Depuis quelque temps, les usagers des transports publics à Oran, plus particulièrement ceux qui utilisent les bus de l’entreprise ETO, ont remarqué des changements de comportements au niveau des prestations de ces derniers.
En effet, selon ces habitués de l’ETO, hormis le fait que les temps d’arrêt sont respectés, c’est-à-dire relativement courts, tout le reste semble avoir subi une sorte de contagion avec les bus du privé.
Il est devenu assez courant de voir ces bus bondés de passager, à tel point que le déplacement des usagers à l’intérieur, notamment pour descendre au niveau des arrêts, n’est plus une chose aisée.
De l’avis de nombreux citoyens, le fait que le bus est surchargé, est une aubaine pour les voleurs à la tire, qui en profitent pour subtiliser toutes sortes d’objets, particulièrement les téléphones portables, car l’exiguïté favorise leurs méfaits.
D’ailleurs, avant-hier sur la ligne U, un vieil homme s’est fait voler ses papiers et son portable, sans qu’il ne s’en rende compte, ce n’est que lorsque le besoin de téléphoner lui vint, qu’il découvrit qu’il avait été dépouillé. Bien sûr après que les voleurs se soient évaporés dans la nature.
Mais il y a aussi le fait que, comme les bus du privé, on ne s’offusque plus de faire monter les usagers par toutes les portes du bus, alors qu’auparavant, ces derniers ne devaient accéder que par la seule porte arrière, pour être obligés de passer devant la caisse du receveur pour payer et recevoir leur ticket.
Ce genre d’attitude on le remarque assez couramment aux heures de forte affluence.
C’est le cas de la ligne B où, par exemple à l’arrêt de bus au niveau du quartier de Victor Hugo, pratiquement en fin de journée, il y a une foule importante qui attend l’arrivée du bus, plus précisément celui de l’entreprise ETO, en raison de la rapidité de son parcours. Lorsque le bus arrive, c’est la ruée vers les portes d’accès dans une bousculade indescriptible.
A ce moment, il n’est pas rare que les receveurs encaissent et distribuent les tickets par la fenêtre. Mais il y également certains receveurs qui, généralement lorsque le bus est garé au terminus, avant le départ, sortent de leur cabine pour aller encaisser directement auprès des usagers, tout comme le font ceux des bus privés.
L’un des receveurs que nous avons sollicité pour nous donner son avis sur ces nouveaux comportements, nous dira : «Concernant le bus qui est parfois trop plein, on ne peut rien faire, car une fois que l’on ouvre les portes pour que les usagers descendent, ceux qui attendent aux arrêts les prennent aussitôt d’assaut.
Certes cela nous rend la tâche un peu plus difficile, mais que voulez-vous, la plupart des citoyens préfèrent emprunter nos bus, alors que leur nombre actuel dont on dispose, ne peut faire face à toute cette demande. On fait comme on peut».
Une dame d’un certain âge qui habite à la nouvelle cité AADL, située en face de l’université de l’USTO, qui se rend tous les jours au centre-ville en utilisant la ligne 51 pour des charges personnelles, a également dit qu’elle assistait depuis quelque temps, de plus en plus à des altercations entre le chauffeur ou le receveur et des usagers, chose qui était rarissime il n’y a pas si longtemps.
«Il est vrai que le comportement de certains usagers est exaspérant, mais il y va de la réputation de cette entreprise dont la venue dans le paysage du transport urbain à Oran, nous a permis d’avoir une autre alternative que le diktat imposé jusque-là par les bus du privé.
Par ailleurs, du côté de ces bus là, c’est toujours la pagaille avec des trajets qui s’éternisent, des disputes qui n’en finissent pas, des itinéraires qui changent selon l’humeur des chauffeurs, des arrêts grillés ou d’autres créés à la tête du client, des bus trop bondés que l’on continue de remplir, des courses poursuites qui n’en finissent pas, des transbordements de bus à bus en plein trajet etc.
A titre d’exemple, un jeune étudiant inscrit à l’université d’Es-Sénia, a fait part d’un bus de la ligne U, qu’il a pris avant-hier vers 19h 00, pour rentrer chez lui au quartier Oussama (ex-Boulanger), qui a effectué le tronçon de route qui relie l’arrêt de bus face à ladite université et l’arrêt dit Central (Medioni) en cinquante minutes (50′).
Un tel itinéraire aurait été parcouru, par exemple par un bus ETO, au pire des cas, en trois fois moins de temps. De plus, le chauffeur n’arrêtait pas de se disputer avec les automobilistes durant le trajet et utilisait sans cesse son téléphone portable.
C’est pour éviter d’avoir à se retrouver dans ce genre de posture, que la majorité des usagers de l’entreprise ETO, craignent que la contagion ne gagne celle-ci, en commençant justement par ses petits «dépassements» qui devraient être corrigés, avant que le ver ne soit dans le fruit.
S.A.Tidjani