Les faux-fuyants du Maroc
C’est donc une fin de non recevoir qu’a signifiée, hier, le Maroc par la voix de son ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Khalid Naciri, sur les ondes de Radio BBC, émettant de Londres.
Le Maroc, a-t-il déclaré « n’a aucune suite à donner à l’affaire de la dénommée Aminatou Haïder ». La communauté internationale qui s’inquiète, à juste titre, de l’état de santé de la militante sahraouie des droits de l’Homme sait à quoi s’en tenir désormais. Le Maroc entend poursuivre le chemin de l’intransigeance et de l’entêtement en restant sourd aux appels pressants lancés de divers horizons pour trouver une solution, dans le sens positif et favorable, au retour de Aminatou Haïder dans sa patrie, le Sahara occidental.
Cynique, le responsable marocain nie une évidence claire pour tout le monde et affirme, sans sourciller, que l’affaire de Aminatou Haïder, « ne concerne pas le royaume, mais plutôt l’Algérie, le Polisario et cette femme », précisant que le royaume tend « une main fraternelle » à l’Algérie et lui demande de détruire « le Mur de Berlin » qui sépare les deux pays et les deux peuples frères. Il convient d’assurer le ministre marocain de la Communication que l’Algérie n’a pas édifié et n’édifiera jamais de mur pour séparer les peuples marocain et algérien.
Il est bien mal placé pour parler de mur alors que son pays n’a pas hésité à ériger le long de la frontière algéro-marocaine, sept murs de défense ceinturent le Sahara occidental.
Pour rafraîchir la mémoire du responsable marocain, qui semble frappé d’une amnésie subite, il convient de lui rappeler que ce mur a été construit par les Marocains, avec l’aide de techniciens français, de 1980 à 1987, sur 80% de la superficie du Sahara occidental. Long de 2.720 kilomètres, érigé en six étapes, protégé par 160 mille soldats armés, 240 batteries d’artillerie lourde, plus 20 mille kilomètres de barbelés, des milliers de blindés et des millions de mines antipersonnel – interdites par les Conventions internationales -, le « Mur de défense », pour les autorités de Sa Majesté, mais surnommé par la communauté internationale le « Mur de la honte », est une grande muraille qui divise tout un peuple et son territoire depuis un quart de siècle, au vu et au su de toute la communauté internationale.
Un rempart militaire qui a fait des centaines de victimes, de part et d’autre de ses flancs, pour ceux des civils sahraouis qui ont tenté de le franchir, ou des milliers de bêtes à la recherche de pâturages. Les sionistes n’ont pas fait mieux en Palestine occupée. Par ailleurs, Il est tout aussi clair que le Palais panique, au vu de l’élan de solidarité à travers le monde, exprimé à la militante sahraouie des droits de l’Homme.
Dans sa tentative de détourner l’attention de l’opinion publique internationale, indignée du sort réservé à Aminatou Haïder, le Palais royal sort la vieille rengaine de l’appétit hégémonique de l’Algérie dans la région. Il est à rappeler, là aussi, au ministre amnésique que l’Algérie a inscrit dans son principe l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme, ce que le Maroc s’est bien gardé de faire et pour preuve l’annexion du dernier territoire africain qui était encore sous occupation espagnole, le Sahara occidental. Et à travers ces ingrédients, il est facile de savoir qui est en train d’empêcher les initiatives visant à préserver la paix dans la région et œuvrer pour l’édification du Maghreb arabe. L’avenir et l’histoire nous le diront.
Par : Sadek Belhocine