Anarchie totale dans les bus, L’intolérable diktat des transporteurs privés

Anarchie totale dans les bus, L’intolérable diktat des transporteurs privés

Perdant un temps interminable à la station, les bus ne démarrent que s’ils sont bondés de passagers, ignorant totalement le minimum de confort de ces derniers. Aux protestataires, il sera répondu : «Celui qui n’est pas content n’a qu’à prendre un taxi ou le train» !

Les transports en commun, les bus en l’occurrence, sont une véritable aubaine sous d’autres cieux alors que chez nous, ils constituent un véritable calvaire pour ses usagers.

De ce fait, oubliant leur mission de service public, les transporteurs publics desservant Alger vers ses périphéries et inversement, activent, surtout en cette période de ramadhan, dans une anarchie totale en l’absence de tout contrôle, imposant ainsi leur diktat aux citoyens au vu et au su de tous.

C’est ainsi qu’hier, à titre d’exemple, sur la ligne Tessala El-Merdja, un transporteur a décidé d’écourter son itinéraire comme bon lui semblait en annonçant aux usagers le «terminus» à l’arrêt de Bir Mourad Raïs les obligeant ainsi à emprunter un autre bus pour la station de Tafourah.

«Pourtant sur mon ticket, et l’écriteau sur le pare brise du bus, il est bien écrit Tafourah», dira une dame au receveur qui se contentera de confirmer qu’il n’ira pas à la gare routière de Tafourah. En fait, ce genre de comportement désobligeant, n’est pas l’unique grief porté par les usagers contre les transporteurs de voyageurs qui imposent leur loi au détriment du bon fonctionnement du service.

La liste est tellement longue que l’on se contenterait de relater que ceux auxquels les usagers font face matin et soir : Perdant un temps interminable à la station, les bus ne démarrent que s’ils sont bondés de passagers, ignorant totalement le minimum de confort de ces derniers.

Aux protestataires, il sera répondu : «Celui qui n’est pas content n’a qu’à prendre un taxi ou le train» ! Une habituée de cette ligne, indignée affirmera qu’«il nous arrive souvent de passer plus d’une demi-heure à la station.

Le chauffeur prend tout son temps et ne démarre qu’une fois le bus bourré». Hiver comme été, «la règle» reste immuable. Et si par chance quelques usagers, créent une altercation pour avoir osé rouspéter, le chauffeur démarre lentement malgré lui, le temps que le receveur racole d’éventuels clients. Car il est évident que l’unique souci qui les motive c’est la course au gain facile sans aucun scrupule, et ce, en toute impunité.

En outre, à leurs palmarès des abus viennent s’ajouter : Excès de vitesse, manœuvres dangereuses. Sur ces points, les chauffeurs de bus, du moins pour la plupart, se transforment en chauffards sur les routes. Face à la seule raison de l’obligation de résultat, ils se défient les uns les autres sur qui arrivera le premier à la station pour transporter le maximum de personnes.

Oubliant dans la foulée le risque qu’ils font courir à celles déjà présentes dans le bus. Autres éléments déplorés par les usagers : il s’agit notamment de la vétusté des véhicules,  mépris des usagers, manque d’hygiène, inconfort….

A cela s’ajoute les temps d’arrêts excessifs marqués dans les stations de bus, sans parler des différents arrêts en cours de route, faisant fi ainsi à la réglementation. Sachant que la loi fixe le temps d’arrêt pour les bus à 5 minutes avant de quitter les lieux.

A propos de l’état délabrant qui caractérise la majorité des bus qui sillonnent Alger et ses alentours sans craindre de se faire verbaliser, et qui souvent sont à l’origine d’accidents mortels, un usager se demandera  «si ces bus passent devant le contrôle technique». Il est à noter dans ce contexte, que les accidents de la circulation les plus meurtriers enregistrés entre 2011 et 2012 ont été causés par des bus.

Aussi, les statistiques affirment que 40,55% du nombre global des accidents sont causés par les transports de marchandises et de voyageurs. C’est tout dire ! L’on se demande ainsi où vont les choses devant une telle anarchie révélatrice de la gabegie du secteur, au diktat des transporteurs, au laxisme et au laisser-faire généralisé des outils contrôles.

Lynda Naili Bourebrab