Bien que la loi sur le placement des plaques de signalisation pour distinguer les lieux de vente du bétail autorisés existe, la saleté et les mauvaises odeurs restent les seuls guides pour les uns et le grand ennui pour les autres habitants dont les cités sont transformées anarchiquement en étables.
Comme à chaque rendez-vous religieux ou fête à caractère commercial, plusieurs magasins se convertissent en commerce occasionnel, en mettant à jour leur activité commerciale. Si le mois de ramadhan, à titre d’exemple, est connu par le convertissement clandestin des magasins aux priorités du mois en matière d’alimentation ramadhanesque, la fête de l’Aïd-el-adha est elle aussi connue par la vente du bétail dans des points de vente illégaux
. Malgré l’existence d’une réglementation qui interdit la vente anarchique du mouton, les quartiers, populaires notamment, font fi du respect de la loi qui prévoit la saisie systématique du bétail en cas de non-respect des dispositions de vente.
Les nuisances de la vente anarchique se ressentent davantage au niveau des villes surpeuplées à l’image de la capitale qui subit des nuisances particulières au fur et à mesure que le jour J approche. Le 17 novembre 2008, le wali d’Alger avait rendu public un arrêté régulant l’activité de la commercialisation des moutons à la veille de l’Aïd-el-adha, le document délimite les champs de vente sur 111 sites à travers 45 communes d’Alger. Les aires de commercialisation sont choisies essentiellement dans des zones plus ou moins loin des habitations et de manière à ne pas déranger la circulation routière.
Deux ans après la validation de cette réglementation, il n’est toujours pas facile de vérifier le nombre de places réservées réglementairement sur le terrain. D’autant que cette anarchie est quelque peu inévitable à compter par le problème de transport qu’ont les citoyens quand ils achètent leur mouton d’un marché assez loin de leur domicile, en plus du problème de l’indisponibilité du lieu de garde des moutons pour les habitants des bâtiments qui représentent la quasi-totalité démographique de la capitale et des autres grandes villes. A cet effet, les motivations des habitants, eux-mêmes, s’inclinent devant les nuisances d’encombrement et des mauvaises odeurs qui proviennent de leur voisinage, des jours ou même des semaines avant la fête.
Dans ce contexte, un habitant du quartier populaire Belcourt, a indiqué que faute d’espace où garder le mouton «les voisins n’ont pas un grand choix, puisque les commerçants qui louent des magasins ou des garages pour la vente gardent aussi le mouton qu’ils ont acheté, autrement les gens payeront la double facture si la vente se fait la veille de la fête, faute d’espace» indique-t-il. Une dépendance qui protège les commerçants illégaux qui ne ratent pas le recours à leur clientèle pour afficher des prix irraisonnables. La commune de Belouizdad est l’exemple à ne pas suivre vu le nombre de surfaces de ventes illégales qui ont poussé depuis des semaines déjà. Un propriétaire d’un local de location de véhicules, s’est éclipsé en cédant le lieu à un maquignon. A quelques mètres, une agence immobilière et un garage se sont convertis à la même tâche. Ce qui fait baigner une seule localité dans les mauvaises odeurs et les déchets de foin de trois étables. Par ailleurs, ce ne sont pas tous les citoyens qui se taisent devant l’anarchie imposée par les commerçants. Il y a quelques jours les habitants d’un quartier sis à El Biar (Alger) ont déposé plainte contre un voisin qui a transformé le bas d’immeuble en un champ de vente de moutons.
Le commerçant en question a tenté vainement d’expliquer aux autorités locales qu’il n’est pas un commerçant de bétail et qu’il est chargé simplement de garder les moutons de ses voisins. Un argument qui n’a pas convaincu les unités de la police qui lui ont ordonné de se débarrasser de la marchandise dans un délai bien précis.
Par Yasmine Ayadi
