Anarchie totale dans les hôpitaux suite à la grève de la santé, Evitez de tomber malade

Anarchie totale dans les hôpitaux suite à la grève de la santé, Evitez de tomber malade

Le service minimum appliqué suite au mouvement de grève entamé par les praticiens et spécialistes de la santé publique a rendu difficile l’accès aux soins à des patients dont l’état de santé nécessite une prise en charge urgente, alors que l’insuffisance d’effectifs dans les hôpitaux et la traditionnelle mauvaise prise en charge règnent en maîtres absolus dans les salles d’attente et de consultation.

Tomber malade en ces jours froids et pluvieux, est une chose, dans la mesure du possible, à éviter. Les malades qui prennent la destination «hôpital» doivent s’armer de patience et s’attendre à ce que les structures publiques leur ferment la porte au nez.

Car le principe de service minimum mis en œuvre dans les hôpitaux stipule que ce sont seulement les cas les plus urgents qui sont admis aux soins, tous les autres cas peuvent attendre la fin de la grève de la santé pour se faire soigner.

Une tournée dans les hôpitaux algérois durant une journée pluvieuse et de grève donne une image plus catastrophique que celle des traditionnelles souffrances des patients en particulier et de l’hôpital en général.

A l’hôpital Mustapha-Pacha, l’afflux des malades a été très important dans les services d’urgences, pour en diminuer le nombre, les services d’accueil orientent les malades vers d’autres structures et éviter les longues files.

Des malades venant du Sud et d’autres wilayas n’ont pas l’accès aux soins même s’ils s’agit de cas d’urgence. Les capacités d’accueil, depuis toujours insuffisantes, sont devenues très limitées avec l’application du service minimum.

Le personnel en grève n’accepte de soigner que les cas urgents, bien que les connaissances personnelles des travailleurs ne sont pas concernées par ce service minimum, ils ont toujours l’accès facile aux salles de consultation.

Au niveau de l’Etablissement public de santé de proximité Bouchenafa de Sidi M’hamed, la salle d’attente était presque vide, vu que «l’établissement est en grève, et ne sont acceptés que les cas urgents» affirment deux dames, probablement infirmières, s’occupant de filtrer les cas urgents à retenir et à renvoyer les autres.

Il faut savoir négocier et même supplier pour convaincre ces dames qu’on nécessite vraiment une consultation urgente. Dans cet établissement, deux éléments sont mobilisés dans chaque service pour la matinée et deux autres pour l’après-midi à partir de 13h00.

Il est utile de signaler que ce ne sont pas seulement les patients qui souffrent de la mauvaise prise en charge et la négligence du département de Barkat, mais les médecins, eux aussi, n’ont pas la tâche facile parce que la majorité des malades ne veulent pas comprendre que le secteur de la santé est en grève.

C’est le cas d’un homme âgé d’une trentaine d’années, qui subitement entre sans frapper dans la salle de consultation alors que les deux femmes médecins étaient en train d’examiner un patient. Sur un ton menaçant, le jeune homme s’adresse aux deux médecins : «C’est moi qui vais vous apprendre à respecter la loi….».

L’intervention des agents de sécurité a été évidente pour maîtriser la situation, mais l’individu n’a pas quitté la salle d’attente et a attendu la brigade de l’après-midi pour se faire soigner. Pendant ce temps, une autre dispute s’est déclenchée dans la réception, après le refus des soins à un malade sous prétexte qu’il ne s’agissait pas d’un cas d’urgence.

Ce dernier ne quittera pas les lieux avant d’exprimer sa colère à l’infermière : «Vous pensez vraiment que si ce n’était pas un cas d’urgence, il ne serait pas venu dans votre hôpital de…? Et puis qu’est-ce que vous appelez un état d’urgence, vous avez peut-être un scanner dans vos yeux qui distingue les cas urgents …».

Une personne âgée qui attendait son tour nous expliquait que «normalement» et selon ce qu’il a vu dans les autres pays, «c’est aux directeurs des établissements de transmettre les doléances des travailleurs et de défendre leurs droits, puisqu’un simple handicap du secteur de la santé pourra coûter une vie humaine».

En effet, la situation des hôpitaux ne fait que se dégrader, ce sont les patients qui payent les lourdes factures, comme l’accès aux soins est devenu un luxe, ce n’est pas permis à tout le monde de se faire soigner, d’autant que le privé n’est pas à la portée des petites et moyennes bourses qui préfèrent souffrir de la maladie que de s’endetter pour se faire soigner.

Pour rappel, le mouvement de grève est maintenu selon les syndicalistes de la santé (SNPSP et SNPSSP) tandis que les marches et les sit-in sont gelés jusqu’à ce que leus revendications soient satisfaites. Les malades ne peuvent que patienter sinon laisser leur anti-corps faire leur travail en attendant que le département de Barkat fasse le sien.

Yasmine Ayadi