Ancien compagnon de Benboulaïd: Ahmed Gadda, un baroudeur tire sa révérence

Ancien compagnon de Benboulaïd: Ahmed Gadda, un baroudeur tire sa révérence

Écrit par Rachid Juba

Figure historique de la résistance anticoloniale dans les Aurès, le moudjahid Ahmed Gadda (orthographié Guedda également) a été inhumé hier à Batna. Décédé dimanche dernier dans la soirée, au Centre hospitalo-universitaire de la ville, il a été accompagné à sa dernière demeure par une grande foule, constituée d’anciens compagnons de lutte

, des membres de sa famille ainsi que des Batnéens auprès desquels il était très respecté en tant que «maquisard» de la première heure, bien avant Novembre 1954.

Né en 1927 au douar Zelatou dans l’actuelle commune de T’kout, Ahmed Guedda a rejoint, à l’âge de 14 ans, le groupe des 16 «bandits d’honneur» des Aurès, sous la direction de Hocine Berrahaïl, et avait intégré les rangs du Mouvement nationaliste vers la fin des années 1940. Il a fait partie également des militants nationalistes qui ont été traqués par la police coloniale après la découverte, en 1950, de l’Organisation secrète (OS). Il a été membre du groupe auressien chargé, durant la nuit du 1er Novembre 1954, de mener des frappes contre des cibles coloniales dans la région de Biskra.

Condamné à mort par contumace avec les autres membres de son groupe, en 1950, Gadda avait pris part à la réunion historique, dite de Legrine, qu’il a qualifiée de «déterminante pour la Révolution de novembre 1954», dans un entretien ancien. Durant la guerre de libération, il a fait le coup de feu contre l’armée française. Il restera pour la mémoire et pour l’Histoire comme le dernier d’une génération de combattants à avoir connu et guerroyé avec Ben Boulaïd et les autres grands chefs de la Révolution dans la région des Aurès dès les premières heures des hostilités contre l’occupant. L’Histoire a voulu qu’il soit à son rendez-vous à la dechra d’Ouled Moussa durant cette nuit de la «Toussaint», quand le chef de la Wilaya I, Mostefa Ben Boulaïd, l’avait chargé, lui et Berrahaïl, d’attaquer des points stratégiques, dont une caserne dans la ville de Biskra qui était à plus de 100 km du lieu de la réunion.

A l’Indépendance, Ahmed Gadda a refusé toute responsabilité, selon ses proches. D’après un de ses fils, Fayçal, le moudjahid, patriarche d’une famille très nombreuse, père de onze garçons et deux filles, a bénéficié, après la dégradation de son état de santé, d’une prise en charge totale pour se soigner à l’étranger en novembre 2014, mais «il a préféré demeurer au pays». Ses dernières volontés, a-t-il ajouté, étaient de veiller toujours à la préservation de l’Algérie.