Amertume chez les redresseurs du FLN: Abada appelle Ould Abbes à démissionner

Amertume chez les redresseurs du FLN:  Abada appelle Ould Abbes à démissionner

Figure de proue du mouvement de redressement du FLN, il dénonce haut et fort l’arrivée dans le parti de “parvenus” et de fortunés qui “n’ont ni instruction ni culture et encore moins de parcours militant”.

La réunification des rangs du Front de libération nationale, promise par le nouveau secrétaire général Djamel Ould Abbes à sa désignation à la tête du parti, n’aura été qu’une vue de l’esprit et n’est pas près de se réaliser. Celui qui tire une telle conclusion n’est autre qu’Abdelkrim Abada, une des figures de proue du mouvement de redressement du FLN qui ne décolère pas contre la nouvelle direction pour n’avoir pas tenu une promesse maintes fois ressassée de rassembler les militants du parti. M. Abada, qui ne cache pas son amertume face à la situation désastreuse dans laquelle se trouve le parti, se déclare surtout déçu par la gestion opaque et unilatérale imprimée par M. Ould Abbes, lui qui avait pourtant tellement prôné la réconciliation depuis octobre dernier, date de son intronisation en remplacement du tourbillonnant Saâdani.

Empêtré dans le scandale dans lequel est impliqué son fils, interpellé en possession de grosses sommes d’argent et de listes de candidats aux législatives, Ould Abbes a grillé toutes ses cartes, selon notre interlocuteur qui estime que le premier responsable du FLN aurait dû, tout simplement, démissionner. “C’est un scandale”, lâche-t-il, insinuant que cette affaire n’est, en fin de compte, que la goutte qui a fait déborder le vase.

Cinq mois après son arrivée à la tête du parti, les choses n’ont, en effet, pas du tout changé et la situation de l’ex-parti unique va, visiblement, en empirant, notamment avec l’opération de confection des listes de candidatures pour les législatives où, selon M. Abada, “les militants intègres et compétents ont été, de nouveau, exclus du processus au profit de parvenus”.

Le coordinateur du mouvement de redressement du FLN reconnaît pourtant avoir placé tant d’espoir dans le changement opéré à la tête du parti en octobre dernier avec le discours rassembleur d’Ould Abbes. “Nous l’avons rencontré deux fois et nous avons convenu de resserrer les rangs et de travailler de concert pour rassembler les militants et sauver le parti. Il était également question d’organiser un congrès après les élections législatives afin de redonner aux instances du parti la légitimité qui leur faisait défaut jusque-là”, se rappelle

M. Abada qui se souvient que leur interlocuteur était complètement d’accord avec la démarche.

Une liste de cadres militants de longue date du parti avait été préparée et devait même être transmise à la nouvelle direction pour en intégrer certains dans les commissions mises en place en prévision des différentes échéances politiques qui s’annonçaient.

Mais que s’est-il passé ensuite ? “Il a refusé de prendre la liste et il a complètement coupé le contact et ne répondait même plus au téléphone. De même qu’il ne nous a pas appelés, depuis”, déplore M. Abada qui dénonce l’arrivée dans le parti de ceux qu’il considère comme “des parvenus” puisque, précise-t-il, “ils n’ont aucune attache avec le parti”.

Une démarche contestée

Pire que tout, regrette-t-il, “on fait appel à des analphabètes et à des voyous qu’on récompense avec des places en bonne et due forme sur les listes de candidatures pour les législatives, parce qu’ils ont les poches pleines, aux dépens des véritables militants du parti”.

M. Abada exprime, par ailleurs, son désaccord avec Ould Abbes quant aux critères rassembleurs énumérés par ce dernier à son intronisation à la tête du parti, estimant anti-statutaire d’impliquer le président de la République dans l’opération de réunification des rangs. “Pourquoi évoquer le soutien au président de la République comme paramètre premier pour tout rassemblement ?”, s’interroge-t-il, assurant que “le chef de l’État lui-même n’avait rien à voir avec un tel discours”. Ce qui amène M. Abada à considérer cette démarche comme n’étant pas légale.

Le coordinateur du mouvement de redressement du FLN confirme, dans sa lancée, le règne de l’argent sale et du copinage dans la confection des listes de candidats au nom du parti à travers le territoire national. “Partout, on a privilégié des noms qui n’ont aucun lien avec le parti. Plus grave encore, ce sont des noms qui portent même atteinte à l’image d’un parti tant, en dehors du fait qu’ils sont fortunés, ils n’ont ni culture ni niveau d’instruction et encore moins d’ancienneté dans le militantisme”, s’emporte-t-il, se déclarant peiné pour le parti qui, estime-t-il, “regorge, pourtant de compétences”.

Pour M. Abada, cette situation ne date pas d’aujourd’hui, pointant un doigt accusateur à l’endroit de l’ancien secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem. “C’est lui qui nous a menés dans cette situation et aujourd’hui certains veulent le faire revenir”, tempête-t-il. Et lorsque nous lui demandons comment le parti va s’y prendre pour mener la campagne électorale avec une base militante mécontente des choix faits pour les listes électorales, notre interlocuteur reste dubitatif.

“Comment demander à des militants de faire campagne pour des personnes qu’ils n’ont pas choisies ? Franchement, je ne sais pas”, se contente-t-il de répondre, exprimant des craintes que la situation du parti s’enlise davantage avec la bataille des législatives. “L’histoire retiendra qu’en tout cas on ne s’est pas tu et on a dénoncé ce qu’on devait dénoncer”, conclut-il, comme pour déclarer son impuissance devant le niveau de déliquescence atteint par le parti.