Alors que tout le monde s’attendait à ce que le nouveau gouvernement nommé par le président Abdelaziz Bouteflika apporte des indications sur la manière dont le pouvoir algérien voulait régler la succession du président, il n’en a rien été dans les faits. La nomination d’Abdelmalek Sellal à la tête du gouvernement a jeté le trouble dans les esprits des observateurs les plus avertis. Aujourd’hui, il serait impossible à quiconque de pouvoir deviner comment se fera la succession d’Abdelaziz Bouteflika, dont le troisième mandat arrivera à échéance en 2014. Certains diplomates en place à Alger pensent que la composition de la nouvelle équipe gouvernementale complique un peu plus la donne.
« En choisissant un homme qui est certes très proche de lui, mais totalement apolitique, le président décrédibilise encore plus les partis algériens qui ont pratiquement tous applaudi la décision », explique un de nos interlocuteurs. Le FLN et le RCD déjà très affaiblis, se sont totalement fourvoyés aux yeux de l’opinion publique algérienne en n’arrivant ni à placer un homme à la tête du gouvernement ni dans les ministères les plus importants. Pis encore, deux des plus grands détracteurs d’Abdelaziz Belkhadem au FLN sont retournés aux affaires. « Aussi bien Ouyahia que Belkhadem ont été fragilisés par Bouteflika. D’ici 2014 on va voir se succéder les putschs au sein de ces deux partis », prédit un ancien ministre, aujourd’hui installé en France. Tout le monde a été étonné par la tournure prise par les événements.
« Il semblerait aujourd’hui que personne n’a ni l’envie ni le pouvoir de trancher. On attend que Bouteflika disparaisse pour redistribuer les cartes », assure un diplomate européen. Un observateur de la chose politique algérienne finit par lâcher exaspéré : « ce n’est plus de l’immobilisme en Algérie, mais c’est de la calcification pure et simple. A 75 ans, le président est vieillissant et malade. Le ministre de l’Intérieur -Dahou Ould Kablia- aura bientôt 80 ans, alors que le ministre des Affaires étrangères a, lui, 70 ans.
En plus, tous les généraux influents dépassent les 70 ans. L’Algérie ressemble de plus en plus à l’URSS de la fin des années soixante-dix, c’est-à-dire un pays fermé, géré par une gérontocratie ». Même si l’analyse de notre observateur est un peu passionnelle, elle n’en demeure pas moins très proche de la réalité.