Annaba : à la conquête de la Coquette

Annaba : à la conquête de la Coquette

Alger 17 juillet, il est 4 h15, mon téléphone sonne, c’est Billel qui m’appelle pour m’annoncer qu’il est sous le balcon de ma maison en compagnie de Rahim. C’est l’heure de partir, destination Annaba.

La veille de notre départ, nous nous sommes mis d’accord sur notre premier arrêt. Nous prenons la route en courbes pour entamer la nouvelle autoroute qui va nous mèner à notre destination, nous sommes émerveillés par l’éclat de la nature, pour être témoins de la splendeur des montagnes pures et vierges, et la visite de la célèbre station de montagne de Lakhdaria, est incomparable la chandelle. Nous traversons les plaines humides, nous remplissions soudain nos poumons fatigués de l’air frais des montagnes. Les ruisseaux gargouillent et en été, les montagnes recouvertent de lauriers roses nous donnent l’impression qu’elles sont en flammes. Puis au petit jour ce sont les premiers rayons du soleil qui viennent nous caresser le visage, mes paupières s’alourdissent et je me suis endormie à l’arrière de la voiture.

Constantine : «la mystérieuse gardée»

Dans mon sommeil, j’entendais une voix qui m’appelais, c’est Billel, notre photographe, un gentil garçon, il me réveille pour me donner une gorgée d’eau bien fraîche. Il est 7 h 45, à peine Rahim a entamé la bretelle qui signale l’entrée d’une agglomération, Billel lui demanda de s’arrêter, pour prendre en photo le nid de « Cigognes » installé sur un poteau électrique. Billel n’a pas eu le temps de ranger son appareil photo, qu’à quelques mètres avant nous, une voiture portant plaque d’immatriculation tunisienne esst en arrêt sous le pont ; sûrement de retour d’Alger le lendemain du match MC d’Alger contre l’espérance de Tunis. Curieux que nous étions, nous sollicitâmes alors Rahim de s’arrêter à son niveau. Ils étaient quatre jeunes garçons qui dormaient à l’intérieur de la voiture, et le cinquième dormait sur une serviette, juste devant la voiture.

LG Algérie

Je voulais les réveiller et leur donner une bouteille d’eau, du jus et des gâteaux pour qu’ils reprennent leur route vers leur pays, mais je me suis retenue. Pour être sincère, cela m’a fait plaisir de voir cette image. Cela signifiait que la paix et la sécurité règnaient de nouveau chez nous. Les routes étaient sinueuses, «farcies» de pancartes préventives. On pouvait y lire «Pensez à votre vie», «Roulez doucement», «Ne roulez pas trop vite, votre famille vous attend» et autres messages n’empêchent aucunement Rahim d’écraser le champignon sur fond de la musique du groupe Caméléon. Au fur et à mesure que Constantine se dévoile : une ville en hauteur où se mêlent constructions datant de la colonisation, téléphériques, vestiges romains et ponts s’élevant au-dessus de l’oued Rummel. Les Constantinois sont de sortie, emplissant les rues d’une seule nuée de pas. C’est impressionnant, la ville est aux couleurs de son drapeau, suspendu en mille et une banderoles au-dessus des têtes. Sans parler des photos géantes de notre Président Bouteflika, fixées sur la façade d’Air Algérie et des immeubles. Heureux, nous l’étions «et voici Constantine», s’exclama Billel. Constantine l’étrange Mahroussa, assise sur un magnifique rocher que le Rummel et de profonds ravins entourent d’une ceinture presque ininterrompue, se présente d’une manière aussi pittoresque qu’originale; pourtant, vue à certaine distance, la ville fait plutôt l’effet d’une citadelle européenne avec ses maisons à toits en tuiles, que d’une ville orientale; l’élément oriental ne se dégage que lorsqu’on met le pied dans son enceinte intérieure. En arrivant sur la place nous sommes accueillis par un spectacle admirable.

Le brouillard s’est levé, nous faisant découvrir le merveilleux panorama de la vallée du Rummel qui apparaît baigné de soleil, des flocons blanchâtres traînent encore à mi-hauteur des montagnes ; ce sont comme de longues bandes de brume horizontalement tendues dans l’espace et des coins entiers de paysage luisent dans l’écartement des vapeurs à des hauteurs invraisemblables, comme détachés en plein ciel. Les rues populeuses sont plus agitées que celles d’Alger, grouillantes de vie, traversées sans cesse par les êtres originaires d’autres wilayas. Les paysages de Constantine, juchée à près de 600 mètres d’altitude, sont magnifiques. Des endroits qui, à Alger, seraient envahis de couples, mais à Constantine, ce sont des bandes de potes, qui jouent à la guitare, impriment le décor, assis sur un banc. Nous avons quitté la belle Constantine tout en souhaitant y revenir, nous avons pris l’ancienne route qui mène vers Annaba.

Berrahal ville de transit

A l’entrée de Berrahal, à 60 kilomètres de Annaba. Cette ville agricole était très animée par les voyageurs venus de tout le territoire passer des vacances à Annaba ou ailleurs ; ils s’arrêtèrent le temps de manger. Sur place, Rahim a reconnu la fameuse voiture tunisienne. Je ne pouvais pas me retenir, et je lui ai demandé de s’arrêter et solliciter Billel d’appeler celui qui était tout près de nous, un sandwich à la main et une canette de boisson gazeuse dans l’autre, visage gai, souriant. « C’est vous qui étiez sous le pont juste avant l’entrée de Constantine ; vous allez bien ? J’espère que vous avez passé une nuit tranquille ? ». Lui demandais-je ; « Oui, Dieu merci ; d’ailleurs nous nous sentions en sécurité dès le premier jour où nous avons mis les pieds en Algérie ; nous sommes cinq amis venus juste pour voir le match, bien que l’on n’ait pas réalisé un bon score, on a le moral», me répond-t-il avec son accent tunisien. «Ici tout le monde est sympa, certaines personnes nous ont même proposé de nous héberger chez eux et croyez- moi cela nous a mis du baume au cœur», ajoute-il.

Arrivée à Annaba : premières impressions

Juste à la sortie de Berrahal, une pancarte de signalisation nous annonce qu’il nous restait 60 kilomètres pour arriver à Annaba. Mais nous avions l’impression que la route se rallongeait d’avantage et celui qui a mis 60 kilomètres aurait dû mettre 120 kilomètres. Petit à petit on aperçoit Annaba à l’horizon. Nous poussâmes un soupir de soulagement, «enfin nous sommes arrivés à celle qu’on appelle la Coquette»

disait Rahim. Malheureusement en cette période estivale, tous les hôtels sont complets, Dieu merci nous avons eu le soutien du wali de Annaba qui s’est chargé de nous réserver des chambres à l’hôtel «Mimosa palace», un hôtel quatre étoiles situé en face du parc d’attraction de Annaba juste avant la sortie de la ville. Cette ville située au nord-est de l’Algérie, dont le chef-lieu de la wilaya, du même nom, se trouve au pied de la montagne de l’Edough, non loin de l’estuaire de l’oued Seybouse, sur la Méditerranée. Sise à quelques kilomètres de la frontière tunisienne, elle est située dans l’Ouest du golfe Khélij El Morjane, plus connu sous le nom de golfe de Bône. Elle est traversée dans sa partie sud par deux rivières : le Seybouse dont l’embouchure, sur près de trois kilomètres, se prêtait aux opérations des navires et la Bejima qui se trouvait à une époque très reculée au centre de la ville antique, Hippone.

Bâtie au pied des contreforts des monts de l’Edough, Annaba se trouve naturellement abritée contre les vents du Nord et surtout des vents de l’Ouest qui sont les plus fréquents et les plus mauvais.

La côte à partir de l’embouchure du Seybouse se dirige dans le sens Sud Nord. Aussi, des sites archéologiques, lieux et monuments historiques, comme les vestiges et le musée d’Hippone, les mosquées El Bey et Abou Marouane, le mausolée de Sidi Brahim, la basilique Saint-Augustin, la vieille ville, avec son patrimoine de plusieurs siècles, Ras El Hamra et ses zerdas ainsi que le fort des Suppliciés sont autant de lieux à visiter et à revisiter. Chacun de ces lieux a une histoire à raconter sur les cultures romaine, numide, barbare, arabe, espagnole, turque et française. Le problème d’hébergement se posera certainement pour les retardataires qui n’auront pas pris la précaution de réserver dans l’un des trente hôtels, classés et non classés, en activité dans le périmètre de la wilaya.

Le Cours : le cœur de la cité

Le Cours de la Révolution qui jadis était appelé Cours Bertagna, est l’endroit le plus majestueux de la ville de Annaba. Il s’ouvre à l’Est sur le port de la vieille ville ; et demeure un lieu propice par excellence pour les rendez-vous de toutes sortes. Ses bancs publics installés au milieu d’un parterre fleuri ; entre autre plantes de ficus et arbres centenaires invitent les badauds à goûter une infinie douceur naturelle ; loin des rigueurs du soleil. Cette importante place publique qui semble veiller jalousement sur la ville de Annaba ; offre une ambiance non stop de va-et-vient. Son immense esplanade centrée de kiosques de glaces demeure le point d’attraction des estivants, fréquenté à longueur de la journée et durant les longues nuits de la saison estivale à la faveur des commodités de détente et de repos qu’il offre aux promeneurs, aux retraités et particulièrement aux familles qui n’hésitent aucunement à s’attabler, pour déguster les plus exquis sorbets et verres de thé tout en savourant la fraîcheur de l’air et la splendeur du site, le temps d’oublier les contraintes de la vie. Ses multitudes colonnades ; ouvrant sur des arcades, invitent à la flânerie et aux promenades tranquilles et délassantes se terminent généralement par le partage de moments de délice et de saveur. Cette place publique est également le point de départ des flâneurs vers d’autres destinations notamment les plages de la corniche ou autres lieux de loisirs. Sa position dans la ville permet le déplacement rapide et aisé des passagers à la faveur de la disponibilité des services de taxis.

La corniche : un site fabuleux

Annaba est animée d’une belle route en corniche de près de 12 km dans les détours de laquelle les falaises alternent avec les petite plages au sable fin, doré et clair. La corniche bônoise ressemble à l’eden tant vanté, à tel point qu’on oublie parfois qu’on est en Algérie. Un paradoxe que confirme la présence de plusieurs centaines de touristes et de milliers d’estivants venus d’ici et d’ailleurs. A quelques centaines de métres du centre-ville, cette corniche, ressemble à une ruche d’abeilles avec des reines d’une beauté divine qui ne demandent qu’à être mise en valeur pour dévoiler ses plus beaux atours. Des familles, des couples et des amis, en nombre, cheminant le long de la corniche, arborant des sourires heureux, se mêlent à la joie de vivre de ceux ayant la chance de s’y promener ou de goûter la fraîcheur maritime que leur offre la plage de la corniche de Annaba.

S. Oubraham (à suivre…)

Côté cour, côté jardin

Au plan de la restauration, le choix est vaste, mais attention à l’hygiène, surtout au niveau de certains lieux où la saleté est décelable au premier regard. Prudence également lors de la consommation de boissons chaudes ou fraîches, de crèmes et de glaces. A Annaba, en l’absence d’un suivi rigoureux de ces commerces de produits de consommation, l’on n’hésite pas à utiliser de l’eau, à l’origine incertaine, pour laver verres, assiettes et couverts. On n’hésite pas non plus, pour le service, à recruter des jeunes à l’hygiène corporelle douteuse et leurs vêtements laissent à désirer. A Annaba, le chant de la liberté se fait entendre, haut et fort, sans fausse note. Des hommes très vigilants, en bleu et vert, veillent à la sécurité de tous. Ils sont là de jour comme de nuit pour parer tout dépassement dans cette ambiance de paix, de fraternité et d’amitié entre les vacanciers algériens et européens.