Amor Habès patron de FADERCO à l’Expression : « L’Afrique, là où il faut être! »

Amor Habès patron de FADERCO à l’Expression : « L’Afrique, là où il faut être! »

Le monde économique en Algérie est en train de prendre un sérieux virage et voit naître des champions de l’industrie, de vraies pépites de l’économie nationale.

L’Expression: Vous êtes à la tête d’une entreprise qui a réussi à toucher des pays africains. Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre expérience?

Amor Habès: Le choix d’aller vers l’Afrique a été pour nous un choix stratégique. L’Afrique, c’est là où il faut être aujourd’hui car c’est sur ce continent que les leviers de croissance sont importants et intéressants, notamment pour les produits que nous manufacturons. Nous avons dans une première étape eu à exciter certains marchés africains. Nous avons participé à de nombreuses manifestations économiques dans ces pays où nous avons également rencontré des distributeurs pour nos produits.

L’autre levier à l’export qui nous a été profitable se traduit par les nombreuses demandes qui nous ont été formulées de la part d’opérateurs qui sont intéressés par ce que nous produisons. Nous avons alors créé une cellule spéciale export au sein même de notre siège et ce pour répondre à ces demandes. Nous avons ainsi réussi à réaliser une présence permanente en Tunisie, en Libye et nous venons de pénétrer le marché marocain. Nous venons en outre de nous engager sur le marché béninois, togolais et ghanéen. Nous avons des demandes de Mauritanie et du Sénégal, de même que nous avons enclenché une exportation avec un partenaire local au Mali et qui nous a approché pour compléter ses portefeuilles produits avec la gamme algérienne Faderco.

Quels sont les mécanismes qui vous ont permis de réussir votre passage à l’export et assurer votre présence à l’extérieur des frontières nationales?

Auparavant, nous avons eu à faire le choix stratégique d’aller à l’étranger et de nous orienter vers l’export. Ceci est dans la nature des choses car lorsqu’une entreprise atteint une certaine taille, elle ambitionne naturellement de pros-pecter de nouveaux marchés et de chercher de nouveaux leviers de croissance. Nous l’avons fait de notre propre chef.

Avez-vous souffert de quelques freins dans votre démarche export, notamment la bureaucratie, le non-accompagnement des banques et comment entrevoyez-vous des solutions à ces blocages?

Il est vrai que la plus grosse difficulté qui persiste en Afrique est celle qui consiste à sécuriser les payements. Le rapatriement de l’argent en Afrique demeure un souci majeur pour l’exportateur aujourd’hui. Nous sommes passés de 120 jours à 180 jours, un délai autorisé par la Banque d’Algérie, ce qui est déjà appréciable.

Le plus dur reste de trouver les bons partenaires qui puissent distribuer nos produits et assurer le paiement des facture en temps voulu, et c’est pour cette raison que les choses prennent souvent du temps. Nos concurrents sur le continent sont les Chinois et les Turcs, mais également nos voisins de l’Est ou de l’Ouest et qui disposent de beaucoup plus de souplesse sur ce terrain. Certains clients nous formulent des commandes tests et c’est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre pour le moment. Nos produits sont des produits de volume et un seul conteneur de 40 pieds n’excède pas 10.000 ou 12.000 euros.

Qu’en est-il du volet transport?

Au même titre que les banques ou les assurances, le transport se révèle être un puissant levier logistique qui détermine le sort de toute entreprise d’export. Je cite la logistique portuaire, celle des navires, les délais d’acheminement et de livraison, l’acheminement et la livraison à un port de Lomé ou d’Abidjan ne devraient pas dépasser deux à trois semaines pour être concurrentiel.

Quels sont vos atouts pour faire face à la concurrence que vous livrent les multinationales dans ces pays-là?

Je citerai notre flexibilité, la qualité de nos produits, sachant que nous adaptons nos produits aux spécificités de chaque pays, alors que les multinationales ont des produits types pour l’Afrique. Cette flexibilité peut tout aussi bien impacter l’emballage ou le format que le prix du produit. Cette souplesse nous avantage grandement face aux multinationales. De par leur taille, nos entreprises sont par ailleurs plus facilement accessibles à nos voisins africains que les multinationales.

Qu’attendent les entrepreneurs algériens du rendez-vous d’Alger?

Ce rendez-vous est juste un coup de starter, mais il traduit tout l’engagement et la sincérité des autorités algériennes et du Forum des chefs d’entreprise pour aller de l’avant. Se réunir puis regarder vers le Sud et se concerter autour de projets à l’occasion de ces trois journées est en soi un grand pas. Ne soyez pas timides, il faut y aller, voilà le message qui devrait être annoncé à tous ceux qui s’orientent vers l’Afrique.

Il est question de s’internationaliser plutôt que d’export pour les entreprises algériennes. Il est donc recommandé aux entreprises algériennes de s’internationaliser et l’idéal pour elles consiste à avoir une plate-forme logistique qui permette aux producteurs de bénéficier de plates-formes logistiques dans certains pays et pourquoi pas implanter plus tard dans ces mêmes pays des plates-formes industrielles de production. Ce qui permettrait de rapatrier des devises comme font des pays comme la Turquie ou les multinationales.