François Hollande a certes choisi l’Algérie pour sa première halte maghrébine, mais le Maroc demeure le préféré. Nous publions avec l’accord de Slate Afrique, l’article de notre ami Akram Belkaïd, intitulé « Amis Marocains, la France vous aime aussi ».
Alors, on boude? On râle et on s’inquiète? Tout cela parce que François Hollande, président de la bonne vieille République française, jadis mère patrie pour nous et mère protectrice pour vous, s’en est venu faire un petit tour par chez nous? C’est vrai, a priori, il y a de quoi être un peu vexé. L’Histoire retiendra que l’Algérie aura été la première sortie maghrébine du président français (ce qui, au passage, fait une belle jambe aux Algériens, mais passons). Cette prééminence, on vous l’agitera sous les yeux, une manière comme une autre de vous faire bisquer sans avoir à parler du Sahara… Vous savez, la fameuse smata algérienne…
Espoir d’une nouvelle dynamique franco-algérienne
Ajoutez à cela que l’on peut décemment considérer cette visite officielle comme une réussite prometteuse. Bien sûr, tout n’est pas réglé mais l’espoir existe de voir naître une nouvelle dynamique franco-algérienne. Bref, c’est nous les Algériens «qu’on a» les faveurs de la France en ce moment. Enfin, c’est une (double) façon de parler. En réalité, nous n’avons que les faveurs de l’emballement médiatique.
Dans quelques jours, que dis-je, dans quelques heures, tout sera oublié, mes confrères journalistes de l’Hexagone s’intéresseront à autre chose (comme l’imminence de la fin du monde, par exemple) et l’Algérie et la France se réinstalleront dans leur train-train habituel en attendant la prochaine polémique ou le prochain bras d’honneur. Car, c’est ainsi, on ne peut s’empêcher de se chamailler et de continuer à vouloir régler des comptes vieux d’un demi-siècle et plus.
Le Maroc demeure le préféré
Amis Marocains, si parmi vous, certains craignent que la France officielle ne se détourne de votre pays au profit du notre, empressez-vous de les rassurer.
Le Royaume restera el-moufadal (le préféré). Dites-leur d’abord qu’on aura du mal à nous défaire de notre vilaine image. Que nous avons encore beaucoup de chemin à faire avant qu’un homme politique français n’ose dire qu’il aime l’Algérie et les Algériens. L’Algérie attend encore son Jean-René Fourtou, grand patron déterminé à faire augmenter les investissements français au Maroc. Nous n’avons pas non plus l’équivalent en France de ce cercle d’influence pro-marocain dont vous disposez à droite comme à gauche.
Les femmes et les hommes politiques français nés au Maroc sont nombreux, fiers de le dire, contents d’y revenir et prompts à le soutenir en toute occasion. Ceux qui sont nés ou qui ont vécu en Algérie, sont tout aussi nombreux mais ils préfèrent parler d’autre chose. On sent leur gêne, leur envie de se dire d’ailleurs, à l’image de Jean-François Copé à qui il faut parler d’Algérie si l’on cherche à plus que le taquiner… Il faut dire aussi qu’on y met du notre. Il y a dix ou vingt ans, on aurait pu essayer d’user du passé commun, même s’il a été en grande partie douloureux, pour faire naître de nouvelles connivences. Au lieu de cela, on continue à se dresser sur nos ergots dès lors qu’il s’agit de la France