Amine Kouider, chef de l’Orchestre symphonique national « Professionnalisme, sérieux, rigueur et ouverture sur d’autres musiques »

Amine Kouider, chef de l’Orchestre symphonique national « Professionnalisme, sérieux, rigueur et ouverture sur d’autres musiques »

Amine Kouider est, depuis juin 2014, le maestro de l’Orchestre symphonique national. Sa personnalité, les succès des formations musicales qu’il a dirigées, en Algérie et à l’étranger, lui ont permis d’être nommé « Artiste pour la paix de l’Unesco ».

Vous avez dernièrement dirigé à Constantine 150 artistes entre musiciens, choristes et chanteurs qui ont donné un spectacle intitulé « Symphonie du malouf ». Parlez-nous de cet événement…

Cette programmation est très particulière pour l’Orchestre symphonique national. Nous avons intégré, pour la première fois, tout un orchestre de la musique arabo-andalouse, en l’occurrence l’ensemble régional de Constantine dirigé par Samir Boukredera, accompagné au chant par Abbes Righi.

Dans ce spectacle, vous avez introduit, en plus de la musique, la danse. Ne pensez-vous pas que c’est un « surplus » ?

Ce n’est pas un surplus, puisque c’est une prestation chorégraphique qui dure quinze minutes. En plus, on a voulu que cette fresque festive permette la découverte des riches costumes de notre terroir. L’idée c’est de mêler à la fois plusieurs expressions artistiques, la musique, le chant et la danse. C’est finalement un concert spectacle.

Est-il aisé de diriger deux orchestres en même temps ?

C’est une lourde responsabilité. Faire en sorte que les choses se déroulent normalement entre deux orchestres, n’est pas facile, aussi bien sur le plan humain que professionnel. L’accueil que nous a réservé le public constantinois nous permet de penser, Dieu merci, qu’on n’a rien inventé, qu’on n a pas touché à l’essence de la musique. Nous n’avons fait que des arrangements, que donner des couleurs différentes avec la nouba.

Et comment avez-vous « symphonisé » le malouf ?

Dans ce spectacle, l’Orchestre symphonique national accompagne l’ensemble régional de Constantine, sur des thèmes différents comme « el djouab » ; une réponse orchestrale qui sera suivie par des instruments tels le hautbois, le violon, le violoncelle ; une sorte d’enrichissement de la couleur mais en préservant les textes, les rythmes et les formes de la musique. Ce n’est pas une fusion, encore moins de création en soi de la musique, c’est simplement une orchestration, une autre couleur, le but est d’enrichir cette musique pour faire en sorte qu’elle soit universelle parce qu’il y a des Algériens qui n’écoutent pas la musique arabo-andalouse, qui sont branchés sur d’autres genres de musique. Avec cette nouvelle couleur, cela va être intéressant.

Ne craignez-vous pas la réaction des puristes du malouf qui refusent la modernisation de ce genre musical ?

Je pense que si les puristes veulent critiquer, c’est leur droit. Je préfère qu’ils viennent écouter, assister au spectacle. Il convient de rappeler que dans ce spectacle, on ne fait qu’accompagner l’ensemble régional de Constantine.

La salle Ahmed Bey répond-elle aux normes internationales ?

Entièrement, la salle Ahmed Bey est magnifique. Sans omettre, la sonorisation de l’ONCI qui est excellente. Cette même salle est équipée pratiquement de 500 projecteurs, la scène est immense, elle fait 600 m2, on peut installer aisément 200 personnes. Je tiens à féliciter les responsables de la salle qui font un travail remarquable.

C’est quoi la particularité d’un chef d’orchestre ?

Je dirai qu’il existe, à mon humble avis, cinq mots d’ordre : le professionnalisme, la qualité, le sérieux, la rigueur et l’ouverture sur d’autres musiques.