Ameur Chafik : «L’opération régularisation des licences CAF prendra fin en 2013»

Ameur Chafik : «L’opération régularisation des licences CAF prendra fin en 2013»
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Ameur Chafik est instructeur CAF auprès de la Fédération algérienne de football (FAF). Il a bien voulu répondre aux questions de Maracana à travers lesquelles, il parle de son métier et du processus de régularisation de la situation des entraîneurs avec l’obtention des trois licences CAF en Algérie tout en évoquant le niveau du football national sans oublier, évidement de toucher un mot sur la formation des jeunes joueurs qui demande beaucoup de patience :

Quelle est la nature du travail d’un instructeur CAF comme vous êtes?

On est appelé à encadrer et superviser les stages des entraîneurs pour l’obtention de la licence CAF. Il existe une classification Caf des licences d’entraîneurs à la confédération africaine de football et on est moi et le DTN, Boualem Laroum des instructeurs qui encadrent et dirigent les stages de la licence « A ».

Combien de stages avez-vous encadré jusque là ?

Il y a beaucoup de stages que nous avons assurés en Algérie et ce, pour les trois catégories de licences CAF à savoir la licence « A », « B » et « C ». J’ai, par exemple assuré l’encadrement des stages en Tunisie et à Bamako au Mali. Boualem en a fait autant à Djibouti et Tunis. Sur le plan international, on a, moi, Laroum et Benchikha effectué des stages avec la CAF concernant le contenu de cette licence Caf en Egypte et dernièrement avec Boualem Laroum au Ghana.

Et quelles sont les perspectives d’avenir de ces licences CAF ?

Là, on va lancer prochainement l’introduction de la licence « Pro » sous la responsabilité du capitaine Chekka, M. Abdelmounaiem Hussein qui est le Directeur du développement au niveau de la confédération africaine de football. La classification des licences est simple : il y a la licence « C » pour les entraîneurs des jeunes, ensuite la licence « B » pour les entraîneurs des juniors élites, plus les séniors amateurs et il y a la licence « A » pour le poste de Directeur technique sportif (DTS).

En Algérie, et comme on est au début du professionnalisme, on pense donc dans le futur probablement introduire la licence « Pro ». Pour le moment, on se consacre entièrement à la régularisation et la normalisation de cette licence jusqu’en 2013. C’est la date précisée par la Caf afin d’arrêter cette opération régularisation. Ainsi, il va y avoir une classification cadre pour nos cadres entraîneurs, conseillers, TS 3è degré etc. Par la suite ce sera donc le cursus normal qui sera appliqué pour l’obtention des licences CAF.

Comment expliquez-vous la situation d’instabilité des entraîneurs en Algérie ?

C’est la loi du football qui incite à primer les résultats. Et puis, chez nous, on n’est pas patients, on veut des résultats immédiats. La pression exercée est telle que le fusible pour apaiser les ardeurs des supporters qui exigent des résultats immédiats. Ce qui explique bien cet état de fait lamentable et désolant.

Ce qui est remarquable c’est que cela ne se fait pas pour les entraîneurs étrangers qui ont des « circonstances atténuantes » sans que l’on sache leur véritable niveau sur le plan diplôme. On trouve même des algériens mieux formés que des étrangers qui exercent chez nous.

D’ailleurs certains ne donnent pas le plus attendu d’eux …

Il faut que l’entraîneur étranger confirme la confiance placée en lui. Mais il faut auparavant bien vérifier ses diplômes. Là, une réglementation pour la vérification de la qualification dans le métier d’entraîneur pour les étrangers chez nous est bien souhaitable. Il faut que leurs diplômes soient au moins conforment aux nôtres.

Un Lemerre par exemple, s’il signe en Algérie, on profitera bien de ses connaissances et de son expérience.

Sur le plan formation donc la DTN a du pain sur la planche non ?

On est un groupe qui effectue un travail colossal en matière de formation depuis quelques années pour la valorisation du cadre algérien. Qui, après Rogov, Zivotko, Raykov, par exemple, a, en tant qu’étranger ramené cette rigueur et ce travail de titan ? Je ne vois pas. On cite Geiger, par exemple, mais là, avec une solide équipe comme l’ES Sétif avec qui, il vient d’arracher un doublé, il va falloir qu’il confirme ce résultat. Chez nous Boualem Charef à qui, je tire chapeau, est en train de réaliser un travail remarquable en réussissant une stabilité digne des professionnels. Et puis, je rends également hommage à son président, M. Laib, qui l’a soutenu durant les moments les plus difficiles et n’a pas cédé aux tentations de le faire démissionner. Et là, je me dois de revenir à la source, tout est une question de formation des jeunes catégories. Il faut mettre le paquet sur cette formation et ne pas en parler juste en théorie. Il faut passer à la pratique et d’une manière régulière sinon, notre football ne progressera pas.

Que direz-vous sur les mauvaises prestations des équipes nationales algériennes des U 17 et U 20 récemment ?

Il y a tellement de paramètres qui rentrent en jeu pour expliquer ces défaillances. Et je cite, à titre d’exemple cette histoire de trafic d’âges des joueurs. Nous possédons des jeunes talentueux et pétris de qualités. Il suffit de leur laisser le temps pour être plus compétitifs. Avec des compétitions comme la CAN ou les championnats arabes cela aguerri les joueurs et les rend plus expérimentés. Il faut juste patienter. Regardez l’Espagne par exemple, lorsqu’elle a mis les résultats en seconde position en préparant ces jeunes joueurs, là voilà cueillir les fruits de son travail avec des titres mondiaux et européens et ce, dans les petites catégories et en séniors.

Comment voyez-vous la double confrontation Algérie-Libye pour le compte du dernier tour des éliminatoires de la CAN 2013 ?

Ce sont deux matchs très difficiles surtout que la sélection libyenne possède des joueurs qui ont des références. Ils sont très techniques. Regardez l’historique des confrontations et vous vous apercevez que tous les matchs se terminent en majorité sur des scores étriqués (1-0), (2-1), (3-2). C’est dire que c’est très serré comme confrontation où il est difficile d’émettre des pronostics. C’est un derby pour les verts et ils doivent donc être très méfiants face à ces libyens. Le seul avantage pour les nôtres, c’est s’ils disputeront le premier match sur terrain neutre.

Et que pensez-vous du groupe de l’Algérie en Coupe du Monde surtout si le Bénin sera exclu par la Fifa, ce qui avantagera le Mali ?

Pour moi, le mali reste le seul rival des Verts dans ce groupe. Il faut donc battre cette sélection malienne chez nous sur un score lourd pour faire la différence.

Etes-vous optimiste quant à une double qualification des Verts à la Can 2013 et au mondial 2014 ?

En tant qu’entraîneur, je me dois d’être optimiste. De plus, nous possédons de très bons joueurs et il y a bel et bien une bonne stabilité au sien de notre sélection. Ce qui incite vraiment à l’optimisme. En tous les cas le Mali est vraiment à notre portée au vu du dernier match disputé à Ouagadougou au Burkina Faso.

Quelle est votre conclusion ?

Je lance un message aux responsables de nos clubs pour qu’ils bougent dans la perspective d’assurer un centre de formation pour les jeunes catégories. Et puis des institutions, je demande qu’il y ait une pression pour que cela se fasse le plus vite. Il faut désormais passer à l’action. Il faut que les institutions obligent aussi les gestionnaires des SSPA afin d’avoir un DTS pour instaurer une véritable politique sportive au sien du club. Il faut qu’il y ait une philosophie, une stratégie et une politique sportive à développer dans les clubs surtout en matière de formation des jeunes catégories. Il y va de la survie de notre football.

Interview réalisée par :

S. B