Aminatou Haïdar, la Ghandi sahraouie
Cette visite intervient à un mois (30 avril 2012) de l’expiration du mandat de la Minurso, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental.
La pasionaria sahraouie est aux Etats-Unis depuis le 26 mars (jusqu’au 9 avril) pour évoquer le dossier des droits de l’homme au Sahara occidental.
La question des droits de l´homme au Sahara occidental tient une place centrale dans les négociations entre le Maroc et le Front Polisario et les Sahraouis ont constamment plaidé pour l’instauration d’un mécanisme de protection des droits de l’homme, dont n’est pas dotée la Minurso. Un des objectifs auquel s’attelle la Ghandi sahraouie qui tentera se sensibiliser des membres du Congrès américain au niveau de la Chambre des représentants (chambre basse) et du Sénat avant de rencontrer des responsables du département d’Etat. Durant son séjour à New York, elle s’entretiendra avec des membres du Conseil de sécurité de l’ONU puis elle sera reçue par le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les droits de l’homme. Quel message portera-t-elle? Il s’agit d’alerter l’opinion publique, les parlementaires et le gouvernement américains sur «les violations flagrantes des droits de l’homme perpétrées par les forces marocaines contre le peuple sahraoui» a-t-elle indiqué mardi lors d’une conférence
à l’université George Washington. D’où la nécessité de pourvoir la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme a souligné la conférencière. «Si le peuple sahraoui, attaché à ses droits inaliénables dont le droit à l’autodétermination, continue à observer une résistance pacifique sans recours à la violence, la poursuite en toute impunité de la violation des droits de l’homme par la partie marocaine peut, toutefois, déboucher sur la violence de la part des Sahraouis… la communauté internationale en portera la responsabilité à cause de son silence et même de sa complicité», a prévenu Aminatou Haïdar. A moins d´un mois de l´expiration du mandat de la Minurso (le 30 avril 2012, Ndlr), la question qui se pose est de savoir si le SG de l’ONU ira jusqu’à appuyer, dans son rapport, l’instauration d´un mécanisme de protection des droits de l’homme? Ban Ki-moon l´avait omis les années précédentes.
Le centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l´homme dont le siège se trouve à Washington le lui rappellera encore une autre fois sans doute. «Comme le mandat de la Minurso doit être renouvelé en avril en cours (2011, Ndlr), votre leadership est nécessaire pour assurer la protection des droits de l´homme et la primauté du droit pour le peuple sahraoui à travers la mise en place de ce mécanisme», a écrit le centre RFK dans une lettre adressée au Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies. Pour rappel, le centre Robert F. Kennedy avait mené une enquête après le démantèlement le 8 novembre 2010 du camp de Gdeïm Izik (El Aayoune) par les forces marocaines. «Lors de sa visite à El Aayoune, le centre R.F.Kennedy a constaté les preuves d´arrestations et de détentions arbitraires, l´usage excessif de la force et un climat de répression généralisée au Sahara occidental… Les résultats (de notre enquête) démontrent l´urgente nécessité d’établir une présence continue, impartiale et internationale chargée de surveiller la situation des droits de l’homme. Et nous vous demandons respectueusement de prendre cela en considération lorsque vous rédigerez votre rapport en prévision du renouvellement du mandat de la Minurso en avril», avait recommandé au Secrétaire général de l’ONU le R.F.K Center. Il est fort à parier que la démarche sera renouvelée…
Ban Ki-moon entendra-t-il la voix d’Aminatou Haïdar? On le saura dans moins d’un mois.