Analyse. Les voies à explorer des investissements directs étrangers

Analyse. Les voies à explorer des investissements directs étrangers

 Au cours des prochaines années, l’Algérie va faire face à des besoins de financement importants pour prendre en charge les triples défis de la stabilisation macroéconomique, de la diversification de la structure de l’économie, de l’amélioration de la productivité et de la résilience aux chocs extérieurs. Ceci va impliquer, ipso facto, une stratégie de mobilisation de toutes les ressources domestiques mais également de l’épargne étrangère.

Une démarche à double facette. En effet, l’accroissement des ressources intérieures va demander un programme cohérent de réformes à moyen terme (couvrant, entre autres, une réforme fiscale et un renforcement de la politique budgétaire, le développement du secteur financier, une gestion rationnelle des importations, des actions pour accroitre et diversifier les exportations, une stratégie de la gestion de la dette publique et des réserves internationales de change) qui, par contrecoup va non seulement donner une visibilité à moyen terme au pays mais contribuer à la mobilisation de l’épargne étrangère, sous la forme notamment de prêts-projets, d’appuis financiers à la balance des paiement et d’investissements directs étrangers (IDE).

Ces derniers sont un élément important du développement économique et d’intégration à l’économie mondiale et, éventuellement à l’insertion dans des chaines de valeur mondiales (CVM) qui sont aujourd’hui la forme d’organisation la plus dynamique de la production et du commerce mondial. Pour de multiples raisons que nous développerons ci-dessous, et en dépit d’une accélération au milieu des années 2000, le stock et les flux (entrants et sortants) des IDE en/et d’Algérie ont deux caractéristiques :

  • (1) leur niveau modeste ; et
  • (2) leur concentration dans l’industrie des hydrocarbures.

Dans le nouveau contexte domestique et international qui se dessine à la faveur des processus de décarbonisation en cours et de développement considérable des nouvelles technologies, l’Algérie doit s’adapter très vite et œuvrer activement à capter une part de ces IDE pour augmenter son potentiel de croissance, créer des emplois et rehausser le niveau de vies des populations.

En effet, les IDE renforcent la productivité et donc la croissance économique par le biais de transferts de capitaux, de compétences et de technologies. Le but de cet article est d’apporter des éléments de réponse aux points suivants :

  • (1) les avantages et risques liés aux IDE de façon générale;
  • (2) la capacité des IDE à ouvrir la voie à une participation à une des CVM en place actuellement ;
  • (3) la situation des IDE et de la participation de l’Algérie aux CVM; et
  • (4) les politiques et actions pouvant attirer, le cas échéant, des IDE dont le pays a certainement besoin.  

Définition et facteurs explicatifs des IDE.

Les IDE sont des investissements financiers transfrontaliers entre des entreprises appartenant au même groupe multinational. En effet, les investisseurs étrangers qui cherchent à réaliser des bénéfices dans un autre pays disposent de deux véhicules :

(i) un investissement de portefeuille consistant à acheter des actions ou des obligations afin de réaliser un gain financier spéculatif à court terme sans s’engager activement dans la gestion quotidienne de l’entreprise dans laquelle ils investissent. Un investisseur de portefeuille peut ainsi vendre une action ou une obligation rapidement, que ce soit pour consolider un gain ou éviter une perte. Ceci en fait un instrument efficient et flexible pour mobiliser des capitaux; et

(ii) un investissement direct étranger (ce qui implique une approche à long terme) dans une entreprise dans le but, à long terme, d’en prendre le contrôle ou d’exercer une influence significative sur la gestion de l’entreprise. Dans le cas le plus extrême, les investisseurs peuvent construire ex nihilo de nouvelles installations en gardant un contrôle total sur les opérations.

les facteurs explicatifs des IDE:

Du côté des investisseurs :

  • (i) une stratégie d’expansion à l’étranger pour prendre avantage de marges de croissance plus importantes ; et
  • (ii) une structure de coûts de production à l’étranger plus avantageuse que les coûts commerciaux liés à une opération d’importation (droits de douane, barrières commerciales telles que les quotas et transport). Du côté des pays hôtes, l’IDE est une opportunité de créer de la nouvelle ajoutée et de s’exposer à des nouvelles techniques de production, de commerce et de management.  

Les formes d’IDE :

(1) Les IDE verticaux :

consistent à produire avantageusement (ressources naturelles abondantes ou uniques et/ou faibles coûts de main-d’œuvre) des composants qui feront partie d’un produit plus important dans le contexte d’une chaine de valeur plus importante (par exemple, investir dans une usine pour construire des transmissions qui sont expédiées vers une usine d’assemblage final dans un autre pays). Ces investissements directs dits verticaux représentent la majeure partie des investissements des économies avancées dans les pays en développement.

(2) Les IDE horizontaux :

consistent à dupliquer dans un pays étranger les procédés de fabrication du pays d’origine de l’investisseur. Le but est de fournir des biens ou des services à un marché étranger ou un marché local. Deux raisons pour ce faire: contourner les barrières commerciales du pays d’accueil et prendre avantage d’un pool d’employés qualifiés;

(3) Les formes hybrides d’IDE.

Un IDE peut combiner des éléments de verticalité et d’horizontalité dans le cas d’une filiale étrangère qui vise en même temps à fournir des biens à la société-mère, recevoir des services du siège social et également approvisionner le marché local.

(4) Les dynamiques de pénétration des IDE.

Ainsi, une entreprise peut :

  • (i) soit pénétrer un marché étranger par le biais d’investissements directs nouveaux impliquant l’apport de la part de l’investisseur direct de fonds pour construire une nouvelle usine et/ou une infrastructure de stockage et de distribution pour établir sa présence dans le pays hôte (IDE sur site vierge) ; et/ou
  • (ii) opter éventuellement pour un investissement direct dans les structures industrielles en place (IDE en friche). Dans ce cas, au lieu d’ériger une nouvelle structure de production et de distribution, l’investisseur reprend une entreprise locale existante. Un tel investissement implique l’acquisition des installations, du réseau de fournisseurs et des opérations existantes et souvent de la marque du produit elle-même. 

Les avantages et risques liés aux IDE.

(1) les retombées positives :

incluent le renforcement de l’activité économique, des finances nationales et locales (recettes fiscales complémentaires) et de la position de la balance des paiements du pays hôte (contrairement aux investissements de portefeuille dont la volatilité peut affecter négativement la situation financière du pays hôte si les investisseurs retiraient soudainement leurs fonds), la création de nouveaux emplois, l’accroissement de la productivité (la présence des entreprises étrangères, qu’elles soient nouvelles ou acquises oblige souvent les concurrents à augmenter leur productivité afin de ne pas fermer leurs portes) et l’amélioration de la qualité des produits en raison du transfert de technologies nouvelles.

(2) les risques :

sont également nombreux et comprennent : la disparition de firmes locales existantes peu performantes qui ne peuvent tenir face a la nouvelle concurrence accrue dérivant des IDE,  la non création d’emplois dans les cas des IDE reprenant une entité locale, un transfert de technologie de faible qualité et un enchevêtrement des affaires et de la politique.

En effet, les entreprises étrangères envisageant d’investir dans un pays entretiennent des relations étroites avec les pouvoirs locaux qui ont l’autorité d’approuver ou de rejeter la proposition de l’investisseur. Cela crée ainsi un enchevêtrement entre le monde des affaires et de la politique qui pourrait avoir un effet négatif sur le pays d’accueil.

L’influence exercée par les investisseurs sur les décideurs politiques devient encore plus problématique lorsqu’une entreprise étrangère acquiert un contrôle important sur un secteur de l’économie ou devient un employeur essentiel, voire le plus important, du marché.

Les IDE comme voies d’accès aux chaines de valeur mondiales

Au cours des deux dernières décennies, prenant appui sur les progrès des technologies de l’information et des transports ainsi que la baisse des barrières commerciales et sur le besoin de pousser davantage en direction de coûts de production plus bas, les IDE ont été les vecteurs d’une double réorientation de la production:

  • (1) en direction des pays émergents et en voie de développement ; et
  • (2) vers un nouveau modèle basé sur la fragmentation technique et géographique de la production.

Ce modèle est appelé communément les chaînes de valeur mondiales (CVM) ou les chaînes d’approvisionnement mondiales qui implique ipso facto que les biens et services intermédiaires franchissent à multiples reprises les frontières géographiques qui couvrent la CVM. Pour les pays avancés, les CVM donnent accès à une plus grande variété d’intrants à des prix plus compétitifs et à des économies d’échelle. Pour ce qui est des économies émergentes, les CVM sont perçues comme des voies accélérées vers l’industrialisation.

La mise en place des CVM a été couronnée de succès en raison des gains de productivité réalisés par le biais de canaux multiples:

  • (1) une division du travail plus élaborée entre les pays ;
  • (2) la disponibilité d’une gamme variée d’inputs, une plus grande concurrence, des externalités et des retombées technologiques ; et
  • (3) un impact positif sur les revenus des populations.

Toutefois, il faut relativiser les avantages lies aux CVM en précisant que les gains tirés d’une participation aux CVM ne sont pas automatiques pour tous les pays. Les pays avancés et certains pays émergents enregistrent des retombées positives, ce qui n’est pas le cad des pays à revenu faible.

Les IDE dans le monde.

(1) Les flux des IDE :

Les données de la banque mondiale indiquent qu’ils sont passés de $12,4 milliards en 1970 à $681 milliards à fin 2020, une chute de 43 % par rapport à 2019 en raison de la pandémie. Pour 2021, il est prévu que ces flux chutent de nouveau de 5%-10% pour atteindre $646 milliards ;

(2) Les stocks d’IDE:

A fin 2020, ils s’élèvent à $41,403 milliards, dont $28,826 milliards pour les pays de l’OCDE soit plles des 2/3 de ce stock, le reliquat distribue entre les autres pays du monde. A titre de comparaison, les parts de l’Afrique du Nord et des pays du Golfe sont identiques (0,2 % du stock mondial). Cette distribution inégale reflète bien entendu la taille des économies avancées, de leurs marchés et des pools importants de travailleurs qualifiés ainsi que la disponibilité de technologies de pointe. Le capital circule au niveau des pays nantis. 

Le problème des IDE fantômes.

Selon une récente étude du FMI, une grande partie des flux et du stock des IDE est de nature fantomatique, c’est-à-dire des investissements directs qui passent par des sociétés écrans qui sont de véritables coquilles vides. Ces dernières n’ont pas d’activités commerciales réelles dans la mesure où elles se concentrent sur des activités de holding, effectuent des financements intra-entreprises ou gèrent des actifs incorporels, souvent pour minimiser la feuille d’impôts des multinationales. Ces investissements fantômes ont une double caractéristique : 

(1) une forte progression sur 10 ans avec un stock passant de $12,420 milliards en 2009 à $15,000 milliards en 2019 (36 % du stock mondial), nonobstant de nombreux efforts de la part de la communauté internationale pour lutter contre l’évasion fiscale et l’évitement fiscal ; et

(2) dix paradis fiscaux (Luxembourg, Hollande, Hong Kong, les Iles Vierges Britanniques, les Bermudes, Singapour, les iles Cayman, la Suisse, l’Irlande et l’Ile Maurice) détiennent $12,750 milliards (85 %) de ces IDE fantômes. Pourquoi ? Ces pays ont une stratégie délibérée pour attirer ces IDE fantômes pour des raisons purement économiques (si les investisseurs bénéficient d’exonérations fiscales, en retour, ils emploient localement des spécialistes fiscaux, financiers et juridiques et engagent des frais d’enregistrement). Les IDE fantômes représentent une part importante du PIB de ces paradis fiscaux.

La proposition du FMI de mettre en place une architecture fiscale internationale révisée, allant des impôts minimums à l’attribution de droits d’imposition aux économies de destination va dans le sens d’une prise en charge des abus liés à l’optimisation fiscales dans le monde, pour peu qu’il y ait une coopération internationale dans ce domaine.

Le rebond des IDE et leur architecture future.

(1) le rebond :

Un rebond est possible en 2022 et au-delà. Toutefois, es trends dynamiques se dessinent qui seraient susceptibles de reconfigurer la production et le commerce mondial et influencer le rythme de progression des IDE dans le futur d’ici 2030. Ces forces en œuvre incluent :

  • (i) une poussée pour la résilience des chaînes d’approvisionnement ;
  • (ii) une plus grande autonomie dans la capacité de production ;
  • (iii) la nouvelle révolution industrielle en gestation ;
  • (iv) le basculement vers un nationalisme économique et la promotion d’une croissance basée sur la demande intérieure et régionale ;
  • (v) la promotion des investissements dans les infrastructures et les services domestiques; et
  • (vi) le trend en faveur du développement durable.

(2) Dans ce contexte, à quoi faut-il s’attendre selon la Banque Mondiale ?

  • (i) des chaînes de valeur plus courtes et de dimension régionale ;
  • (ii) la pénétration de nouveaux marchés via des plateformes numériques ;
  • (iii) une concentration plus élevée de la valeur ajoutée : et
  • (iv) une baisse des investissements internationaux dans les actifs productifs physiques, ce qui ne manquera de créer des difficultés aux pays en développement dont les stratégies d’industrialisation ont reposé sur l’attraction d’IDE, la capture d’une plus grande valeur ajoutée dans les CVM et la modernisation technologique progressive des réseaux de production internationaux.

(3) Où sont les opportunités ?

Toujours selon la Banque Mondiale, si les investissements orientés vers l’exportation et axés sur l’exploitation des facteurs de production, des ressources naturelles et de la main-d’œuvre bon marché resteront importants, il y a de nouvelles niches qui se dessinent dans les secteurs lies aux objectifs du développement durable (ODD).

En effet, les investisseurs internationaux recherchent des projets créateurs de valeur dans les infrastructures, les énergies renouvelables, l’eau et l’assainissement, l’alimentation et l’agriculture et les soins de santé.

Les facteurs favorisant l’attrait des IDE.

De très nombreux gouvernements dans le monde sont en concurrence pour susciter l’intérêt des investisseurs et mobiliser leurs capitaux. Pour ce faire, les pays avancés font valoir leurs politiques stables, leurs pools de travailleurs qualifiés et la taille importante de leurs marchés. Pour les pays en développement qui recherchent des investissements créateurs de nouvelles capacités de production de nouveaux emplois, ils misent sur la mise en place des zones économiques spéciales (mettant en proximité fournisseurs et acheteurs), la fourniture de terrains pour la construction d’installations et de généreuses incitations fiscales et/ou des subventions. En outre, dans les deux cas de figures, en plus des politiques macroéconomiques stables et un environnement des affaires facilitant l’investissement privé, les autorités développent fréquemment des programmes de promotion des investissements, qui peuvent inclure des campagnes de marketing, des bureaux d’information et même des négociations bilatérales entre les gouvernements et les entreprises étrangères. 

Bilan de l’investissement direct étranger en Algérie. 

Passons en revue les cinq points ci-dessous: 

Premier point : Les flux et les stocks d’IDE sont modestes au fil des décades,

épousant, en outre, une certaine volatilité. Pour ce qui est des flux, ils passent de 1,6 % du PIB en 1970 à 2,7 % du PIB en 1974 (au plus fort de la décennie de la planification des investissements publics), chutant ensuite considérablement à 0,1 % du PIB entre 1979 et 2000, avant de remonter à 2 % du PIB entre 2001-2008.

A partir de 2009, du fait des restrictions introduites par la loi de finances complémentaire (LFC) de juin 2009, la part des IDE par rapport au PIB a continué à chuter pour atteindre -0,3 % (les flux d’entrée étaient inferieurs aux flux de sortie) avant de remonter à 0,8 % du PIB à fin 2019. Pour les stocks, à fin 2019, selon les données du FMI, le stock des IDE entrants est de $20,7 milliards se répartissant ainsi : Etats-Unis ($5,6 milliards), France ($2,2 milliards), Italie ($2,1 milliards), Espagne ($1,5 milliards) et Royaume Uni ($1,4 milliards).

Pour ce qui est du stock des IDE sortants, il s’élève à $2,5 milliards et se décompose ainsi : Italie ($999 millions), Espagne ($368 millions), Suisse ($278 millions), Pérou ($234 millions) et Libye ($126 millions). A titre de comparaison, les IDE entrants et sortants du Nigeria sont de $87 milliards et 9 milliards, respectivement. Pour le Maroc, ils sont de $30,8 milliards et $5,2 milliards. 

Second point : Les IDE (sortants et entrants) sont concentrés essentiellement dans le secteur des hydrocarbures.

La gestion de ce secteur stratégique impliquait des partenariats et du capital étranger, ce qui ne posait pas de problèmes particuliers aux autorités.  

Troisième point : de nombreux facteurs inhibent l’attrait des IDE, dont :  

  • (i) le « principe du compter sur soi » mis en œuvre dès 1970 par les autorités pour ne pas compromettre l’indépendance économique du pays au moment du lancement du premier plan quadriennal 1970-1973;
  • (ii) l’expérience douloureuse de l’endettement extérieur du pays, un facteur majeur de la crise de 1994 (le stock de la dette extérieure avait atteint 70 % du PIB alors que le service absorbait 16,7 % du PIB) dont la résolution a conduit à un programme de réformes appuyé par le FMI et d’autres bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux et aux accords de rééchelonnement du Club de Paris (1994, 1995 et 1996) qui l’ont réduite de façon marquée. Par la suite, au vu de l’accumulation de réserves de change internationales substantielles, les autorités ont judicieusement procédé au  remboursement anticipé de la dette de 2004/2005 ;
  • (iii) les mesures restrictives sur les IDE contenues dans la LCF 2009, y compris des mesures visant à freiner la croissance des importations, des contrôles plus stricts sur les opérations de commerce extérieur, une interdiction de fournit des crédits à la consommation (hors crédit immobilier) et le plafond de 49 % pour tout investisseur étranger qui s’engage sur un nouveau projet productif, mesure étendue en 2010 aux investissements dans le secteur financier. En conséquence, l’indice de restriction des IDE est de 0,27 un des plus élevés dans le monde ;
  • (iv) des contraintes structurelles majeures telles qu’une forte bureaucratie, une gouvernance économique corrompue, un climat des affaires difficile, un secteur financier non performant et un accès très difficile au foncier ; et
  • (v) un manque de visibilité économique et stratégique qui est vitale pour des investisseurs domestiques et étrangers. 

 

Quatrième point : Est-ce que l’Algérie a besoin des IDE ?

Absolument pour de nombreuses raisons, y compris le besoin de diversification de l’économie nationale, l’accès à de nouvelles formes managériales, la promotion de la concurrence et la mobilisation de fonds importants extérieurs pour couvrir les écarts de financements sur le moyen terme (soit un montant d’environ $60 milliards sur 2022-2025) par une mobilisation de prêts projets, d’appuis à la balance des paiements et d’investissements directs étrangers.

Dans l’intervalle, les autorités ont toutefois pris un certain nombre de mesures pour attirer des IDE (abolition en 2020 de la règle du 51/49, adoption d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures, incitations fiscales aux promoteurs de projets conduisant à des opérations d’exportation) et assurer par le bais d’accord bilatéraux et internationaux la protection des investissements étrangers en Algérie. Initiatives louables mais il faut plus que des mesures prises sur une base ad hoc pour attirer des IDE. Il faut une véritable stratégie multiforme dont les axes principaux sont discutés ci-dessous. 

Cinquième point : comment le faire ? 

Il faut attirer le capital étranger, prendre les dispositions pour s’intégrer dans des chaines de valeur régionales et miser sur le développement durable qui intéresse les grands investisseurs internationaux.

Tout d’abord précisons que ces derniers ne prennent pas de décision de s’implanter dans un pays sur la base d’exonérations fiscales (un levier obsolète et inefficace) mais sur un certain nombre de facteurs lourds tels que :

  • (1) la stabilité fiscale (la non volatilité des taux et des assiettes) sur le moyen et long terme ;
  • (2) la stabilité macroéconomique ou à défaut un plan de stabilisation à moyen terme;
  • (3) la disponibilité d’outils importants tels qu’une stratégie d’endettement (avec au moins des précisions sur la nature de l’endettement recherche, la forme d’utilisation productive des prêts, et des plafonds d’endettement pour maintenir la viabilite de la dette publique), une quantification précise des écarts de financement et surtout un programme de réformes contenant des objectifs macroéconomiques à moyen terme ;
  • (4) une plus grande ouverture commerciale ;
  • (5) un cadre juridique qui encourage l’ouverture aux IDE ; et
  • (6) des projets bien ficelés qui attirent les investisseurs internationaux : sans surprise ce ne sont plus les secteurs manufacturier (saturés) ni polluants (automobiles à combustion classique), ni le pétrole (à contrecourant de la décarbonisation en cours dans le monde) mais des projets créateurs de valeur dans les infrastructures, les énergies renouvelables, l’eau et l’assainissement, l’alimentation, l’agriculture, les soins de santé, la logistique, les services financiers et les services liés aux technologies de l’information et de la communication (où les valeurs ajoutées sont très élevées).

Quelques pistes que les autorités pourraient explorer. Dans le cas où la perte de contrôle qu’implique une participation minoritaire des nationaux dans divers secteurs de l’économie émerge comme préoccupation, un édifice institutionnel chargé de superviser les investissements étrangers peut être mis en place. 

Par Dr. Abdelrahmi Bessaha – ‎senior economist · ‎International Monetary Fund