommateur dont le pouvoir d’achat a été agressé une première fois en 2016 par une spéculation mafieuse et une seconde fois pour 2017, par les libres imposeurs des prix des produits de l’alimentation, sous l’oeil indifférent des services en charge de veiller à la régulation des prix, la DCP en l’occurrence.
En attendant que les éléments de ce département relevant du ministère du Commerce daignent protéger le consommateur contre cette spéculation outrancière, les ménages continueront à subir cette hausse vertigineuse des prix, tous produits confondus, et les commerçants eux, se surveillent les uns les autres quant à répondre ou non au mot d’ordre de grève, pour contester la loi de finances 2017.
Situation illustrée par les appréhensions et la tension des uns et des autres au sein d’une ville hautement sécurisée.